Snakecharmer – Snakecharmer
Frontiers Records

Et voilà six musiciens britanniques du rock qui déménage qui ont décidé de se réunir pour démontrer, ampli à l’appui (vu la pochette ?) comment le rock fort doit dégager. Se sont agglutinés autour du chanteur Chris Ousey (HEARTLAND), les anciens WITHESNAKE Micky Moody (guitare) et Niel Murray (basse), le batteur Harry James (THUNDER et MAGNUM), le claviériste Adam Wakeman qui a officié chez OZZY. Alors évidemment, le vrai rock qui arrache et ramone les neurones, c’est deux guitares, le second virtuose des six-cordes, s’appelle Laurie Wisefield de WISHBONE ASH.

Bon le souci, c’est que le premier titre My Angel met un peu de temps à démarrer et que le déferlement de riff, de rage rock, d’énergie, c’est au deux tiers qu’on se le prend dans les tympans. D’autant plus regrettable que dès ce instant, l’ensemble nous séduit directement. Heureusement Accident Phone lui ne met pas des plombes à rentrer dans le vif du sujet, il illustre parfaitement bien ce que le groupe entend produire. Un voix chaude et puissante, des riffs carrés, une rythmique efficace.

Le mot « Snake » dans le nom du groupe, (et dans la forme adoptée par le jack sur la pochette), n’est bien évidemment pas innocent, d’abord par le passé de deux des protagonistes, ensuite par le style directement reconnaissable d’une plage telle To The Rescue, mettez la voix de David Coverdale dessus et le tour est joué. Les références sont donc inratables, mais il faut reconnaître que la plage vaut son pesant de rock et on ne peut s’empêcher de frissonner lors du solo de gratte, d’apprécier l’intermède du clavier et de replonger dans le bonheur lors du second solo franchement bluesy.

Guitares à l’honneur sur la ballade Falling Leaves, d’abord en son clair, puis en distorsion. L’énergie reste tout le temps présente, mais sans jamais faire disparaître l’aspect slow du titre. Tant et si bien que l’arpège lancinant finit par imprimer sa marque dans nos neurones. Le solo, clair et pas trop rapide, atteint son but de relance la machine avant le dernier couplet. L’avantage d’une plage pareille, c’est que lorsque le riff qui suit se fait plus rapide, c’est bingo à tous les coups, on accroche également. Et A Little Rock & Roll porte bien son nom, un tempo enlevé, un chouette riff, de judicieuses interventions du clavier. Sans atteindre des sommet, on se laisse emporter par un long solo qui joue l’ambiance bluesy plutôt que la vitesse ou la virtuosité.

Démarrage feutré pour Turn Of The Screw, silence, la voix prend le relais, le riff vient se rajouter à la voix, puis l’énergie fait son apparition, on rentre dans le vif du titre. Rythmique carrée, chant efficace. Le titre explose lors d’un solo parfaitement amené et nettement vindicatif, dommage qu’il soit si court. Le groupe dégaine alors son Smoking Gun sur un tempo résolument lent, avec un riff particulièrement sec mâtiné d’une nappe de claviers. Malheureusement ça fait un peu trop commercial mou pour un titre pareil, et plus particulièrement lors du refrain, et on a l’impression d’être en présence d’un pétard mouillé. Alors oui, le solo est sympathique, mais les promesses du titre ne sont pas tenues, on a un peu l’impression de s’être fait avoir sur la marchandise.

Le groupe poursuit dans la même voie avec un Stand Up qui tient nettement mieux la route, un riff sympa et accrocheur, des modulations de l’énergie pour mieux repartir, une montée en crescendo pour lancer le solo. Rien que des procédés classiques mais cette fois-ci, on accroche. Et le titre de s’éterniser sur la guitare. Du bonheur. Et cette joyeuse expérience se poursuit sur Guilty As Charged qui maintient l’intérêt du rockeur de base, par une ambiance prenante et un solo clair pas trop rapide mais qui s’étire pour notre plus grand plaisir. Même constat pour Nothing To Loose le groupe voyage donc en eaux connues, mais avec un talent certain et à nouveau la guitare s’exprime élégamment lors de son solo qui semble en jamais s’arrêter. Les ardeurs ne se calment guère pour un sympathique Cover Me In You qui déménage allègrement.

Allez le bonus s’appelle White Boy Blues qui rallonge l’album de cinq minutes mais qui ne rajoute pas grand-chose à ce qu’on savait déjà, ce qui ne veut pas dire qu’on se sent floué, tout y est encore une foi, cette voix chaleureuse, la complicité des guitaristes, la solidité de la rythmique et la finesse des claviers. Clairement, pendant tout l’album, le groupe se complaît et nous plaît à rester cantonné dans les années ’70. Cependant, dans ce registre, c’est du tout bon, et la voix du chanteur fait plus que des merveilles.

Mr Spok