Tankard - Vol(l)ume 14
AFM Records

Les bases de ce groupe allemand sont le Punk, comme bien des musiciens de leur génération, ils évoluent assez naturellement vers le Metal. Ainsi donc en 1982, Andreas ‘Gerre’ Geremia, le chanteur, Bernard Rapprich et Alex Katzmann, les guitaristes, Olivier ‘O.W.’ Werneer, le batteur et Frank Thorwarth le bassiste, forment un groupe qui optera finalement pour le nom TANKARD (vu que cela évoque la chope en anglais). Et il va de soi qu’avec un tel patronyme, les divins breuvages qui rendent joyeux vont souvent être à l’honneur dans leurs paroles. Les premières démos de 1984 leur permettent d’attirer l’attention de Noise et leur premier album sort en 1986 ZOMBIE ATTACK. Poursuivant leurs aventures et profitant de la fermentation, leur CHEMICAL INVASION voit le jour en 1987, et THE MORNING AFTER en 1988. Le succès est finalement au rendez-vous et en 1989, ils sortent un mini album, l’ALIEN EP sur lequel figure l’extraterrestre vert qui deviendra leur mascotte. Un léger repos, puis juste après la sortie d’un premier best-of en 1990, le batteur O.W quitte le navire, remplacé par Arnulf Tunn, et ils sortent donc, la même année : THE MEANING OF LIFE, suivi tout naturellement par leur premier album Live : FAT, UGLY & LIVE. En 1992, le groupe chante en allemand sur un des titres de l’album STONE COLD SOBER. Le batteur part suite à des désaccords et se voit replacé par Olaf Zissel. En 1993, ils nous livrent TWO-FACED. Parallèlement à TANKARD, les musiciens enregistrent des titres en allemands, assez éloignés du Metal, sous le sobriquet de TANKWART.

Grosse catastrophe en 1995, le principal compositeur, le gratteur Axel Katzmann quitte la bande pour raisons de santé. Le groupe décide d’adopter la formule quatuor et l’album qui suit THE TANKARD convainc moins. A nouveau, ils s’offrent un intermède avec le deuxième album de TANKWART. Le groupe ne baisse jamais les bras et continue à nous offrir des galettes à la régularité d’un métronome : DISCO DESTROYER en 1998, KINGS OF BEER en 2000, B-DAY en 2002 et BEAST OF BOURBON en 2004. En 2005, c’est le double DVD capté à Francfort : Fat, Ugly and Still (A)Live. Sans prendre de repos, ils revisitent les classiques avec THE BEAUTY AND THE BEER en 2006, font part de leur déshydratation avancée en 2008 avec THIRST et aujourd’hui nous lâchent ce quatorzième album studio. Observation de ce divin breuvage au microscope.

Gentille introduction à la guitare acoustique bientôt rejointe par de légers et presque imperceptibles roulements sur les fûts. L’électricité rejoint l’ensemble en douceur. Puis c’est l’éclatement du riff principal particulièrement rapide, un chant agressif et saccadé est mis en évidence par un mur de sons. Déboule le refrain, ainsi Time Warp, donne une excellente idée de à quoi on peut s’attendre. Pas de problème en studio pour combiner plusieurs guitares, la rythmique assure les fondations qu’on devine insubmersibles dans le jus de raisin fermenté. Ralentissement en guise d’amorce pour le solo, et le titre repart en trombe.

Mise en appétit par la vitesse pour Rules For Fools. Les instruments se font plus discrets pour le refrain, permettant au chant de ressortir entre deux déferlantes de riffs et ce jusqu’au premier solo de bonne facture. Un léger fléchissement dans la vitesse d’exécution avant que le gratteur n’enchaîne avec un deuxième solo plus rapide. Un dernier couplet et une fin nette et sèche. A nouveau une ouverture tempérée qui permet au titre d’exploser dès le premier couplet. Fat Snatchers (The Hippo Effect) part alors à tout vitesse. Le riff se fait envoûtant lors du refrain alors que le chant se fait mois virulent. Le solo déboule à grande vitesse sur ses rails.

Entrée directe pour Black Plague (BP) , qui fait clairement allusion à la responsabilité de BP dans la pollution due à la catastrophe sur sa plate-forme de forage. Riff rapide et carré, voix engagée, chœurs discrets mais efficaces. A aucun moment la vitesse ne montre de signe d’essoufflement, même pendant le petit pont en milieu de titre. Un couplet avant un sympathique solo qui s’éternise pour notre plus grand plaisir. Avant de terminer sur un refrain repris jusqu’aux dernières mesures du titre ou le riff acène le coup fatal de rigueur. Même constat pour Somewhere In Nowhere, le groupe montre qu’il n’a guère besoin de repos et qu’après toutes ces années, il sait encore maintenir le cap. Gros riff, rythmique effrénée, le headbanging est assuré. Des roulements de batterie annoncent le solo qui déboule sans crier gare et qui permet de souligner le talent du soliste. Le morceau s’achève sur un effacement discret du son et un dernier riff comme une page qui se referme.

Le tempo se ralentit légèrement, ni vraiment speed, ni vraiment moyen, The Agency oscille entre deux eaux avec un chant plus posé sur le premier couplet. L’explosion, surtout soulignée par la voix, a lieu ensuite lors du premier refrain, le titre a pris sa vitesse de croisière. Et à nouveau, le solo s’avère magistral et enivrant, enrobé entre deux refrains. C’est un riff rapide et captivant qui ouvre les hostilités pour Brain Percing Of Death. Le titre prend toute son ampleur au premier break, le groupe attendant pour nous asséner ses meilleurs effets. Et le groupe de réfréner son ardeur de temps à autre pour mieux temporiser. La déferlante se poursuit sur Beck’s In The City. La voix se dispute la primauté avec le riff principal sur le premier couplet. S’ensuite un passage où la voix s’éclipse pour laisser la guitare riffer à qui mieux mieux. Au milieu du solo, seule reste la guitare, royale. Et ce, avant que n’arrive un autre duo couplet-refrain énergique qui clôture royalement.

La batterie se déchaîne au niveau de la vitesse d’exécution pour Condemnation, rejointe par un riff saccadé hyper rapide. Difficile de rester tranquille sur sa chaise à l’écoute d’une telle profusion de rapidité. La voix se module de façon moins extrême par moments, ce qui donne une dimension supplémentaire au titre. Qui part en vrille infernale lors du solo. Le titre s’achève sur les voix solitaires suivie par une basse toute aussi esseulée. L’album s’achève par un Weekend Warrior qui n’a rien à voir avec celui d’IRON MAIDEN (et c’est tant mieux). Après une introduction passablement molle, les guitares se déchaînent, la voix s’emballe, la batterie explose. Le groupe tient la forme et ça s’entend, s’il vous reste de l’énergie après les neuf plages précédentes, celle-ci va vous achever. De facture classique (enchaînement couplets-refrains, avec un break accalmie en plein milieu) mais parfaitement réussie, cette chanson qui termine l’album laisse un agréable goût dans la bouche, comme un bon vin.

Au rayon de solo, c’est vraiment bombance, il y en a à profusion, toujours judicieusement introduits par de superbes constructions sonores, mais au niveau de la construction des titres, on pourrait reprocher au groupe, en étant un peu tatillon, de toujours privilégier le même type de formule. Tant et si bien qu’au rayon originalité, c’est plutôt du côté des abonnés absents. Mais bon, eu égard à la longévité du groupe, à la régularité et à la conviction dont ils font preuve depuis des années, on leur pardonnera facilement ce léger écueil. Les fans seront aux anges. Reste à voir si cette galette arrivera à en convaincre de nouveaux.

Mr Spok