Heaven & Hell - The Devil You Know
Roadrunner Records

C'est le 28 avril 2009, soit 2 ans et demi après la « formation » du groupe, qu'Heaven and Hell sort The Devil You Know. Après une tournée magistrale s'étalant de 2006 à 2007, Dio, Iommi et ses compères s'enferment à nouveau en studio pour travailler sur le successeur de Dehumanizer, dernier album de la formation. De ces sessions sortent des morceaux chargés en riffs écrasants, on a bel et bien à faire à du heavy-doom.

L'intro de Atom and Evil est assez représentative de l'esprit général de l'album. Et pourtant, que ce soit la basse de Geezer Butler (toujours aussi efficace), la guitare de Iommi ou les intonations de Dio, rien ne se répète. Le deuxième titre, Fear, s'ouvre sur un riff magistral, enchaîné avec une rythmique soutenue avant d'arriver sur un refrain ultra catchy. Les amateurs de soli Iommiesque ne seront pas en reste avec un solo court mais direct. Bref, cette compo, l'écouter, c'est l'adopter. Premier chef d'oeuvre de cet opus: Bible Black. L'arpège d'ouverture sonne très sombre, la guitare pleureuse semble attendre Dio. En effet, la ligne de chant de ce géant (hum) du metal colle à merveille à cette introduction. C'est lorsque la puissance vocale de Dio surgit de nulle part que commence vraiment ce morceau. Un tonnerre de riff nous tombe ainsi dessus, sans prévenir. Le refrain se veut, dans la tradition Sabbath, très épique. Le solo est aussi accompagné d'une bonne rythmique bien pensée. Rien à redire. Un classique est né.

C'est à Butler que revient l'ouverture d'un des rares titres rapides de l'album. Double the Pain. Malgré la lourdeur constante, nous faisons face à un titre plus axé heavy. Un bon riff, un bon refrain et un des meilleurs solos de l'album. Que demande le peuple ? Rock and Roll Angel déboule en suite avec ses faux airs de Type O Negative. Geezer et Iommi s'en donnent à coeur joie. Le break du refrain est vraiment efficace. Le morceau se veut plus mélodique, comme le prouve le solo. La précision de Iommi fera sans doute baver les guitaristes (mais quel son du feu de dieu). La rythmique assommante qui suit décrochera pour sa part quelques nuques. Du grand art. Retour au Doom pur et dur avec The Turn of the Screw. Un rythmique saccadée, soutenue par une basse comme toujours bien mise en avant. Un bon morceau dans l'ensemble même si il semble moins inspiré que le reste. On repart ensuite à du 100 à l'heure avec Eating the Cannibals. Une accélération qui, à la limite, n'aurait pas sa place sur cet album. Du Motörhead avec Dio, voilà à quoi on pourrait penser. Pas mauvais, mais pas vraiment intéressant.

Pour remédier à celà, vous pouvez compter sur Follow the Tears et son intro pour le moins mystérieuse. On ne se doute pas un instant de ce qui nous attend. Voilà le riff principal qui vient, à l'aide de Dio, nous écraser de nouveaux. Malsain à souhait, ce titre est sublimé par un nouveau solo bien senti. Du Doom à l'état pur. On se sentirait presque sur le Monotheist de Celtic Frost. Un peu de vitesse avec Neverwhere. On se rapproche du Neon Knights (Heaven and Hell en 1980). Rien de neuf donc, mais le morceau n'en reste pas moins agréable. Breaking into Heaven, morceau lourd et lent conclu l'album de fort belle façon. Une seule écoute suffit pour imaginer le côté théatral que Dio ajoutera sur scène. Le riff du refrain s'immisce dans nos oreilles pendant que la ligne de chant feint de capter toute notre attention, preuve d'un réel talent de composition (était-ce encore à prouver?). Un bon solo ponctue la chanson avant de clôturer l'album comme il a commencé: lourdement.

En conclusion, même si nous ne retrouvons pas le calibre d'un Heaven and Hell, Mob Rules ou autre Dehumanizer, on ne peut que constater que la bande à Iommi, 30 ans après le premier album de ce line-up, nous sort encore une musique complexe, bien pensée et d'une qualité trop rare en 2009. Pourvu que ça dure.

Crowley