Ex Deo - Caligvla
Napalm Records

Mine de rien, quand on regarde l’histoire, on constate que contrairement aux idées reçues les mecs en jupettes n’étaient pas des tapettes. Qu’il s’agisse des Ecossais de William Wallace ou des romains (assurément pas aussi fous que le veut la légende). Bref, n’étant jamais aussi bien servi que par soi-même, voici la légion romaine qui répond au doux nom de EX DEO qui nous balance un condensé d’atrocités d’époque avec l’album CALIGVLA. Un album qui sent bon (avec le nom du groupe, j’ai pas pu résister) la fureur, le sang, les destructions et la décadence. Bref, ce nouvel opus des Canadiens nous offre une déclinaison latine d’un genre particulier.

Sous la férule de l’Empereur MAURIZIO IACONO, la légion EX DEO part en campagne. La première plage Caligvla met les cadrans solaires à l’heure (ils n’ont pas encore de pendules à l’époque). Une introduction gentille pour mieux nous asséner un coup traitre. C’est brutal et une voix virulente vient nous rappeler qu’on ne rigole pas à l’époque. Les riffs et le martellement de la batterie rappellent le son d’une légion en campagne. C’est le nominatif singulier.

Les légionnaires enchainent avec The Tiberius (Exicle To Capri). Les nappes de clavier viennent en contrepoids mélodique vis-à-vis d’un chant hurlé et d’une rythmique assassine. Quand le tempo se ralenti, la voix prend la relève du chant pour mieux faire ressortir cette très courte accalmie. Ce qui frappe, c’est la prédominance de la mélodie sur l’ensemble de la plage et l’absence de solo de guitare.

Nouvelle marche martiale avec Per Oculus Aquila (l’œil de l’Aigle ; pas du Tigre !!), la machine de guerre est en route et rien ne semble l’arrêter. La galette se poursuit avec un Divide Et Imperia qui met en évidence un chant féminin, sans jamais se départir de cette profusion d’énergie brute.

Le tempo se veut plus légèrement plus modéré pour le Pollice Verso (Damnatio Ad Bestia) mais l’énergie déborde toujours refusant de se complaire dans un carcan. Pour peu on se croirait en présence du PARADISE LOST de la bonne époque (« DRACONIAN TIMES »). Les instruments sont toujours aussi incisifs. Des chœurs de style grégorien viennent contrebalancer la virulence du chant principal. Alors qu’un riff de type maidenien vient prendre le pas sur la mélodie au clavier pour introduire un solo de guitare du meilleur aloi à la vitesse modérée.

Puis on plonge dans Burn to Server As Nocturnal Night qui renoue avec le caractère vindicatif du début et une mélodie très Black Metal. Un nouveau retour vers une ambiance plus feutrée avec Teutoburg (Ambush Of Varus), mais pas de guimauve, hein, chez les Romains, on ne rigole pas quand il s’agit de conquérir. Et les instruments de cogner de plus belle. Sans changer de formule, mais avec de superbes interventions de guitare, Along The Apian Way range les claviers pour laisser les six-cordes s’exprimer.

Faisant fi de la finesse, Once Were Romans frappe fort avant de laisser Evocatio The Temple Of Castor & Pollux fermer cette page d’histoire. Autant le premier de ce duo de fin plonge dans une violence extrême, autant le second se veut symphonique. La dernière plage s’avère ainsi royalement différente de ce qui précède.

L’album a donc tout pour séduire les amateurs de sensations très fortes, on n’est pas toujours très loin du Black ou du Death. L’énergie ne fait jamais défaut tandis que les mélodies au clavier ou à la guitare ressortent magnifiquement, témoin du parfait équilibre entre une rythmique meurtrière et la finesse d’un récit. Quand à savoir si cet album écrira une page d’histoire dans l’aventure du Metal, c’est un pronostic sur lequel on ne s’appesantira pas. Notez que ceci ne vous aidera pas vraiment à réviser votre latin non plus.

Mr Spok