Huntress - Spell Eater
Napalm Records

Fondé en 2009 par la chanteuse Jill Janus, qui peut chanter quatre octave rien que ça, le groupe HUNTRESS nous balance son premier album en 2012. De prime abord, on se dit, encore un groupe avec chanteuse. On se dit que le terrain est bien balisé, soit heavy symphonique avec chant genre opéra classique, soit gothique lent et démoralisant. Et bien non, l’approche du groupe se veut assez originale.

Dès les premières notes de la plage titulaires, musicalement on est en plein Black Metal, et puis résonne la voix de la maîtresse de cérémonie. Spell Eater nous offre ainsi directement le large éventail que la gente dame peut atteindre. Et cette voix tour à tour virulente et éructée, puis plus tempérée, mais jamais molle, élargit l’univers où le titre aurait été cantonné dès ses premières notes. Et même si la figure de proue est bel et bien seul maître à bord, ses acolytes guitaristes Blake Meahl et Anthony Crocamo s’en donnent également à cœur joie. La bande persiste et signe avec Senicide qui joue des mêmes mélanges. La violence de la voix évite cependant de plonger vers les registres extrêmes d’un ARCH ENEMY et finalement, malgré la profusion énergique des plages, le Metal de HUNTRESS reste largement plus abordable. Et les soli des guitaristes valent également leur pesant de métaux lourds.

Sleep And Death nous offre son lot de voix éructée. Mais judicieusement disséminée tout au long de la plage, le procédé passe facilement et même si clairement, la voix est mise en avant, jamais les autres instruments ne se voient cantonnés dans un rôle de simple figurant. La rythmique basse Ian Alden et batterie Carl Wierzbicky se veut pesante et sied parfaitement à l’ambiance du titre. Les guitares aussi sont à la fête, le chant nous offre aussi son lot de « wo oh oh oh » peu nombreux mais judicieusement placés. Formule identique sur un tempo plus lent mais tout aussi captivant pour Snow Witch et l’efficacité s’avère toujours au rendez-vous avec un solo particulièrement inspiré.

A l’écoute de Height Of Sword, on comprend que le groupe ait choisi ce titre comme single. Rythmique diabolique, voix magistrale modulée en mode agressif et ses déclinaisons, riff accrocheur et meurtrier. Près de six minutes d’un ouragan metal qui n’offre pas l’ombre d’un répis. Il fait soif tout d’un coup. On se dit qu’après un tel déferlement, on aurait droit à un break quelconque, que nenni, le groupe appui là où il faut. Même moins rapide que la plage précédent, la lourdeur de Aradia lorgne vers le SLAYER de SEASONS IN THE ABYSS c’est vous dire la qualité de la plage. La suite s’intitule Night Rape et on se doute bien que ça va pas nous la jouer fleurette à cinq balles. A nouveau le groupe se lance dans une compilation de bonnes manières Metal. Les guitares s’avèrent magistrales et la rythmique assassine comme sur les plages précédentes.

Quant à Children et Terror si la musique à tendance à flirter quelque peu avec le Black Metal, c’est finalement beaucoup plus Metal que Black. Alors oui, HUNTRESS met bel et bien sa chanteuse en avant, mais à l’écoute des magistrales et époustouflantes interventions des guitaristes, de la solidité de la section rythmique, on se rend bien compte qu’il s’agit surtout d’un groupe et même d’un très bon groupe. Plutôt que de se complaire dans les styles quasi obligatoires pour les groupes emmenés par une chanteuse, le quintette américain lorgne du côté obscur du Metal et pourrait bien se rallier une multitude de publics. C’est tout le bien qu’on lui souhaite.

Mr Spok