Depuis la tournée No More Tears, 1992; Ozzy avait délaissé la France. C'est à l'occasion de la sortie de Scream, le dixième album studio post Black Sabbath que le Madman fait escale à Paris.
L'affiche de ce soir est particulièrement surprenante car les premières parties seront assurées par Danko Jones et Korn. Au moins, on peut dire qu'il y en a eu pour tous les goûts.
L'assemblée est relativement clairsemée, la faute sans doute à un prix plutôt élevé ainsi qu'à la date du concert qui tombe en plein début de semaine. Pas toujours évident à gérer, mais quand on aime, on ne compte pas. C'est ainsi que nous quittons la Belgique en début d'après-midi et que nous débarquons dans la capitale frenchie après plus d'une heure passée dans les bouchons.
Un repas copieux et une bière plus tard, nous voici dans la salle avec Danko Jones en fond sonore. Un concert mou, très mou, avec des titres presque toujours entrecoupés de monologues interminables. Danko Jones nous avait pourtant habitué à mieux. Notons également un hommage rendu à une tonne de célébrités du Metal ayant passé l'arme à gauche avec un oubli énorme: Ronnie James Dio.
Le temps de prendre une pinte (8 euros les 50cl, vive la France), on se replace pour le set de Korn. Je ne cache pas mon impatience de revoir ce groupe qui a bercé ma jeunesse. A dire vrai, il s'agît plus de curiosité que de réelle ferveur.
Alors, soyons clairs: il est évident que Korn a marqué toute une génération en révolutionnant le monde du Metal. N'en déplaise à leurs détracteurs, ce groupe a marqué l'histoire du genre. Mais, plus de 15 ans après les débuts de la vague Neo-Metal, la bande à Jonathan Davis a bien du mal à démarrer son set. Heureusement, les hits que sont Right Now, Here To Stay et Falling Away From Me sont là pour lancer le groupe qui, il est vrai, ne joue pas devant son public. Le set se termine par les imparables Freak On A Leash, Blind et Got The Life. Trop court. On commençait à peine à se réveiller. L'ovation réservée à Jonathan est touchante et fait plaisir à voir. Chapeau bas à Korn qui remonte solidement dans mon estime.
Il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses: Ozzy va monter sur scène, la salle s'est d'ailleurs bien remplie entre temps. Le décor, très lumineux, est planté. Soudain, la voix du Madman résonne dans la salle. Caché derrière le décor, Ozzy observe son public qui l'appelle et l'acclame comme il se doit. Arrive alors l'intro, avec le cultissime O Fortuna (issu de la cantate Carmina Burana de Carl Orff). C'est là que déboule le groupe, tout en puissance, avec un Bark At The Moon d'anthologie. Ozzy est en voix (ouf) et le son est d'une clarté époustouflante. Bref, l'assurance de passer un bon concert ! Le jeu de guitare de Gus G est incroyable (même si certains préfèrent Zakk Wylde, on les entendra protester à plusieurs reprises d'ailleurs). Mais quel plaisir d'entendre une telle précision sur les soli. Exit le côté surenchéri de Zakk Wylde, on se rapproche ici du regretté Randy Rhoads (même si la version studio de Bark At The Moon accueille Jake E Lee). Mais est-il vraiment utile de comparer l'incomparable?
Ozzy enchaîne énergiquement avec le seul nouveau morceau joué sur la soirée, l'inévitable single Let Me Hear You Scream. De quoi faire chanter et sauter la foule. Notons un solo éblouissant, réalisé de façon magistrale.
On sort alors l'artillerie lourde avec le chef d'oeuvre qu'est Mr. Crowley. Ozzy est déchaîné et arrose la foule, pendant que Gus G et le reste du groupe se concentrent sur l'essentiel: la musique. Les musiciens rendent hommage à ce titre parfait en l'interprétant de manière rigoureuse.
On repart à nouveau à 100 à l'heure avec I Don't Know, soutenu par le clavier d'Adam Wakeman. Encore tout bon.
Le meilleur reste pourtant à venir avec une nouvelle volée de hits. Et pour commencer, rien de tel qu'une bonne reprise de Black Sabbath. C'est Fairies Wear Boots qui s'y colle (avec le claviériste en soutient à la guitare et ce, pour toutes les reprises effectuées ce soir). Quel plaisir de chanter à tue-tête des paroles aussi déjantées que celles-ci.
Plus terre à terre mais aussi plus heavy, Suicide Solution a permis à certains de se décrocher la tête à grand coup de headbanging mais après ce moment de pur Metal, retour à un titre culte, plus bizarre aussi: le légendaire War Pigs. Le public s'en donne à coeur joie et chante les mélodies comme un seul homme. Un grand moment, sans doute un point clé de cette soirée.
Plus simple, mais également entraînante, voilà Shot In The Dark, une chanson issue de The Ultimate Sin. Retour aux choses sérieuses avec Rat Salad et Iron Man, deux titres qui font mouche. L'un pour sa rythmique bluesy, l'autre pour... Iron Man quoi !!
Une petite rareté: l'excellent Killer Of Giants, précède I Don't Want To Change The World. Une fois encore, Gus G sera critiqué, mais est-ce pour son talent ou pour son look moins bûcheron ?
Le set touche à sa fin et c'est Crazy Train qui nous emmène vers les premiers rangs, voire même sur les épaules d'un homme bien sympathique (normal, il aime Ozzy). Le public est conquis et, même à bout de souffle, il en redemande. Enfin un peu de calme avec Mama I'm Coming Home, mais le répis qui nous est accordé est de courte durée. C'est évidemment Paranoïd qui vient donner le coup de grâce. Numéro 1 des charts britanniques à sa sortie (18 septembre 1970), ce titre n'a rien perdu de sa force de persuasion. L'énergie du groupe, comme celle du public, est palpable. Cette version à deux guitares est également un peu plus musclée niveau batterie, mais pourtant très proche de l'originale. Fabuleux.
Ozzy salue longuement la foule et s'en va. Pourtant, le public reste là et ne semble pas rassasié. Le Prince of Darkness revient donc se montrer, et Gus G commence à parlementer: l'envie est là ! Son patron est d'accord et, comme toujours, généreux avec ses fans qui l'ont toujours porté, parfois même à bout de bras.
C'est Flying High Again qui sera joué pour le plaisir de tous. Mais, après 18 ans d'absence en France, le Madman peut bien se permettre encore un petit extra. Pas n'importe lequel car c'est l'inattendu Into The Void qui terminera ce set de dingue.
Bien sûr, Ozzy Osbourne et sa bande quittent la scène alors que le public leur concocte un salut triomphal.
Merci Ozzy et à très bientôt !
Crowley