Million Dollar Reload – A Sinner’s Saint
Frontiers Records

Deuxième album survolté pour les Irlandais de Belfast qui ont misé à coup de Millions de dollars sur le Rock’n’Roll, les riffs énergiques, les rythmiques meurtrières et une voix mélodique, chaleureuse mais cependant survoltée. Pas question de réinventer le riff qui tue, ici, il s’agit d’illustrer les bonnes recettes de Tonton Angus, de sortir le gros rouge qui tache et d’assaisonner la tequila avec du wasabi. Un tiers d’AC/DC, un tiers d’AEROSMITH, une pincée de STATUS QUO (pour le côté swing et boggie), un tiers des GUNS’N’ROSES, un tiers de POISON, une dosette de DEF LEPPARD pour torréfier le tout. Avec tous ces tiers, vous comprendrez que le groupe ne fait pas de quartiers. Mais aussi et surtout qu’il mange de bon appétit à tous les râteliers.

Dès le premier riff de Fight The System, les doutes s’estompent. La copie s’avère de qualité. Bien évidemment, cela ne pourra jamais passer pour un original aux yeux d’un expert, mais si on laisse faire la musique, on se laisse prendre. Et ça roule. Bref, emmené par la voix de Phil Conlon, les musiciens se laissent aller sans trop établir d’interrogations métaphysiques sur leur dure condition de clones. Faut que ça rocke et que ça rolle dans tous les coins. Et quand on intitule des chansons de Bullet In The Sky ou Blow Me Away on se doute bien que les gratteurs de service Andy Mackle et Brian Mallon vont pas se la jouer maison de retraite pour doigts fatigués. Les riffs sont secs et acérés, d’ailleurs par moment, on se demande pourquoi on n’entend pas Brian Johnson ou Steven Tyler à côtés des grattes endiablées, c’est dire la qualité des copistes.

Pas de crainte à avoir sur une quelconque bifurcation vers des contrées progressives anesthésiantes. Les plages s’avèrent courtes et filent à toute vitesse vers l’essentiel Shout It Out ou Can’t Tie Me Down (c’est pas assez clair, ça ??) sans se perdre dans des digressions futiles, bien que l’introduction de I Am The Rapture plane quelque peu. Les douze cordes évoquées plus haut étant royalement épaulées par une paire rythmique parfaitement efficace Kie McMurray à la basse et Sean McKernan à la batterie tant et si bien que les jambes se défoulent toutes seules et que les cheveux rentrent également dans la sarabande. Bref, le groupe se propose presque comme un jeu du « fait à la façon de », même si parfois c’est non seulement trop flagrant, mais aussi un rien faiblard comme le très moyen Wicked.

Le pied reste fond au plancher pour le reste à notre plus grande satisfaction. Allez, ils nous livrent quand même une ballade Broken, sympathique, mais tellement chiante car entendue des milliers de fois avant, ils se seraient abstenu, on ne s’en serait pas plus mal porté. Bref, désespérément conventionnel mais franchement efficace. Dans le genre, c’est tellement bien foutu et entraînant qu’on pardonne tout. Donc malgré un patronyme pas du plus facile à crier en concert, on s’imagine bien le headbanging infernal qui prendra possession de la foule au détour des premiers riffs. Et ces gaillards ne manquent pas d’humour puisque l’album se termine par un It Ain’t Over, histoire de dire, on sera bientôt de retour.

Mr Spok