Grave Digger - Clash Of The Gods
Napalm Records

Dur dur de succéder à un album Live de la trempe de THE CLANS ARE STILL MARCHING. Passant des clans écossais aux anciens Grecs, groupe change d’univers. L’introduction parle du convoyeur des âmes mortes, Charon celui qui mène les défunts en Enfer, le tout en allemand. La mélodie qui n’a rien à voir avec le Metal est loin en retrait par rapport au chant. Ceci pour permettre l’album de vraiment démarrer en trombe avec le riff acéré de God Of Terror.

La machine est lancée et le headbanger qui sommeille en vous se réveille définitivement. Guitares royales, chant toujours aussi puissant de Chris Boltendahl (seul membre d’origine du groupe), Axel Ritt nous offre un solo inventif et clair. Le ton est donné.

Difficile de succéder à un tel déferlement, le Helldog qui suit souffre un peu de la comparaison par rapport aux cinq étoiles qui ont précédé, le titre récolte la mention « bien mais sans plus », la rythmique bétonnée de Stefan Arnold (batterie) et Jens Becker (basse) apporte une base efficace à un titre dont le seul coup d’éclat sera le solo. Après les chiens de l’enfer, la méduse. L’introduction acoustique de Medusa permet d’oublier toute tentative de comparaison avec le titre du même nom des américains d’ANTHRAX ; elle permet aussi de préparer le déferlement qui va suivre. Un riff carré et rapide sans être hystérique ; un mur rythmique efficace. La modulation du titre avec ses ralentissements et accélération s’avère efficace. Un break parlé vient introduire un solo assez tempéré à son début mais qui finit par prendre son envol. La plage est bonne mais il manque un petit peu plus de nerfs pour qu’elle soit vraiment géniale.

Avec Clash Of The Gods, les Allemands se lancent dans le mid-tempo rageur. Efficace mais trop conventionnel et un tel titre laissait présupposer un tsunami de riffs, une secousse sismique de frappe rythmique. On se retrouve cependant captivé par ce rythme lancinant jusqu’au solo qui colle parfaitement avec l’ambiance plus modérée du titre. Le Death Angel And The Grave Digger qui suit pousse enfin allègrement sur l’accélérateur, un riff traditionnel acéré lance la machine. L’équilibre entre les instruments permet à la voix de s’imposer, mais de minutieuses interventions de la guitare donnent du relief au chant et au morceau. Le groupe vient enfin de retrouver sa vitesse de croisière.

Cependant même si le Wall Of Sorrow poursuit dans la même veine nerveuse remplie de déferlement des plectres sur les cordes, le pont chanté permet de nettement faire la distinction entre les pièces tempérées du morceau et les montées d’énergie brute. Et le solo se distingue à nouveau en plusieurs parties, une mise en appétit nerveuse, un léger répit avant un nouveau déferlement digne des montagnes russes pour terminer sur un refrain qui va en crescendo à mesure que les instruments le rejoignent.

L’introduction du Call Of The Sirens nous séduit, mais le mid-tempo nous refroidit quelque peu, et la tension manque de retomber définitivement lorsque le groupe plonge dans l’acoustique mais lorsque l’électricité fait parler la poudre, le titre prend son rythme de croisière oscillant entre différentes parties énergiques et calmes. Bref petit à petit on se retrouve séduit pour arriver à l’inattendu solo de clavecin.

Sans mensonge sur la marchandise, le Warrior Revenge nous martèle un riff assassin et une rythmique dévastatrice pour soutenir un chant virulent. C’est du GRAVE DIGGER bien lourd et costaud avec une accalmie lors du refrain qui met le chant à l’avant-plan.

Une petite introduction pas franchement utile avec With The Wind avant de clôture sur un trop conventionnel Home At Last que de judicieuses interventions de guitares permettent de sauver.

Un bon album de plus au palmarès de GRAVE DIGGER qui ne marque certainement pas une volonté de remise en cause donc, mais un tantinet de nervosité supplémentaire sur certaines plages lui aurait donné un relief supplémentaire. Cependant, si cet album est une preuve assez éclatante que les années n’ont pas changé le Metal des teutons, il pêche aussi par son manque de déferlements rageurs, comme si la lame du faucheur s’était une rien émoussée au fil des années. Peu de chance de conquérir de nouveaux fans, mais les anciens y trouveront leur bonheur.

Mr Spok