Jeff Scott Soto - Damage Control
Frontiers Records

Le chanteur américain s’est fait connaître en assurant le micro pour MALMSTEEN, JOURNEY et AXEL RUDI PELL. Donc évidemment comme carte de visite, ça donne le LA et on sait qu’on va faire un voyage sympathique agrémenté de quelques poussées de fièvres bien sympathiques. Et effectivement, le Give A Little More qui ouvre les hostilités nous prend par les sentiments, riff sympathique, voix chaleureuse, solo entraînant, refrain commercial.

La plage titulaire nous offre un riff encore plus sec et nerveux. Mais fait retomber la fièvre dès que le chant rentre dans la mêlée. Dommage d’avoir ainsi fait baisser la tension, en regard à l’efficacité du riff, il aurait mieux fait de conserver l’énergie présente d’un bout à l’autre. Car les moments costauds arrachent un max. Sans se départir d’une optique tous publics, le chanteur enchaine avec un très épicé Look Inside Your Heart. Il faut reconnaître au gaillard une capacité certaine à démarrer avec un riff accrocheur, mais peine à concrétiser les bonnes impressions de début de plage. Ainsi, le ton incisif de Die A Little qui débouche malheureusement sur du trop conventionnel.

Dans le genre uppercut vicieux, Take You Down ne fait pas de quartier, la guitare se jette dans la mêlée façon virtuose à la MALMSTEEN / SATRIANI. Là, le côté musclé ne cède jamais la place à un ralentissement qui casserait l’effort. Certainement, on atteint ici le sublime tellement la six-cordes est déchaînée et ne semble ne jamais vouloir s’arrêter. Une grosse claque et sans nul doute la meilleure plage de cet album.

Alors effectivement ce qui suit semble assez mou, d’autant plus qu’il s’agit d’un ballade bien sympathique, mais cet effet, paradoxalement, fonctionne bien. Faisant retomber la tension, If I Never Let Her Go permet de plonger dans un univers plus apaisé et évite le piège du morceau qui tenterait vainement de suivre les traces son prédécesseur. Sans compter un solo bien sympathique qui vient épicer la plage. Les choses se corsent à nouveau avec un très conventionnel et carré Tears That I Cry bien calibré AOR mais cependant efficace et séduisant dans le genre. Poursuivant la descente énergétique, on plonge en pleine introduction acoustique pour Bona Fide mais l’électricité revient rapidement au premier plan sans toutefois emmener directement l’énergie dans ses bagages. Mais la suite nous donne une poussée de fièvre enchanteresse pour un solo épicé et un final bien plus consistant que les timides débuts de la plage. L’artiste sait moduler ses effets et ça marche, plutôt que de nous endormir la plage, démarre en douce pour mieux nous surprendre, classique mais efficace.

Le Elena qui suit utilise aussi des recettes classiques mais ne bénéficie d’aucune poussée de fièvre, si bien que, hormis un solo bien agréable, la plage séduit moins car reposant dans les eaux plates de l’AOR conventionnel, débordant de guimauve avec plein de « wo o o ». Pour se faire pardonner de ce faux pas, un riff acéré, une rythmique rageuse, un chant énervé, et voilà qu’on prend un Krazy World dans les oreilles et qu’à nouveau, on marche à fond tellement c’est bon. Mais on retrouve les travers de la plage précédente avec un How To Love Again vraiment trop calibré radio commerciale.

Retour au jus vitaminé After World remet les pendules à l’heure Metal et c’est pas du rouillé, mais du carré de chez carré. Mais on replonge dans une ballade peu emballante Never Ending War où à nouveau seul le solo tient la rampe. Et pour terminer sur une bonne note, on prend un costaud Afraid To Die dans les gencives.

De manière presque systématique, outre la voix chaleureuse du gaillard, les soli s’avèrent de facture plus qu’honnête, et souvent, dans les plages les plus mièvres, c’est la seule chose à sauver. Clairement orienté AOR, JEFF SCOTT SOTO se démarque cependant de nombreuses productions du même genre par la facilité insolente avec laquelle il aligne des démarrage au carré avec des riffs coups de poignards. On ne se lèvera pas SOTO pour acquérir cet album en demi-teinte qu’il conviendra d’épurer de tous ces titres trop mous pour vraiment en savourer les plages les plus réjouissantes.

Mr Spok