Tesla – Simplicity
Frontiers Records

Sans conteste TESLA s’avère un des groupes américains les plus jouissifs. Outre le fait qu’il prenne pour patronyme le nom d’un génie de l’électricité, pour les fans, son style s’avère directement reconnaissable, particulièrement grâce à la voix puissante et chaleureuse de Jeff Keith. A l’image d’un AEROSMITH, auquel le groupe fait énormément penser, le chanteur s’est entouré de guitaristes qui ont du talent à revendre au bout de chaque doigt : Frank Hannon et Dave Rude. Vous rajoutez à ça un duo rythmique aussi indestructible que le mont Everest Brian Wheat à la basse et Troy Luccketta à la batterie. Vous laissez mijoter entre chaque album et au bout de l’attente, une galette d’enfer vient vous chatouiller les pavillons.

Le groupe ouvre le bal comme il l’a déjà fait auparavant sur Bust A Nut : un démarrage en trombe et puis un ralentissement pour nous asséner un mid-tempo lancinant et musclé. Le tout non sans un certain sens de l’humour, puisque ce titre intitulé MP3 commence par des grésillement de disque vinyle. Le groupe met alors la pression sur l’accélérateur pour un enflammé Ricochet (rien à voir avec le héros de BD heureusement).

Il faut dire que les gaillards s’y connaissent en brin en montée d’adrénaline. Insolemment, sur un judicieusement intitulé Rise And Fall , ils jouent avec les ralentissements/accélérations. Si chez bon nombre de tâcherons, le processus lasse rapidement, chez TESLA comme cela s’accompagne toujours d’une bonne dose d’interventions électriques à chaque fois, le but est atteint.

Si So Divine… commence tout en douceur, la tension monte régulièrement pour atteindre son pinacle lors d’un solo époustouflant qui semble ne jamais s’arrêter. Puis alors que le chant a repris la première place, un autre break lance un second solo aussi explosif que le premier et vient achever le titre.

Le groupe n’hésite jamais à sortir des sentiers battus et nous balance un honkeytonkien Cross My Heart où domine le piano pour une ambiance rétro mais franchement jouissive, le tout agrémenté d’un solo de guitare bluesy en diable. Les gaillards enchaînent avec un poignant Honestly qui démarre comme une ballade triste avant de pousser à fond les curseurs de l’énergie.

Le Flip Side¸le groupe explore bien évidemment plusieurs de ses facettes, les guitares déchaînées, l’énergie sans fin, la voix royale, la rythmique qui cogne sec. Sans être franchement original, ça déménage franchement. Et nous voilà à la moitié de l’album. Le moment choisi pour la vraie ballade de rigueur Other Than Me. Mais aussi une sorte de basculement vers ce qui pourrait faire croire à un virage vers un rock plus accessible.

Bien qu’ensuite, histoire de ne pas nous laisser sur notre faim, le groupe repousse à fond les manettes du gros rouge qui tâche et nous assène un violent crochet du gauche avec Break Of Dawn, on a droit alors une seconde ballade, Burnout To Fade qui bien que plus nerveuse car corsée comme un concentré de café serré, nous semble quand même une redite par rapport à la précédente. Et le Life is A River emprunte la même voie du tempo lent alternant son clair et déferlement électrique. Heureusement un long solo éblouissant vient nous titiller les tympans et annihilent nos craintes de voir le groupe se complaire dans le mou de chez mou.

Le Sympathy qui suit ne déroge pas à la règle du démarrage en douceur pour mieux exploser, tandis que le Time Bomb qui suit fleure bon le DEF LEPPARD efficace. Une explosion qui cède le pas à un titre acoustique Til That Day et une plage bonus (la version démo de Burnout To Fade) qui ne rajoutent rien. Mieux aurait valu conclure avec Time Bomb.

On peut reprocher au groupe de trop régulièrement jouer sur la dichotomie entre passage lent et flambée d’énergie dans la majorité des titres. Mais finalement, au bout du voyage, on est conquis et ces roublards arrivent à nous avoir à chaque titre avec un modus operandi quasi identique d’une plage à l’autre. Parce que mine de rien, s’ils appliquent les mêmes formules à tout bout de champ, ils le font avec talent. Et ça marche pendant 13 plages et près de soixante minutes. Avec deux gratteurs de cette trempe, un chanteur survolté et une rythmique en béton, c’est imparable. Bref, on se fait avoir en long et en large, et on en redemande.

Cependant, SIMPLICITY aurait gagné en punch avec une durée un rien réduite et quelques brûlots plus énervés. Il s’agit donc d’un excellent album, mais on aurait bien aimé avoir un album extraordinaire.

Mr Spok