Ohrenfeindt – Auf Die Fresse Ist Umsonst
AFM Records

Imaginez un AC/DC qui chanterait en allemand. Et bien ça vous donnerait une idée assez proche de ce que nous offre ce groupe teuton. Dès les premiers riffs de la plage titulaire qui ouvre l’album, le doute n’est plus permis, il y a bien des clones d’Angus aux quatre coins de la planète et on en trouve outre-Rhin. Formé en 1994, le trio nous balance ici son sixième album. Au chant et à la basse, l’inimitable Chris Laut genre de clone-mélange de Lemmy et Brian Johnson, Thorsten Mewes à la guitare et Hein Altenbroxter à la batterie.

Alors on pourrait croire que passé le moment de la première surprise, on se lasse vite de cet effet, néanmoins, le groupe excelle tout comme son modèle, à trouver le riff qui accroche, la rythmique basique qui entraîne les cheveux, et la voix qui suinte une énergie bien rugueuse. Car ils ont tout assimilé, et le prouvent sur Alles Oder Nichts, même le break qui assomme par son côté calme avant de relancer la machine.

Restant obstinément plongé dans les années ’70, c’est un Jezt Oder Nie qui prend la relève, avec une guitare lancinante mais captivante. Jouant le contraste couplet calme et accélération pour le refrain, la bande affiche son aise insolente à illustrer toutes les ficelles. Et voilà qu’ils virent au blues pour un Rock’n’Roll Sexgöttin qui alterne chant seul et fureur des instruments qui se déchaînent, difficile de résister à un tel savoir-faire.

Retour vers le meilleur de la bande à Angus avec un Königin Der Nacht qui bénéficie d’un riff tranchant comme le rasoir d’un psychopathe sorti d’un film de Brian de Palma. Sous un rythmique hyper basique, le mid-tempo nous attrape par les cheveux pour ne jamais nous lâcher. Après la reine, la Prinzessin nous propose une ballade instrumentale avec guitare rythmique acoustique et soli électrifié.

Le groupe persiste et signe pour un Egal qu’on pourrait presque qualifier d’identique à l’original, tant il respire le hard rock carré d’AC/DC. Et puis, hop, à nouveau un petit blues de derrière le manche, Prokrastinations Blues, qui fleure le bar de zone, l’ambiance enfumée et le whiskey frelaté. Que du bon quoi ! D’autant plus qu’on a droit à un solo d’harmonica histoire de renforcer la couleur locale d’autre part qu’en Allemagne.

Tentative de ballade, Durch Die Nacht ne fonctionne pas trop, faut dire que le gaillard n’a pas vraiment le timbre de voix qui correspond au genre d’exercice, c’est d’autant plus regrettable que musicalement, le titre tient la route dans le genre. On devine quand même le trio plus à l’aise dans le bien nommé Rock’n’Roll Show qui affiche clairement ses intentions. A aucun moment, il n’y a tromperie sur la marchandise, ça riffe, ça cogne, ça déménage. Que demander de plus ? Après un tel brûlot, le groupe nous balance une grosse surprise avec le plutôt funky et sympathique Ruf Mich Nicht Mehr an qui peine cependant à convaincre. Ceci n’est pas vraiment le type de plage à enchaîner après du rock’n’roll furieux et nerveux. Sans nier les qualités de la plage, la guitare tout en douceur mais franchement sympathique, ça coince solidement.

Le groupe aurait gagné à faire précéder ce funky par le délirantissime Storm, plage un rien déjantée qui nous offre des bands étirés aux maximum. Avec son rythme lent et carré, la transition aurait été moins brute et certainement plus digestive. Et le groupe termine avec un autre petit blues, Heim qui n’apporte rien de plus que les deux précédent. Eu égard à la durée générale de l’album et du titre en lui-même, ils auraient pu s’abstenir sur ce coup-là.

Sans rien inventer, force est de reconnaître que l’expérience du groupe transpire royalement au travers de cet album. Et la guitare s’avère royale d’un riff l’autre. Outre le côté comique qu’il y a a écouter un clone d’AC/DC en Allemand (du moins pour des non germanophone), les plages font plus que tenir la route. L’album est presque convainquant du début à la fin et eu égard à la qualité, on peut leur concéder quelques légères baisses de tension. Efficacité garantie.

Mr Spok