Au rayon des virtuoses de la guitare, GEORGE BELLAS nous gratifie régulièrement de ses créations vu qu’il dispose d’un catalogue de près de vingt galettes royales où, outre son propre travail, il a côtoyé des pointures telles Uli Jon Roth et Joe Stump. Outre les compositions, le gratteur prend en charge la basse et les claviers, laissant la batterie à son complice Marco Minnemann. Pas avare pour un sou, le musicien nous gratifie de quinze plages et septante minutes de musique. alors évidemment, les allergiques aux pérégrinations des doigts sur manche vont passer leur chemin, pas besoin d’aller plus loin.
Un petite introduction qui donne le « la », Into The Unknown ouvre l’appétit, la virtuosité de dévoile à toute vitesse. Et même si le processus reste identique pour la six-cordes sur Dimension Portal, l’ambiance se nourrit du clavier et d’une batterie efficace qui n’en fait pas des tonnes, l’ensemble sonnant tour à tour « musique de film » ou « musique religieuse » avec de nombreuses digressions des cordes qui relancent l’intérêt. Car la principale difficulté de ce type d’exercice consiste à conserver et relancer l’attention de l’auditeur. Et sans sourciller on transite vers Out Of Body qui poursuit dans la même veine.
Difficile d’éviter les comparaisons avec les incontournables du genre, le Fabric Of Space And Time possède un air certain de Steve Vai. Mais cela permet de marquer la rupture avec les deux plages précédentes. Et de constater à quel point le gaillard ne souffre d’aucune lassitude ou crampe dans les doigts tant le phrasé soliste s’avère constant, mais attention, ici, pas de frénésie intempestive, il s’agit de pouvoir capter la mélodie.
Et le gratteur d’alterner passages flamboyants et ultra rapide avec d’autres plus aérés où les notes peuvent s’imposer dans un environnement non saturé. Combinant l’ultra-rapide et le modéré, Hyperspace, privilégie cependant une vitesse certaine et se plait à multiplier les accélérations après les moments calmes. Et vas-y que je me défoule les doigts à fond la caisse sur un Rip In The Continuum bien emmené qui poursuit dans la même veine.
Changement d’ambiance avec Curiosity qui modèle le tempo et l’énergie. Tandis que le Apparition qui suit nous propose une rythmique carrément progressive sur une mélodie de guitare mélancolique qui finit par s’effacer derrière les claviers. La batterie conserve cette importance et cette approche prog sur Magnetic Anomality.
Le guitariste profite de le longueur de Visiting An Alien World pour se faire un rien jazzy, histoire d’insister sur l’éclectisme qui est le sien et dont personne de doute d’ailleurs. Vient ensuite le Interdimensional Travel qui s’étire sur plus de onze minutes et qui ressemble plus à une symphonie ou une bande originale mais pas vraiment fantastique (écoutez ça pendant le générique de l’importe quel film policier et ça colle). Alors évidemment dans toute cette ambiance, les guitares sont assez discrètes et ce n’est pas le déferlement délirant aux distos à fond qu’on pourrait espérer.
Les autres plages, Heightened Awareness, On The Other Side et Transcendental n’offrent rien de plus, mais remettent clairement la guitare électrique au sommet, poussant un rien sur l’accélérateur et, évitant de noyer la bête dans des eaux symphoniques.
Alors évidemment, quand on est virtuose on étale ses connaissances, avec un maximum d’inventivité pour ne pas passer pour un prétentieux inutile : rythmiques emballantes, harmonies, gammes, contrepoints, c’est un peu la totale d’un cours de musique classique appliqué au Metal, sans compter les autres digressions sonores. Les galopades digitales sur cordes sont légions, les changements de rythme au sein d’une même plage fréquents, et les ambiances concentrées dans le Metal classique, voir classieux. Mais le fait est que ce type d’album s’adresse principalement aux musiciens qui vont être à même de pouvoir savourer les multiples finesses des interventions. Et que le fan de base aura déserté bien avant la fin. L’artiste devrait faire saliver ses fans, mais eux seulement.
Mr Spok