Magica - Center Of The Great Unknown
AFM Records

Nous vous avions déjà fait part de tout le bien qu’on pensait de ce groupe Roumain qui nous avait époustouflés avec sa précédente galette royale DARK DIARY. Et voilà qu’ils remettent le couvert pour un nouvel album. Au passage, ils se sont séparés de leur clavier et ont embauché un second guitariste.

Evidemment, d’emblée, la présence de deux six-cordes modifie le jeu, cependant, fondamentalement, même si l’ensemble se veut plus sec, l’aspect mélodique n’a pas disparu pour laisser place du trash endiablé. Au contraire, la présence de deux mains supplémentaires pour astiquer le manche permet des envolées que ne renieraient ni Yngwie Malmsteen ou Timo Tolki. Bref la plage titulaire pose les bases de ce qui va suivre. Comme entrée en la matière Center Of The Great Unknow est une réussite.

Le groupe plonge dans un univers plus commercial par la façon dont la voix de Ana Mladinovici se pose sur une mélodie gentille mais néanmoins remplie d’électricité. King Of The World captive cependant par cette énergie qui ne fait jamais défaut, l’omniprésences des guitares et un solo renversant. S’ensuit une autre tromperie par un démarrage plus lent. Mais impossible de chasser le naturel, il revient à grand coups de riffs ra(va)geurs sur Masterspell qui malgré ce départ en douceur prend de plus en plus d’ampleur. Le seigneur gratteur Bogdan Costea et son nouveau comparse Emilian Burcea se défoulent à fond. Des chœurs masculins répondent à la voix de la belle. La plage s’avère un recueil d’idées qui pour d’autre auraient servi à remplir plusieurs titres, ici, c’est un condensé de trouvailles.

Véritable machine de guerre contre la lassitude, l’ennui et les envies suicidaires, MAGICA nous balance un énergique et entraînant Open emmené par un riff sec et répétitif. L’occasion aussi pour constater à quel point la section rythmique opère discrètement mais avec une efficacité garantie. La batterie de Sebastian Natas vrombit, les futs souffrent. La basse de Tibi Duto ronronne et ses quatre cordes doivent résister à ses assauts frénétiques. A nouveau les guitares sont royales, les idées pullulent et ce qui commence comme un ‘simple’ titre s’achève en apothéose.

Et la boîte aux idées magiques de rester ouverte avec The Earth Is Young. On sent très fort l’influence d’IRON MAIDEN dans le riff, mais l’hommage ne va pas plus loin heureusement. Même si les guitares sont là pour soutenir le chant, ce n’est jamais de façon effacée. La mélodie joue sur la voix et les six-cordes. Le groupe a de la bouteille et cela s’entend. Rayon composition, mise en place, ils font déjà partie de la première division. Et même, comme dans le cas présent, si la chanson lorgne sans honte pour un Metal plus commercial à la NIGHTWISH, impossible de rester de marbre devant tant de savoir-faire.

Le quintette poursuit en démarrant d’une autre façon, histoire de ne pas lasser. Un riff sec et carré lance Step Into The Night. Encore une fois, la bande réussit à démarque la plage de la précédente, sans pour autant remettre au placard toutes ses finesses. Et comme on ne s’arrête pas en si bon chemin, ils persistent et signent avec No Horizon et ce petit riff très clin d’œil à la musique classique de RONDO VENEZIANO. Ce qui en veut pas dire, que l’électricité a cédé le pas à l’électronique, que nenni. Les cheveux n’ont toujours pas eu la moindre minute de repas, les pieds commencent à avoir des ampoules tellement ils battent la mesure.

Gardant le tempo, le groupe enchaîne avec One Angry Gaia qui officie dans le même registre. On pense enfin avoir une pause, voire la ballade de service avec l’introduction de Mark Of Cain, mais c’est à nouveau une erreur, les guitares et la rythmique viennent rapidement sonner le glas de cette impression de mollesse. Et l’énergie reprend ses droits. Cette même énergie qui accompagne la gigue endiablée en introduction de Under The Auroras. Et vas-y que je riffe sans répit et sans repos avec une rythmique assassine, la voix de la belle qui envahit l’espace et des grattes majestueuses et surtout tueuses. Et le titre bonus Daca 2012 qui termine dans la même veine.

A la rigueur, on pourrait reprocher au groupe de ne pas varier assez les ambiances et de ne pas tenter autre chose (comme l’a si bien fait NIGHTWISH sur son dernier opus). On regrette aussi l’absence de pièce maîtresse qui se démarquerait par une durée plus longue. Mais on va pas faire la fine bouche devant tant de talents. Dans le genre, c’est du grandiose et une extraordinaire confirmation de tout le bien qu’on pensait déjà du groupe. A se glisser dans les tympans sans aucune modération.

Mr Spok