Primal Fear – Delivering The Black
Frontiers Records

Ha, il était temps, sérieusement, ça faisait un petit temps que tout ce beau monde s’amusait à faire autre chose que du PRIMAL FEAR, un album solo pour le chanteur, retour dans son ancien groupe pour le guitariste, ressortie des premiers albums de SINNER pour le bassiste. Bref, l’ordre dispersé était de rigueur et même si toutes ces galettes étaient bien sympathiques, force est de reconnaître que le Panzer PRIMAL FEAR nous manquait quand même un peu.

Dès le premier riff, on retrouve cette hargne sans frein, les guitares hurlantes, la rythmique pesante et cette voix puissante au timbre immédiatement identifié. Difficile de rester sur place tant les jambes et les cheveux accompagnent le martellement rageur de King For A Day. On rentre d’autant mieux dans la bombe que le groupe a pris soin d’éviter tout ce qui rassemble à une introduction. On devine le soin apporté au travail de composition. Les soli s’éternisent comme s’ils ne devaient jamais s’arrêter tant et si bien qu’on ne sait plus où donner de l’oreille. Une grosse claque, une façon magistrale de commencer un album. Dans le langage professoral, on appelle cela une leçon.

Une introduction, mais symbolique pour lancer un tout aussi rageur Rebel Faction. La rythmique prend même une orientation Black avec une double pédale. A nouveau, les guitares riffent sans répit et à nouveau, on devine le talent des compositeurs pour nous balancer du riff accrocheur à tour de bras. Le groupe excelle dans toutes les facettes de l’exercice : break, légère temporisation avant les soli. Des soli particulièrement clairs qui en jettent sans en faire trop.

La bande embraie alors sur une introduction acoustique qui laisse rapidement la place à un autre riff efficace et mémorisable pour ensuite lancer When Death Comes Knocking sur la voie du mid-tempo à tendance un rien rapide, bien lourd et saignant avec moult chœurs. L’espace sonore est rempli par la voix puissante de l’ami Ralf, les riffs tranchants d’ Alex Beyrodt et Magnus Karlsson et la rythmique d’enfer de Matt Sinner et Randy Black. On a même droit à un break un rien orientalisant avant que les deux gratteurs ne soient à nouveau à l’honneur. Le groupe prouve de main de maître qu’il est aussi à l’aise dans les plages longues que dans les directs du droit.

Ceci étant dit, le groupe ne baisse pas sa garde et nous déballe un autre crochet percutant avec Alive & On Fire qui utilise à merveille les bonnes vieilles recettes, et on ne peut s’empêcher de penser à JUDAS PRIEST tant la filiation s’avère évidente. Mais attention, il ne s’agit jamais d’un plagiat puant, le titre tient la route. Et le break avant soli s’avère même tempéré. Faut-il préciser qu’encore une fois les six-cordes se déchaînent tellement qu’on a l’impression qu’il y en a bien plus.

La plage titulaire tient donc de la super nova, riff rageur et tranchant, rythmique d’enfer, voix magistrale. Probablement le titre le plus directement estampillé PRIMAL FEAR. Hyper carré dans sa construction, ce classicisme pose d’emblée Delivering The Black comme un futur indispensable des prestations du groupe. Plus tempéré, Back To Asylum ne signifie cependant pas une remise au placard des bonnes habitudes, ça cogne sérieusement sur les fûts, les guitares donnent le meilleur d’elles-mêmes et le chanteur est en forme. Un titre fort conventionnel et qui diffuse une impression d’interlude assez plat après le brûlot qu’est Delivering The Black.

Longue plate de plus de neuf minutes, One Night In December nous offre une introduction très musique de film avant de faire débouler une intervention rageuses des guitares. Le tempo se ralenti pour laisser une nappe de clavier distiller l’ambiance lancinante de la plage. Et on rentre finalement dans le vif du sujet. Vif parce que le groupe évite de plonger dans le lent mou. Que nenni, si on tire sur la durée, dans l’armée PRIMAL FEAR, ce n’est pas pour faire de la guimauve. Retour au tempo modéré de l’ambiance calme aux nappes de clavier et nouveau démarrage de la fureur guitaristique. Le contraste entre passages calmes et passages plus énervés s’avère parfaitement équilibré. Un long break ou guitare et piano se partagent l’espace sonore. Puis ce sont les nappes de claviers qui épicent un riff rageur avant de lancer le moment « solo ». Dans cet exercice, le groupe se révèle au mieux de sa forme et surprend agréablement.

Le court mais tranchant Never Pray For Justice qui suit profite grandement du changement d’ambiance et de format. Mais il bénéficie aussi d’un refrain efficace, vindicatif et appelant à la participation. De leur côté, les guitaristes ont refusé de déposé les armes, les soli explosent tant ils sont en forme.

Le groupe nous offre une ballade sympathique qui change par rapport à ce qui présent. Born With A Broken Heart ralentit surtout le tempo, mais ne fait jamais défaut en terme d’énergie, les guitares poussent les distorsions à fond lors des refrains, optant pour une présence discrète pour les couplets et nous offrent même un solo assez mélancolique mais de bonne facture. Pour ne pas nous laisser sur cette impression de ralentissement et d’énergie modérée, la bande termine son album par un Inseminoid qui permet au groupe de se lâcher une dernière fois dans les superlatifs énergétiques, ça charcle dans tous les sens.

Soyons clair, le groupe ne change pas son missile d’épaule (ça fait longtemps qu’ils ont abandonné le fusil), au rayon originalité, on ne peut pas dire qu’ils ont effectué une remise en cause. D’ailleurs, ce n’est ce que les fans leur demandent. Mais dans leur registre, c’est un album imparable et même presque indispensable tant il se déguste d’une traite et regorge des titres fabuleux. Le groupe s’était fait attendre, et il récompense aujourd’hui tous ceux qui ont continué à croire en lui. Une bombe cet album.

Mr Spok


8,5/10