Dixième galette studio pour les hard rockeurs stoners emmenés par le seul maître à bord, le seigneur chanteur et guitariste Dave Wyndorf. Disposant d’une sacrée personnalité, on peut remarquer qu’il a tendance à faire fuir ses comparses vers d’autres horizons. Phil Caivano, le membre le plus ancien a rejoint le groupe en 1999, alors que MONSTER MAGNET a vu le jour en 1990. Les autres ayant intégré les rangs par la suite. Le batteur Bob Pantella en 2004, le lead guitariste Garrett Sweeny en 2010 et le batteur Chris Kosnik en 2013. Bref, un groupe qui a un peu tendance à user ses musiciens.
Ouverture en douceur minimaliste, I Live Behind The Clouds épuré au maximum, se contenant de reprendre la même note répétée à l’infini de façon lancinante, prend son temps pour démarrer sans fracas. Passé cette longue intro somme toute assez psychédélique, le riff lourd simplissime souligne le chant sur une rythmique aussi basique qui va finir par lancer un sympathique solo avant de retourner dans la phase minimaliste du début. Finalement, c’est un peu les DOORS, sans le clavier mais avec un grosse distorsion.
La plage titulaire s’ouvre sur un son résolument garage, sorte de série B du Rock qui colle bien au titre qu’on croirait issu d’une série B aux décors et effets spéciaux pourris des années ’70. Cependant, à nouveau la sauce prend et on se laisse emporter par cette optique assez minimaliste, qui mélange le hard rock et le psychédélique. On a même droit à un premier long solo très vintage avant le premier tiers du titre. Le riff hypnotisant se poursuit encore sur une deuxième partie avant que le chant ne reprenne pour lancer un deuxième solo qui ne s’achèvera qu’à la fin du morceau. Malgré ses près de dix minutes, une plage envoutante.
Les Three Kingfishers plonge à fond dans le psychédélique lors de son introduction, mais bifurque ensuite vers une lourdeur assez sabbathienne, mélangeant les deux ambiances pour son solo. La lourdeur et la lenteur restent de mise jusqu’à la fin. Toujours cet univers type années ’70, Paradise sent le futal à pattes d’éléphant, les rouflaquettes mal rasées, les chemises à fleurs, son rythme hypnotisant nous transporte tel les circonvolutions d’un serpent à sonnette.
Chers frères et chers sœurs, l’ambiance se fait plus musclée et pesante pour un Hallelujah aux airs de prêcherie du type prédicateur allumé de films de série B voire de zone Z. Cette impression nous poursuit pendant le Mindless Ones mais la montée d’adrénaline finale vaut son pesant d’énergie. Nappe de clavier et guitare acoustique lancent The Duke. L’électricité vient ensuite faire une apparition ténue mais remarquée.
Le groupe part en roue libre pour un End Of Time au rythme bien plus énervé. La durée de la plage lui permet de faire varier les ambiances, guitares électriques, guitares débranchées, mélange des deux, bruits de fonds. La grande réussite de la bande est d’être particulièrement passionnante quand les titres s’allongent. Alors que dans d’autres registres, c’est souvent lassant, ici, le groupe à la chic pour faire monter la sauce et captiver d’un bout à l’autre. Avec Stay Tune, ils nous offrent à nouveau un petit trip final que ne renierait pas la bande à Jim Morisson.
Plonger dans l’univers de MONSTER MAGNET, revient à faire un trip sous acide dans le passé. Le côté épuré, voire simplissime, des compositions pourraient en rebuter plus d’un, mais le fait est que malgré l’aspect apparemment dépassé de sa musique, le groupe, même s’il reste souvent dans le même registre, réussit à ne jamais lasser. Ce qui représente quand même un sacré tour de force dans cette division ou les casse-pieds sont légions.
Mr Spok