Xandria – Sacrificum
Napalm Records

Il y a des groupes qui osent indiquer clairement la direction. Alors que souvent, on termine par la pièce la plus longue, XANDRIA ouvre les hostilités avec la plage titulaire pour plus de dix minutes. Le gros avantage, c’est qu’ils placent là leur introduction au récit et peuvent ensuite lancer la machine symphonique à fond la caisse.

Bref, on a du symphonique avec gros riffs et grosse rythmique bombardante, des passages résolument classiques, du chant féminin, des chœurs tendance opéra. La totale du registre en même pas quatre minutes. Alors évidemment, si on aime le style on est comblé et la personne qui découvre le groupe ou l’album, sait à quoi s’en tenir. Au rayon honnêteté, c’est le maître-achat quelque part.

Alors évidemment, on pourra toujours reprocher au groupe de poursuivre des aventures en territoire connu. Et fondamentalement on est effectivement confronté à un album sans grandes surprises. On passe allègrement d’un plage à l’autre avec délectation, mais sans réellement pousser de grands hurlements orgasmiques. Notez qu’emporté par la rythmique, les jambes et les cheveux se secouent tout seul en pilotage automatique et fondamentalement, c’est bien ce qu’on attend d’un tel registre, qu’ils nous emporte la tête.

D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, il ne viendrait à que personne l’idée de se plaindre qu’ AC/DC fait du AC/DC. Bref, les amateurs pourront se pourlécher les babines, XANDRIA a défaut de faire preuve d’une originalité profonde (mais le Metal Symphonique en a-t-il besoin ?) illustre avec brio le genre, et ce sans jamais faire honte au style dont ils se revendiquent.

Par-ci, par-là, on a même parfois une petite touche folk au sein du relativement calme The Undiscovered Land, nous offrant là un titre à tiroirs qui mélange les genres avec bonheur. Ce qui permet au groupe de rebondir sur du plus rapide et tranchant. Même la ballade de rigueur ne peu s’empêcher de partir en vrille et le groupe nous assène un deuxième coup de maître mâtiné de folkleries sympathiques Temple Of Hate.

Le problème général de XANDRIA et d’autres qui officient dans un domaine identique, c’est qu’ils ont souvent tendance à remplir le CD jusqu’à déborder. Et nous offrent donc près de septante minutes d’un bonheur certes intense, mais trop répétitif et pas assez varié. Bref, c’est un peu comme un Van Gogh qui se lance dans des variations sur un même thème. Il y a donc énormément de similitudes et parfois on aurait bien envie d’autre chose.

Paradoxalement, cette très grande cohérence et cette trop grande quantité nuisent quelque part à l’album. On ne s’ennuie pas, mais les plages n’ont pas tendance à rester dans la tête. Chacune est éclipsée par la suivante et on passe de l’une à l’autre sans trop sentir les différences à par un éventuel changement de tempo.

Cette superbe illustration du genre nous renvoie au célèbre adage : l’excès nuit en tout. Dommage car un album plus réduit aurait permis au groupe d’augmenter son impact et n’aurait porté aucun préjudice à la qualité bien présente sur cette, malgré tout, très chouette galette.

Mr Spok


7,5/10