Overkill - The Electric Age
Nuclear Blast

Vous connaissez les Big Four, mais les autres, ceux qui sont juste un rien en-dessous ? Des nettement moins célèbres, mais aucunement moins méritants, qui ont trashé sans répit et sans repos depuis de longues années. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit, ANVIL (ayant bénéficié d’une reconnaissance depuis longtemps due grâce à au reportage qui leur fut consacré), TESTAMENT (qui a quand même participé à une tournée Monsters Of Rock aux côtés de SLAYER et MEGADETH) et bien sûr OVERKILL dont il est ici question. La longévité de la bande doit tout à son duo insubmersible que sont le chanteur Bobby ‘Blitz’ Ellsworth et le bassiste D.D. Verni. Passons sur les multiples modifications de line-up qui nécessiterait plusieurs romans-feuilletons. Le quintette nous sort son dix-septième album studio depuis la première galette FEEL THE FIRE en 1985 et si l’inspiration n’a pas toujours été au rendez-vous, la conviction n’a jamais abandonné ni les deux capitaines ni les moussaillons, actuellement les deux gratteurs Dave Linsk (le soliste depuis 1999) et Derek Tailer (le rythmique), qui les ont rejoint au fur et à mesure des marées et autres tempêtes qu’a essuyé le vaisseau OVERKILL. Joyeuse bande rejointe par le petit dernier Ron Lipnicki à la batterie depuis deux albums.

Longue introduction d’un riff qui se répète. Rien de neuf sous le soleil, mais le groupe nous a souvent régalé par des titres qui prennent le temps de démarrer. Et Come And Get It appartient à cette catégorie. Lorsque l’introduction s’achève, les choses sérieuses peuvent commencer. Grosse rythmique, les deux guitaristes s’épaulent parfaitement, la rythmique déboule à toute vitesse et le chant de Bobby fait le reste. Un break efficace qui conserve la puissance du titre, des wowowo puissants. Du thrash Metal comme le groupe nous en a si souvent livré. Efficacité garantie. Rayon vitesse et puissance, le groupe tient la forme et poursuit avec un Electric Rattlesnake survolté qui nous offre un mini-solo en début de plage. Le break permet de souffler avant que le tempo ne reprenne de la vitesse petit à petit pour lancer le solo.

On pensait avoir atteint la vitesse de croisière, mais c’est mal connaître les gaillards. L’accélérateur n’était pas encore à fond, la preuve avec un Wish You Were Dead qui déboule à fond la caisse, le long hurlement prouve que le chanteur respire la forme. La plage nettement plus courte que les deux premières vient de nous faire entrer dans une autre dimension. Le Black Daze qui suit ralentit le tempo mais l’ensemble reste fort carré et déborde d’énergie, une petite respiration avant un autre déferlement monstrueux. Le Save Yourself qui enchaîne, fleure bon la rythmique à la METALLICA du KILL EM ALL et le solo fait le reste. Finalement, ces trois plages courtes s’avèrent encore plus efficaces que les deux premières.

Cependant, la déferlante continue sans marquer le moindre signe de faiblesse, de lassitude ou de vieillissement prématuré. OVERKILL où la cure de jouvence éternelle. Après trois plages courtes, le quintette étincelle dans un registre de la plage ‘longue’ identique à celui du début d’album, Drop The Hammer Down bénéficie d’un break qui n’est pas sans rappeler IRON MAIDEN. Comme un vieux boxeur qui sait quand il convient d’asséner la série droite qui assure le KO, les briscards nous balancent un 21st Century Man dans les gencives sans crier ‘gare’, profitent de l’étourdissement qui suit pour nous balancer un Old Wounds, New Scars dans l’estomac, profitant de nos défenses abaissées, les riffs et autres débordements métalliques de All Over But Shouting nous atteignent dans les reins (le headbang est toujours de leur âge) et s’avère à couper le souffle. Tant et si bien que l’adversaire fini compté 100 sur le sol du ring et bonne nuit les petits avec Good Night. Mais là encore, ce n’est qu’illusion, malgré des débuts reposants, la plage termine en apothéose de riffs et de fureur.

C’est assez clair que le groupe ne se renouvelle pas fondamentalement. Mais à nouveau, on peut leur attribuer le Prix Nobel de la persévérance, on sent les compositeurs assez inspirés et à défaut de susciter des ébahissements étourdissant à chaque détour de riff ou de roulement de batterie, ils arrivent à maintenir l’attention par une musique qui refuse de faiblir ou de montrer de quelconques signes de l’approche de la retraite. Comme tout bon cru, cet album gagne en étant régulièrement écouté. Et quand on sait que les musiciens tournent fréquemment et n’oublient jamais de visiter nos plates contrées, rendez-vous est pris en salle.

Mr Spok