The Order Of Chaos
Après avoir vu les Canadiens sur scène, l’envie fut grande de les interviewer. Et donc passée la prestation de HELSTAR, j’ai retrouvé le bassiste Ryan King pour une conversation à bâtons rompus. Où finalement les questions fusent de part et d’autre et puis j’ai eu la joie d’avoir les autres musiciens pour une conversation passionnante qui n’avait plus rien à voir avec une interview structurée, ce 2 septembre 2012.
Interview par Mr Spok.

Présentez-vous en quelques mots.

RYAN KING : Je suis le bassiste de THE ORDRER OF CHAOS, cela fait presque un an que je joue avec eux. Le côté chouette de l’histoire, c’est qu’ils m’ont contacté le jour de mon anniversaire. J’ai reçu un coup de téléphone et ils m’ont demandé si je voulais rejoindre le groupe. Et bien sûr, pas de problème, j’ai foncé.

Comment définiriez-vous le Metal du groupe ?

RYAN KING : Je l’appellerai « Arena Rock », c’est le sentiment que vous avez lorsque vous allez à un concert de MAIDEN. Si vous voyez IRON MAIDEN sur scène, c’est un Show, un vrai. C’est heavy, rapide, mais c’est surtout un show.

En tant que groupe canadien, vous n’avez pas peur de subir le « ANVIL factor ». Devenir célèbre au départ de votre carrière puis tomber dans l’oubli ?

RYAN KING : Tout le monde a peur de ça. Mais c’est le lot des artistes. Mêmes les stars de cinéma lorsqu’ils deviennent célèbre parfois disparaissent puis reviennent et jouent dans des films qu’ils n’auraient pas accepté par le passé. Simplement parce qu’il faut revenir dans le jeu. Mais personnellement, je n’y pense pas. On vit au jour le jour, si on fait de la musique pour la gloire et l’argent, ça ne marche pas. Là maintenant, moi, je suis en vacances. Sérieusement, je sors du pays, je voyage et je rencontre des gens comme vous et je m’amuse. Et quand je rentrerai au Canada, je reprendrai le boulot. Je suis cuisinier.

Vous avez déjà cuisiné pour le groupe?

RYAN KING : Non pas du tout. En fait, on jamme, on répète, puis on joue et ensuite chacun va dans son coin. Et puis le lendemain c’est reparti pour un tour.

En tant que nouveau dans le groupe vous avez votre mot à dire pendant le processus de création ?

RYAN KING : Oui tout à fait. Si je viens avec une idée, on regarde tous ensemble ce que ça peut donner. En fait, l’idée est avalée par l’ensemble du groupe et cela devient une idée de THE ORDER OF CHAOS. Et puis on la travaille.

Le nom THE ORDER OF CHAOS se compose de deux termes opposés. L’ordre et le chaos. Vous n’avez pas peur que cela puisse sonner trop progressif et que certains s’écartent de votre musique parce qu’ils ont du mal à s’imaginer la musique qui va avec le nom ??

RYAN KING : Non, je ne pense pas. Je n’y ai jamais trop accordé d’importance dans ce sens. Je crois que cela va donner une idée de ce que les gens peuvent s’attendre. Quand on va voir un groupe tel que « Decapitated », on sait à quoi s’attendre. Vous pensez que le nom puisse déranger les gens ?

Je pense que le nom peut prêter à confusion parce que justement il y a cette opposition. Au sein d’un festival, un peu comme aujourd’hui avec seulement quelques groupes, on sait plus ou moins à quoi s’attendre, surtout avec des groupes tels LILIAN AXE et HELSTAR. Mais au sein d’un festival beaucoup plus important, je pense qu’on aurait difficilement une idée du style auquel on doit s’attendre.

RYAN KING : Oui, effectivement, je vois. Mais je n’ai jamais trop pensé au nom du groupe. Je bosse dans une cuisine et c’est une industrie. Et l’industrie, c’est tout à fait ça, on dirait un bordel mais il y a de l’ordre. C’est un ordre chaotique. Comme dans une cuisine, il y a une chaîne de commandement, c’est un peu le foutoir, mais tout le monde sait ce qu’il doit faire. Pour revenir au groupe, je n’y ai jamais vraiment trop pensé. Vous pensez qu’on devrait en changer ? (rires).

Non pas du tout, mais quand j’ai vu la photo du groupe avec une chanteuse, je n’arrivai pas à me faire à une idée précise du type de musique, j’avais plutôt tendance à penser au Gothique.

RYAN KING : Parce que nous avons une chanteuse ?

Ici, en Europe, on a une profusion de groupes gothiques avec chanteuse.

RYAN KING : Comme EPICA ?

EPICA n’est pas vraiment gothique. C’est plutôt du Metal symphonique.

RYAN KING : Ha, donc le nom et les photos vous ont guidé dans cette direction quant à la musique que nous allions jouer. Honnêtement, on n’y pense pas du tout. Rires. En fait, ce qu’on trouve chouette quand on joue dans des petits festivals au Canada, ce sont les gens qui viennent nous voir sans nous connaître et puis qui constatent que c’est une fille qui chante. Pas mal de spectatrices se disent inspirées et veulent faire la même chose. « Et mais c’est une fille qui chante, je veux faire la même chose » Rires. Vous pensez que le monde du Metal est un monde de mecs ?

Dans l’histoire du Metal, les premiers groupes des années ‘80 avec chanteuses n’avaient pas le succès que ce type de formation rencontre maintenant. De tels groupes n’arrivaient pas à obtenir la même reconnaissance qu’un MOTORHEAD ou MAIDEN.

RYAN KING : Un bel exemple, c’est ARCH ENEMY, c’est bien une fille qui chante !! Rires. Il y a pas mal de groupes avec chanteuse au Canada, pas toujours dans le même registre que nous. Mais ce sont des chouettes groupes.

Quels sont vos plans pour le futur proche ?

RYAN KING : On retourne travailler sur notre nouvel album. Le mini deux-titres qu’on vient de sortir vont s’y retrouver.

Vous pensez que la tournée actuelle va laisser des influences ou des idées ?

RYAN KING : Des influences, je ne pense pas mais des idées plus que certainement. Ne fut-ce que par la façon dont le public réagit à certains titres plus directs. En fait, si j’observe la façon dont j’écris, j’écris pour moi, j’écris ce que j’aime. Et puis on voit après. J’aime les titres qui explosent dans la tête, pour donner une image.

Vous n’êtes pas inquiets par l’intensité de la tournée. Vous jouez tous les jours et vous n’avez que deux jours de repos ?

RYAN KING : Je n’ai jamais participé à une tournée comme celle-ci. Généralement, on joue seulement quelques dates. J’ai également un autre groupe au Canada, on avait deux tournées conjointes, l’une après l’autre, de deux-trois shows. Là, j’étais crevé. Mais ici, je n’y pense pas, ça ne m’inquiète pas.

Ne souhaiteriez-vous pas pouvoir jouer plus longtemps sur scène et avoir plus de temps pour d’autres titres ?

RYAN KING : Bien sûr, on pourrait jouer entre une heure trente et trois heures. On l’a déjà fait avant. Dans cette tournée avec HELSTAR et EMERALD (NDLR : annulé ce soir-là pour des problèmes de matériel, dépité, le groupe a même jugé inutile de faire une interview), nous sommes qu’un groupe d’ouverture et on respecte ça, on ne joue que 40 minutes. Et c’est ainsi que ça fonctionne. Si le groupe qui ouvre dépasse son temps, la tête d’affiche doit réduire le sien, ils ne vont pas apprécier. Je pense qu’un bon show tourne entre 30 et 40 minutes. Je crois que les gens se lassent lorsqu’ils écoutent un groupe. Après 35-40 minutes, ils sont un peu fatigués, il y a des mouvements de foules, certains partent boire un verre. Et c’est pour ça qu’au Canada personne ne veut jouer tard. Nous nous essayons toujours d’avoir une place au milieu de l’affiche. D’autres jouent tellement tard qu’ils n’ont plus personne devant eux. Cela n’arrive pas avec les super groupes, si on va voir IRON MAIDEN, on a envie qu’ils jouent cinq heures tellement on aime leur musique. Si on voit un groupe pendant une durée réduite, il y a plus de chance qu’on soit vraiment satisfait de leur prestation. Les albums c’est la même chose. Les gens croient qu’ils doivent jouer pendant une heure sur un album. Le disque le plus fabuleux du Metal, c’est REIGN IN BLOOD de SLAYER, c’est moins de 30 minutes. Quand c’est fini, qu’est-ce qu’on fait ? On le réécoute. Et en une heure on écoute l’album deux fois. Si le disque dure une heure, on l’écoute et puis on le range, on en a marre.

L’interview aurait dû se clôturer là, mais alors que je dirige vers la ligne de départ pour rentrer, nous croisons les autres musiciens du groupe. Le brave Ryan King me demande si je suis toujours intéressé par une interview du reste de la bande, et je dis « bien sûr ». Et on retourne s’attabler pour une autre discussion à bâtons rompus qui part dans tous les sens les musiciens étant plus qu’heureux de visiter l’Europe et de goûter aux bières belges. Ainsi, le guitariste John Saturley et la chanteuse Amanda Kiernan aussi énergique côté scène que côté cours. Presque pas moyen de poser une question tellement ça fuse dans tous les sens. De-ci, de-là j’ai réussi à reposer les questions déjà soulevées dans la rencontre avec le bassiste. Les propos des musiciens ont été réduits à leur substantielle moelle pour éviter les digressions inutiles et les nombreux rires qui ont émaillés la conversation.

Quelles sont vos impressions sur cette tournée ?

AMANDA KIERNAN : On aime vraiment l’Europe, c’est un endroit génial. Les villes sont fabuleuses et la bière, c’est vraiment autre chose que la bière canadienne. Et puis ici, jouer c’est fabuleux, ça n’a rien à voir avec le Canada.

JOHN SATURLEY : Au Canada, on a vite fait le tour des endroits où on peut jouer du Metal quant à s’exporter aux USA, on peut l’oublier.

Etes-vous contents de votre prestation de ce soir ?

AMANDA KIERNAN : Vous avez vu comment ça se passe. On adore ça, le concert commence et la foule se rue vers le devant de la scène. C’est fantastique, ici ça se passe comme ça tous les soirs.

JOHN SATURLEY : Ça aide d’avoir une fille au chant, ça c’est sûr.

Vous composez tous dans le groupe, de la musique et des paroles ?

JOHN SATURLEY : Oui effectivement, chacun vient avec des idées et on les travaille ensemble.

AMANDA KIERNAN : En fait, peu importe qui apporte des idées, qu’il s’agisse de musique ou de paroles, on met tout en commun et ça devient un titre de THE ORDER OF CHAOS. Moi aussi j’apporte des idées.

A propos du nom du groupe, pourquoi et que signifie-t-il ?

AMANDA KIERNAN : Là on va vous chercher TIM c’est encore le seul qui est dans le groupe depuis le tout début. TIM RAMENE TOI !!

Bref, le duo appelle le batteur Tim Prevost à la rescousse. Le gaillard, aussi joyeux que ses comparses (grâce à) et avec une bière locale à la main se met à expliquer à grands renforts d’une voix forte, le pourquoi du comment du nom du groupe.

TIM PREVOST : On a choisi ce nom parce que d’une part le Metal est devenu un tel bordel avec tous ces genres et d’autre part parce qu’on a justement voulu y mettre de l’ordre. THE ORDER OF CHAOS prend tout ce qu’il y a dans le Metal et le transforme à sa sauce pour y mettre de l’ordre.

Débarque alors le deuxième guitariste John Simon Fallon, lui aussi une bière du cru à la main.

Vous devez être complètement déshydraté après un concert quand on voit les litres d’eau que vous transpirez.

AMANDA KIERNAN : Oui. C’est d’ailleurs répugnant (elle passe une main sur son crâne chauve) tellement il transpire « beark ».

JOHN SIMON FALLON : Je ne sais pas, c’est comme ça. A mon avis, c’est l’adrénaline du concert. Je fais de la musculation et dans ce cas-là, je ne transpire quasiment pas.