Timo Tolkki's Avalon - The Land Of The New Hope
Frontiers Records

Avec une régularité singulière le talentueux, mais quelque peu difficile à vivre, guitariste nous livre régulièrement de nouvelles œuvres. Et cette fois-ci, c’est un concept album basé sur une planète détruite par les tremblements de terre. Pour ce faire le six-cordistes, qui se charge aussi de la basse, hein tant qu’à faire, s’est entouré de pointures, on retrouve ainsi au chant, excusez du peu, Michael Kiske (qu’on ne présente plus), Elize Ryd (du groupeAMARANTHE), Rob Rock ( d’IMPELLITTERI), Russell Allen (de SYMPHONY X), Sharon Den Adel (oui, oui de WITHIN TEMPTATION) et Tony Kakko (re-oui, de SONATA ARCTICA). Sans oublier les claviers Jens Johansson (ex-comparse toujours chez STRATOVARIUS), Derek Sherinian (de BLACK COUNTRY COMMUNION), et Mikko Härkin (de SONATA ARCTICA lui aussi) et la batterie Alex Holzwarth (RHAPSODY of FIRE). Bref, l’étalage de tels talents, c’est presque un Who’s Who du Metal symphonique. C’est vous dire si la barre a été placée haut.

De prime abord, si on navigue dans un univers sonore familier avec Avalon, on ne plonge pas directement dans les riffs auxquels le gratteur nous avait habitué. Bref, il sort des sentiers qu’il a lui-même battus pendant si longtemps. Ce qui ne veut pas dire qu’il nous la joue gothique, trash ou néo. Non, c’est du symphonique avec nappes de clavier royales et une guitare finalement présente mais relativement discrète. Même le solo évite de jouer la carte de la virtuosité, après tout le gaillard n’a rien à prouver.

On passe à la vitesse supérieure avec Anthem, plus rapide, plus nerveux, le timbre de voix choisi se veut aussi plus nerveux. La vitesse d’exécution générale fait penser au speed symphonique, mais à nouveau, la guitare s’avère d’une grande efficacité mais sans jamais faire référence au passé du gratteur. Le A World Without U laisse la part belle aux sonorités électroniques pour faire ressortir à la fois un riff carré et les voix féminines à l’honneur sur cette plage. Le titre bascule lorsque la six-cordes devient prépondérante le temps d’un solo relativement court et qu’on espérait un peu plus rapide et nerveux.

La tension diminue franchement avec l’introduction d’Enshrined In My Memory, mais c’est pour mieux rebondir sur un riff nerveux et sec lorsqu’on bascule dans l’énergie. On retrouve ainsi cette façon habituelle de démarrer en douceur et puis de passer à la sauce épicée brute. Sous ses allures de gentille ballade In The Name Of The Rose nous prend en traitre lorsque la voix féminine cède la place au chant masculin, souligné par un riff incisif. La guitare se déchaîne enfin dans un solo impressionnant avant que le titre ne ralentisse pour récupérer la douce voix de la chanteuse le temps d’un court break avant une dernière partie bien carrée et un final en douceur.

On retrouve finalement les marques stratovariennes de façon assez flagrante avec We Will Find A Way. Impossible de faire l’impasse sur une telle marque de fabrique. Et mis à part le timbre de voix féminin sur Shine, la construction s’avère aussi classique, démarrage en douche puis guitares qui se déchaînent sur un riff agressif. Pas franchement innovante, la plage bénéficie cependant d’une énergie débordante et d’un fabuleux contraste entre la hargne de la musique et la voix de la chanteuse.

Au niveau des introductions, tous les morceaux optent pour cette montée en puissance après la quasi absence d’instruments durs. Et Magic Of The Night ne fait pas exception à cette règle. Tant et si bien que finalement le processus s’avère quand même trop répétitif. Ce qui s’avère regrettable eu égard à l’énergie déployée ici, une rythmique en bêton armé de riff en pur Metal Hurlant, un solo touché par la grâce et qui s’étire assez longtemps cette fois-ci. Comme s’il avait compris qu’il risquait de lasser quelque peu, le To The Edge Of The Earth démarre en trombe sans passer par la case « faux départ mou », et là eu égard au timbre de voix, on ne peut s’empêcher de retrouver un clone du ANGRA des origines (celui avec Andre Matos). Même énergie, même type de mélodie et voix fort proche, c’est vous dire si c’est bon.

C’est l’heure de la ballade syndicalement prévue avecI’ll Sing You Home. Et on peut dire que le contrat est rempli, mais sans plus. Puis débarque la pièce maîtresse de l’album The Land Of New Hope. Alors si on apprécie les plages plus symphoniques que Metal, pas de problème, si on recherche un souffle époque qui déménage grave, là, on risque d’être déçu car finalement on attend qu’il se passe quelque chose de grandiose, mais la plage phare de cet album ne diffuse guère de lumière.

Bref, le guitariste n’en finit pas de chercher à se réinventer, en soi cette démarche artistique est louable, mais le recours systématique à une certaine formule dans les compositions, le demi-échec de la plage titulaire (pour rester gentil), fait que finalement, on s’ennuie et que comparativement, on prend plus son pied à l’écoute de ses anciens comparses. Un bon album certes, rempli de chouettes titres, mais rien de plus, or eu égard au gaillard qui signe, on s’attendait quand même à plus de frissons.

Mr Spok


7/10