Fusée intersidérale lors de ses joyeux débuts, le groupe avait réussi à enflamme la planète Metal par un mini album (appelé EP à l’époque) AS UGLY AS THEY WANNA BE, suivi dans la foulée par un album tout aussi survolté AMERICA’S LEAST WANTED. Et se succédaient les hits, les bombes et autres joyeusetés qui répondaient aux noms de Everything About You (avec un clip réalisé pour une poignées de dollars et dont la moitié du budget avait dû passer dans la poupée gonflable utilisée pendant le tournage), Neighbor, Cat’s In the Cradle. Ceux qui ont eu la chance de les voir sur scène, dont votre serviteur, se souviennent encore du bonheur intense qu’on avait à se laisser headbanger sur leur musique musclée, entraînante et drôle à la fois emmenée par des musiciens décontractés (en bermudas) mais franchement efficaces.
Mais patatras, par la suite, pas moyen de retrouver l’étincelle du début, le MENACE TO SOBRIETY qui suivi s’enlisait péniblement et le MOTEL CALIFORNIA qui pris le dernier relais marqua la dissolution du groupe. Rideau. On vit même le chanteur faire l’intérim du côté de LIVE OF AGONY, c’est vous dire si le groupe était au purgatoire.
Et voilà que sans crier « gare », ils redébarquent les vilains garnement, bon, les cheveux ne sont plus aussi longs mais qu’en est-il de la musique ? La première plage Devils Paradise renoue malheureusement avec les erreurs de l’album MENACE TO SOBRIETY et plus d’une écoute sera nécessaire pour convaincre. Les accords étirés, les riffs très lourds, ça ne nous déride pas vraiment, la voix semble plus agressive que franchement délirante. Sans être mauvaise, la plage peine à convaincre directement.
Et puis paf, le bonheur, on entend enfin cette voix granuleuse mais mélodique en même temps et ces riffs secs sur une rythmique carrée. Avec You Make Me Sick, le groupe a retrouvé ses marques et c’est le bonheur assuré. Les guitares et les doigts sont en forme, la tête se souvient qu’il y a des cheveux à secouer sur le rythme de la musique et on savoure chaque seconde. Combinaison des deux, le No One Survives maintient la pression, modulant ses effets entre accélérations et passages feutrés.
Le martèlement carré simplissime mais royalement efficace de la rythmique nous captive dès les premières secondes. Et on plonge avec délectation dans I’M Alright. Le groupe nous rappelle même le AC/DC du titre Dirty Deeds Done Dirt Cheap avec son break , c’est vous dire le degré d’efficacité de la chose. Le groupe nous plonge encore dans un autre univers, avec un chant un rien rap, mais des guitares bien rudes et des cuivres qui s’avèrent autant surprenant qu’incongrus, mais la plage marche Love Ain’t True nous captive. Il faut dire que le solo vaut son pesant de cacahuètes et qu’on sent bien que les gaillards ont conservé leur seul de l’humour. Tout va bien.
On passe ensuite au très BEATLESien Another Beer. Acoustique et sympathique mais un peu vain. Ce passage acoustique est certainement destiné à nous préparer à la deuxième aprtie de l’album. Tout d’abord une version acoustique de « leur » succès Cat’s In The Craddle (qui est en fait une reprise d’un morceau folk de Harry Chapin de 1974). Alors même si leur version de ce titre est une bombe, en acoustique ça donne moins bien évidemment. Surtout que s’ensuivent deux autres plages acoustiques Would You Like to Be There qui sonne fort George Harrison (regretté guitariste des BEATLES) et une reprise amplis débranchés de No One Survives.
Alors oui, les deux gratteurs Klaus Eischstadt et Dave Fortman respirent autant la forme que les cordes vocales toujours aussi acérées de Whitfield Crane. Et la section rythmique basse Cordell Crockett / batterie Shannon Larkin n’a rien perdu de son mordant. Mais mine de rien le ton général de fin d’album a royalement refroidi notre ardeur, d’où la cote assez restreinte. Il faut dire qu’on s’attendait à nettement mieux aussi eu égards aux bons souvenirs que le groupe nous avait laissés.
Quelques excellents morceaux qui valent néanmoins franchement le détour, négociez cependant un achat à demi-prix. On attend un véritable album, digne de ce nom, avec une bonne dizaine de titres qui déménagent à fond. La suite au prochain numéro donc.
Mr Spok