Helstar - Glory Of Chaos
AFM Records

Ce groupe américain légendaire, comprenez qu’il est sorti du lot avec un album extraordinaire pour disparaître dans les limbes quasiment aussi sec, a vu le jour au début des années ’80. De l’histoire chaotique du groupe, on retiendra donc principalement leur première galette BURNING STAR sortie en 1984. Par la suite, le groupe connaît des changements de line-up (il faudrait presque un bottin pour tout décrire), de firme de disques, mais continue à battre le Metal tant qu’il est hurlant, ce qui nous donne REMNANTS OF WAR en 1986, A DISTANT THUNDER en 1988. En 1989 sort le magnifique NOSFERATU, fortement basé sur le film de l’expressionniste allemand MURNAU et le Dracula de l’écrivain BRAM STOKER, cet album est d’ailleurs souvent considéré comme le meilleur album de HELSTAR car le plus abouti. Ensuite, les choses se gâtent quelque peu, voir même vachement et il faut attendre 1995 pour voir sorti MULTIPLES OF BLACK, qui ne recueille que de mauvaises appréciations. Ainsi logiquement, le groupe connaît un très long passage à vide. Un album LIVE et des compilations nous montrent un groupe à l’arrêt au niveau inspiration. Ce n’est qu’en 2008 que HELSTAR nous revient enfin avec un nouvel opus à se glisser dans l’oreille : THE KING OF HELL. Et pour nous prouver qu’ils ont toujours bon pied (sur la pédale de disto) bon œil (sur les doigts en contact avec le manche), ils récidivent avec ce GLORY OF CHAOS. Petit voyage interstellaire dans la galaxie Metal.

Courte introduction éthérée, les guitares rentrent directement dans le vif du sujet. Bientôt rejointes par les roulements de la batterie et la voix de James Rivera. A croire que le temps s’est arrêté car il n’a rien perdu de sa puissance, s’envolant par moment dans les courants ascendants halfordiens. Bref, pour ceux qui comme moi ont découvert le groupe avec son premier album, ce Angels Fall To Hell, c’est le bonheur assuré. Les deux gratteux se démènent joyeusement. Bref, on se prend déjà une claque magistrale avec le premier titre qui s’achève par l’ambiance d’ouverture.

L’accélérateur est directement sollicité, la section rythmique de Jerry Abarca (basse) et Mikey Lewis (batterie) donne naissance une basse rapide et monstrueuse sur laquelle viennent se greffer des riffs assassins et une voix agressive. Les doigts de Larry Barragan et Rob Trevino doivent saigner tellement ils se démènent sur leur manche. Pandemonium est un vortex qui nous conduit dans une autre dimension. Gardant le pied à fond sur l’accélérateur, le quintette enchaîne avec Monarch Of Bloodshed. Alors que le tempo est hyper rapide, le chant lui, modère ses ardeurs pour mieux ressortir, clair et articulé. Le ton devient plus agressif sur le refrain, avec une montée dans les aigus. Break temporisé, la descente de vitesse est brusque mais efficace avant une ascension fulgurante qui lance le déferlement des doigts sur les guitares. Sur Bone Crusher, c’est un solo royal qui vient envahir l’espace sonore. Le reste conserve la signature HELSTAR : du Speed Metal du meilleur effet. Les jambes se mettent à bouger, les cheveux partent dans tous les sens. Irrésistible.

Introduction acoustique pour Summer Of Hate. Seules la voix et la guitare sont présentes. Sur un rythme lent, l’électricité vient doucement imprimer sa marque. La mélodie principale s’avère lancinante et puis une attaque carrée des cordes de la guitare imprime un tempo plus soutenu, des roulements de batteries modulent les couplets. Et toujours cette voix clairement articulée mais énergique. Le groupe relance l’intérêt par un titre qui se démarque des précédents par une puissance plus retenue, mais pas anesthésiée. Un premier solo sert d’introduction au chant parlé alors que résonne une note aiguë en arrière plan. Un déferlement hypnotisant de la guitare suivit d’un cri déchirant, d’une très courte intervention de la guitare avant que le morceau ne reprenne pour s’achever sèchement.

L’intermède ‘calme’ est terminé, le déferlement de notes reprend de plus belle avec ce piège mortel qu’est Deathtrap. La plage a une influence certaine sur le rythme cardiaque de l’auditeur, les notes déferlent à toute allure, la batterie déboule telle un TGV, les guitares rivalisent de riffs secs et meurtriers et de soli fascinants. La voix envahit l’espace sonore. Une grosse claque, un véritable condensé d’énergie dévastatrice en moins de quatre minutes. Le genre de morceau dont on ne sort pas indemne tellement il incite au headbang. Les musiciens conservent le même train d’enfer pour Anger, à croire qu’ils ont toujours la hargne de leurs joyeux débuts. Tous tiennent la forme et cela s’entend. A nouveau le titre s’avère court et direct, un tel maelström serait mortel à trop forte dose.

Un riff magnifique introduit Trinity Of Heresy. Conjointement à ces guitares royales, un chant clair vient se greffer dans le morceau, mais il n’hésite pas à bifurquer vers des rivages plus destructeurs. Le son d’une précision chirurgicale fait d’autant mieux ressortir les interventions magistrales des guitares. Une pause acoustique nous permet de souffler quelques secondes et au groupe de doser ses effets. Puis, on image le chef de gare siffler le départ, et les guitares repartent de plus belle dans un duel de soli à faire éclater l’astre solaire. Le titre Alma Negra lorgne carrément vers le Black Metal, que ce soit au niveau du martèlement permanent des fûts de la batterie, qu’au niveau de la voix. On se croirait face à un JUDAS PRIEST en overdose de décibels. Et à nouveau, le break surprend, il temporise le rythme tandis que la voix se module pour annoncer les interventions des solistes. Un second break qui nous a un petit air de SLAYER avant d’autres mises en abîme des six-cordes. Et un retour à la véhémence du début de morceau.

C’est un très calme et réduit Zero One qui referme le grand livre de ce magnifique voyage. Pour ceux qui aiment les reprises, HELSTAR rend hommage à deux pointures du Metal des années 80, à savoir SAXON avec une remise au goût du jour de ce judicieux titre qu’est Heavy Metal Thunder et SCORPIONS par la plage titulaire de l’album ANIMAL MAGNETISM (personnellement, j’aurais choisi un autre morceau plus directement rentre-dedans de cet album). Donc, deux reprises pas vraiment indispensables, qui n’apportent franchement rien à l’album mais toujours chouettes à écouter.

Alors oui, HELSTAR aurait pu disparaître dans un trou noir et ne jamais réapparaître. Oui, pendant leurs années d’absence d’autres groupes ont écumé le monde du Metal. Mais oui aussi, ils sont de retour et cet album prouve bien qu’au niveau du Speed Metal, non seulement ils n’ont de leçons à recevoir de personne, leurs titres s’avèrent souvent à tiroirs, mais en plus, ils tiennent une forme monumentale. Les fans seront comblés et les autres pourront découvrir un groupe au mieux de sa forme. Embarquez pour un voyage interstellaire fabuleux en compagnie de cinq musiciens qui ont la rage.

Mr Spok

8.5/10