Sunstorm - Emotional Fire
Frontiers Records

Entamer une chronique sur Sunstorm implique fort logiquement de s’intéresser aux protagonistes qui se cachent derrière ce nom somme toute assez conventionnel.

En effet, ce nom de groupe ferait un peu penser à Thunderstone ou Dragonforce.

Il n’est d’ailleurs pas besoin de « googeliser » quoi que ce soit pour se rendre compte aux premières notes de Never Give Up que le chanteur n’est autre que Joe Lynn Turner (Malmsteen, Nostradamus et autres). Joe Lynn Turner, Joe Lynn Turner…. bon sang : «  The Ultimate Romantic Rock Singer » ! Et oui chers lecteurs, ce chanteur américain (en plus de constituer un label de qualité quand même) est classé au deuxième rang mondial des rockeurs sensibles (derrière Jon Bon Jovi bien sûr). Mais fort heureusement on constate également que Dennis Ward mixe, produit et « bassise » l’album. Ouf un peu d’énergie garantie donc ! Rappelons en effet que Malmsteen lui-même reprochait à Joe Lynn Turner d’écrire que des chansons d’amour. Toutefois le virtuose suédois s’empressait à chaque fois de préciser que le talentueux chanteur américain faisait du très bon boulot comme peut en témoigner le magnifique album de Yngwie : Heaven Tonight.

Emotional Fire confirme le style Bon Jovien de JLT. On ne peut s’empêcher de penser à Living On a Prayer. Et alors on se dit déjà que tout ça est tout de même un peu lisse ! A l’écoute de ce morceau, ce n’est pas une sensation du style « j’escalade l’Aconcagua » qui nous envahit ! Sur Lay Down Your Arms la voix de JLT est plus posée. La sérénité est le mot d’ordre ici. Ce n’est donc pas une de ces dégoulinades (ma foi souvent réussies) auxquelles il est familier. Morceau hybride en fait. Mais vous me direz : pourquoi diable utiliser une terminologie aussi complexe pour une musique aussi immédiate ? Et bien parce que le petit côté sombre nous rassure quelque part sur un album qui s’annonce (un peu) plus nuancé que prévu.

Tout ça est bien beau mais on est tout de même en droit d’attendre un peu de pêche. C’est quand même du Hard Rock ! Non ? Et à ce sujet You Wouldn’t Know Love nous rassure. Plus encore : on constate en fait que JLT n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il s’inscrit dans un rock plus dur ! Wish you were here nous propose une voix plus claire et pleine de la part du « love rocker » et sur Torn in Half le ton se durcit pour ce qui est certainement le morceau le plus ténébreux de cette galette. Mais quelle est l’influence de Dennis Ward sur cette formation ? Serait-il possible de l’évaluer ou tout le moins d’en repérer les indices. Pour ceux que ces questions taraudent, Gina constitue un élément de réponse indéniable. On croit retrouver par moments les guitares acérées de Pink Cream 69.

Alors bien sûr, il existe cette catégorie d’albums un peu hétéroclites dont on s’efforce de trouver le fil rouge, la cohérence. Ici nous sommes dans le cas de figure inverse. Soyons francs : les morceaux se ressemblent tous un peu quand même. L’écoute est fort agréable. Mais Joe Lynn Turner fait du Joe Lynn Turner et ne sort pas trop de sa zone de confort.

The Higher You Rise n’apporte pas grand-chose et Emily se veut (et est) efficace. Follow Your Heart présente un visage à nouveau plus  «  testostéroné » et vient confirmer un JLT plus intéressant dans ce genre de compositions. L’Opus se clôt avec All I Am qui pourrait figurer sans dénoter dans la BO de Dirty Dancing.

L’album est extrêmement bien ficelé. La qualité du chanteur, des musiciens, de la production, des compositions répondent présents. Mais…. Comment dire ? C’est carré de chez carré. Sans doute calibré pour les radios américaines qui pourront piocher n’importe quel titre sans risquer de ne pas contenter les auditeurs. Bref, on n’invente ici pas la roue (loin s’en faut). Et n’ayez pas peur d’enclencher le mode lecture « Random ». Vous ne verrez pas trop la différence !

Agréable, luxueux, mais tellement lisse ! Pour les amateurs du genre ! Les autres prendront du plaisir certes mais resteront un peu sur leur faim !

Ignacio