Vanishing Point - Distant Is The Sun
AFM Records

Ce très chouette groupe australien nous a fait l’honneur de jouer en nos plates contrées, il y a plus de dix ans, lors de la tournée pour son deuxième album TANGLED IN DREAMS (2000) nous offrant l’avantage de le voir à la fois à Bruxelles et au Biebob, le tout en moins d’un mois. Vous rajoutez à ça deux interview sympathiques, dont une dans le tour bus. Des musiciens qui prennent un congé sans solde pour venir jouer en Europe. Et c’est vous dire si le groupe bénéficie d’un capital sympathie important à nos yeux. Alors évidemment, de l’eau a coulé sous les ponts et le line-up a été copieusement modifié, de la joyeuse bande rencontrée alors, ne restent que le chanteur Silvio Massaro et le guitariste Chris Porcianko.

D’emblée le groupe maintient le cap du navire, il nous balance Beyond Redemption une introduction puissante et assez courte avant de plonger à fond dans leur Metal Symphonique teinté de prog avec King Of Empty Promises. Quand on possède un chanteur de la trempe de Silvio, il est clair qu’on le laisse s’exprimer. L’équilibre entre les instruments et la voix s’avère toujours aussi efficace car établi avec la minutie d’une chirurgie du cerveau au laser. Les passages plus prog modifient l’ambiance au sien de la plage, mais ne perdent pas pour autant le cap de l’énergie.

La bande démarre en douceur un Distant Is The Sun qui plutôt que de rester englué dans l’univers ballade, passe au mid-tempo, puis accélère encore après le premier couplet, mélangeant riff et orchestration. Avec une facilité hallucinante, le groupe multiplie les univers dans des titres très courts et la plage titulaire est en un exemple retentissant.

Histoire de ne pas nous lasser, le groupe nous balance un When Truth Lies nettement plus nerveux, plus direct, avec effectivement un peu moins de fioritures, mais beaucoup plus de hargne et on ne s’en plaindra pas. Les nouveaux acolytes se démènent avec bonheur. La section rythmique, Simon West à la basse et Christian Nativo aux fûts, fait des étincelles sans assommer l’auditeur ni bouffer l’espace sonore. Tandis que la seconde guitare de James Maier ne se contente pas de la simple figuration et complète celle de son complice.

Battant le Metal tant qu’il est chant, les australiens enchaînent avec un tout aussi endiablé Circle Of Fire où les grattes se déchaînent superbement. A chaque tire, ils nous font le même coup du démarrage tempéré pour mieux s’élancer. Ils nous jouent le coup du pseudo AOR avec Let The River Run, mais fondamentalement, le côté symphonique prend le dessus, avec un rythmique bétonnée pour soutenir une mélodie au clavier. Puis tous les instruments se font hyper discrets pour laisser la chant s’imposer lors du couplet avant que toute la bande ne reviennent dans la danse. Ce titre tempéré fait évidemment baisser la tension, mais l’ambiance étirée, c’est la plus longue plage de l’album, ne manque pas de nous séduire.

Pour la suite, c’est du VANISHING POINT de haute volée. Malgré des couplets de genre mid-tempo puissant et relevé, Denied Deliverance pousse cependant sur l’accélérateur à chaque refrain, les guitares et mélodies de clavier s’envole, agrémenté d’une rythmique très Prog, le titre fait mouche a chaque coup. Enfin une vraie ballade avec Story Of Misery, mais une batterie puissante et une guitare sous distorsion viennent colorer la douce mélodie. Si bien qu’on a effectivement un titre lent, mais particulièrement énergique du début à la fin.

Rentrée directe dans le vif du sujet pour Era Zero qui distille une ambiance un rien mélancolique, sans jamais négliger l’énergie. Energie et vitesse qu’on retrouve sur la plage qui suit Pillars Of Sand. Les Australiens ne baissent pas les bras et nous balancent un As December Fades au riff carré, aux gammes magiques, à la voir royale.

Même quand on a l’impression qu’ils vont faire le coup de la concession de la romance sirupeuse et commerciale Handful Of Hope, ils ne peuvent s’empêcher, les braves gaillards, de faire monter la sauce à grand renfort de riffs, de rythmique puissante. Et pour bien insister sur le fait qu’ils ne nagent pas dans la guimauve, ils nous balancent un autre uppercut Walls Of Silence.

Le groupe termine son périple par un voyage acoustique April sans chant. La guitare possède un léger accent flamenco. Une façon subtile de terminer sur une note calme. Quand enfin le silence s’impose, on est content d’avoir fait tout le voyage.

Les changements de personnel n’ont pas affecté la personnalité du groupe. Chant exceptionnel, guitares royales, rythmique efficace et subtile, compositions fouillées mais pas chiantes. Rien n’arrête les gaillards et leur album respire la santé. Pas un titre à jeter sur les 14 plages. Ce qui est rarement le cas pour des albums de cette durée. Chaque chanson confirme tout le bien qu’on pensait d’eux au début. Plus de soixante minutes de bonheur intense. Si vous connaissez le groupe, courrez acheter cette galette royale. Si vous ne connaissez pas encore hâtez-vous, il n’est pas trop tard.

Mr Spok