Marcus Jidell – Pictures From A Time Traveller
Lion Music

Histoire de varier ses plaisirs, le gratteur d’EVERGREY nous balance sa première galette en solitaire. Ce qui finalement s’avère une conclusion logique de son parcourt musical, lui qui a commencé le violoncelle à huit ans et a découvert la guitare électrique avec DEEP PURPLE, LED ZEPPELIN et YNGWIE MALMSTEEN.

L’ouverture très classique d’Arctica plus la bifurcation vers le jazz avant de lancer la machine nous prouve bien que l’artiste tient ici à s’exprimer sans aucune limite de genre. Basse et batterie se chargent d’une rythmique rapide, les claviers de l’ambiance et la guitare électrique du plat de résistance. Privilégiant l’efficacité de la mélodie à la déferlante exhibitionniste nombriliste de certains, le soliste laisse les notes respirer, ralenti le tempo le temps d’un break jazzy avant de remettre la gomme en douceur.

Changement radical d’ambiance avec Huldra (Ruler of The Forest). Au vestiaire le rayon jazzy, bienvenue au rock carré. A nouveau cette volonté de laisser la mélodie s’exprimer clairement sans en faire trop. Un break au piano avant de laisser la guitare reprendre l’avant plan. L’influence de ses études classiques se fait largement entendre sur Tesla World System et l’orgue qui vient se rajouter fait énormément penser au défunt Jon Lord (qui était aussi une sommité en matière de classique) avant de céder la place à la guitare royale accompagnée par une batterie tout en finesse qui permet à la mélodie de mieux ressortir.

Le Rei Zan qui suit laisse bien la gratte au premier plan par un solo fascinant et interminable sur une rythmique en bêton armé, court et efficace. Suit alors le El-Amarna Ruins of Akhetaton, qui nous inspire la fameuse question existentielle « ha que n’a-t’on plus souvent des instrumentaux de cette trempe ? ». Alors avec un tel titre, le passage orientalisé s’avère bien évidement de rigueur, mais ce n’est jamais trop appuyé et le morceau malgré sa durée, ne faiblit à aucun instant.

Un final en double crochet direct du droit dans les gencives, le très court et fichtrement efficace Space Dog qui prend la tangente virtuose mais sans excès. Le Wedding Song referme calmement l’album sur une gentille mélodie envoutante.

Dans un registre où l’on se bouscule au portillon et où les excès chiants deviennent la règle, la modération de Marcus Jidell représente une véritable bouffée d’air frais. Que ce soit au niveau musical proprement dit, le guitariste laisse toujours respirer sa musique et ses notes disposent du temps pour sonner. Privilégiant la mélodie à la dextérité représentative, il arrive à nous captiver sur chaque plage. Ou au niveau de la durée, il évite de remplir le CD jusqu’à la dernière seconde disponible sur le support, et là où souvent l’indigestion est de mise, avec sept plages et moins de trente-cinq minutes, il nous sert un album digne de ce nom et de votre intérêt.

Vous aimez le guitariste, cet album est pour vous, vous aimez les virtuoses qui n’en font pas trop, cet album est pour vous, vous aimez le Metal raffiné, encore une fois cette galette vous ravira.

Mr Spock


8,5/10