Almah - Motion
AFM Records

Crée en 2006 par Eduardo Falaschi, ce groupe devait permettre au chanteur d’ANGRA de s’amuser dans un projet totalement personnel et sort un album sobrement intitulé ALMAH. Souvent d’ailleurs, les formations parallèles à la principale restent dans l’ombre et ne déclenchent qu’une sympathie légitime. Ce projet-ci a pourtant évolué au cours des années, pour sortir un second album, FRAGILE EQUALITY en 2008, au point de devenir un vrai groupe. Notez quand même que les problèmes d’ANGRA avec son management ne doivent pas être étranger à la transformation d’un simple projet en vrai groupe, d’autant plus que ces dernières années la bande à Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt n’a pas vraiment réussi avec TEMPLE OF SHADOWS, AURORA CONSURGENS et AQUA à sortir un autre album de la trempe de REBIRTH (avis personnel bien sûr). Avec ce MOTION, ALMAH aligne aujourd’hui trois albums à son actif et on ne s’en plaindra pas.

Les premières notes de la guitare n’ont rien de surprenantes, on baigne dans un univers connu, en se sent en confiance et un peu blasé par cette introduction du genre ‘rien de neuf sous le soleil’. Par contre dès que le groupe rentre dans le vif du sujet, ça cogne. Traitreusement, les guitares de Marcelo Barbosa et Paulo Schroeber ont pris une autre direction. La voix de Edu nous offre une sonorité virulente à laquelle on n’est pas habitué. Et loin de déranger, cela s’avère fabuleux. Le riff carré qui l’accompagne sied parfaitement à l’ambiance lourde. Et Hypnotized porte bien son nom. La rythmique du duo Felipe Andreoli (bassiste de ANGRA également) et Marcelo Moreira (batterie) maintient le morceau sur une masse de bêton armé. Et c’est ce qui convient pour le solo de guitare.

Dès l’ouverture de Living And Drifting, il y a un petit air d’HELLOWEEN mais à nouveau, le groupe nous a traitreusement aiguillés sur une fausse piste. Ils durcissent le riff pour le refrain et reviennent à l’univers citrouillien (c’est nouveau, ça vient de sortir, bientôt dans tous les dictionnaires Metal dignes de ce nom) pour le refrain. Un titre enchanté (et enchantant) tel le chapeau d’un magicien. Difficile de rester de marbre face à un tel savoir faire. Le titre, direct, ne dure d’ailleurs pas assez longtemps.

On bifurque un rien vers le Prog pour la suite avec Days Of The New. La parenté avec ANGRA se fait plus perceptible. Sympathique mais moins convainquant que la plage précédente. Les notes claires, le mid-tempo et le chant moins acéré de Bullets On The Altar nous font craindre qu’on ne replonge dans un univers trop aseptisé. Mais, à nouveau, il s’agit d’un titre à tiroir. Les guitares nous surprennent par de judicieuses interventions, le chant varie d’un registre à l’autre. Quelques notes de piano et un solo permet aux doigts de se défouler sur le manche. Un dernier refrain et le titre se clôture sur un clavier solitaire.

Si je vous dis qu’on a affaire à LA ballade de l’été sirupeuse pour Zombie Dictators, je me doute que peu nombreux seront ceux à me croire. Et ils auront raison les bougres. Dès les premières notes, on est confronté à une déferlante d’énergie accompagnée d’un chant proche du Death Metal. On a l’impression d’être en présence d’un autre groupe. A nouveau, la bande à Edu varie les plaisirs (et le notre aussi par la même occasion) au sein d’un même morceau, les refrains changeant radicalement l’ambiance du titre. Morceau en permanence en équilibre instable entre deux univers, on ne peut qu’être conquis par une telle claque. Le solo nous offre des guitares qui partent en délire avant de relancer un couplet agressif. Quant ce déluge s’arrête, on a peine à croire qu’il s’agit toujours du même groupe.

Comme un mille-feuille, les cinq musiciens nous livrent un Trace Of Trait à plusieurs couches. Un démarrage Prog à souhait, un premier couplet lent avec un chant complètement aseptisé (comparé à notre Zombie). Par la suite, la voix se joue des genres, même si elle veut plus posée que sur la plage précédente. Le titre explose alors, après le deuxième duo couplet-refrain, dans un solo qui s’éternise et qu’on croirait fait à trois mains de quinze doigts. Pour ceux qui attentent impatiemment une balade, pas de chance, c’est un gros riff bien lourd et une rythmique sèche qui introduit Soul Alight. Et plutôt que de freiner des deux pieds, le groupe appuie sur l’accélérateur. Le batteur martèle les fûts comme si sa vie en dépendait, à nouveau, les différentes modulations d’ambiance au sein du même morceau font merveille. Le titre est un voyage dans un chariot de montagnes russes. Les montées calmes annoncent des descentes à vous couper le souffle.

Petite respiration après toutes ces déferlantes. Le groupe nous balance un mid-tempo qui ne dédaigne ni l’énergie, ni les soli de guitare : Late Night In ’85 calme le jeu mais sans nous endormir. Pas trop de tiroirs et de retournement de situation, mais un morceau direct et efficace, malgré la modération générale de son rythme. Bref, c’est pas de la guimauve. A cette respiration salutaire, succède une débauche d’énergie. Daydream Lycidity démarre en trombe pour nous asséner traitreusement un petit crochet Prog en dessous de la ceinture, c’est-à-dire quand on ne s’y attend pas, avant de reprendre de plus belle. Evidement, la deuxième manœuvre du genre nous surprend moins mais s’envole dans des soli de guitares hallucinants.

L’électricité est aux abonnés absents sur When And Why. Clairement, la ballade de l’album. On s’attend à une explosion en plein milieu, mais il n’en est rien. D’ailleurs après cette débauche d’énergie, cette dernière plage conclut sobrement un disque où aucune plage n’est à jeter. Comme dirait le premier homme sur la lune : un petit album pour le groupe (moins de quarante-cinq minutes), une grosse claque pour l’humanité Metal. A l’écoute de cet album, on en vient à se demander ce que Edu Falaschi fait encore avec ANGRA. Oubliez les tracas de la rentrée, voici un remède total contre la morosité de fin d’été. D’où la côte de 11/10.

Mr Spok