The Savage Playground est le 4ème album studio de Crashdïet, le band de sleazeux suédois devenu une référence dans le style. Trois années se sont écoulées depuis Generation Wild, pour voir naître cet album indispensable dans sa discographie de sleaze.
Change the World donne le ton et déjà notre combo de choc - Martin Sweet, Peter London, Eric Young et notre crêteux Simon Cruz se déchaînent. Le titre débute par des paroles, comme tirées d’un journal télévisé ou d’un discours et déjà on y comprend la direction philosophique du band : le monde qui nous entoure nous ment et est corrompu. La suite des paroles est en lien avec l’Eglise. Le combo se veut libre de penser, sans se laisser manipuler ; ils cherchent LA vérité et veulent se battre jusqu’au bout pour leurs idées. Ce qui est très appréciable dans ce titre, c’est la diversité : on passe de parties plus « commerciales », à des parties musicales – solos – puis un petit discours pour terminer en force sur le thème principal de la chanson.
Enfilez vos Santiags et sortez vos lassos, ça va déménager...en ambiance cowboy. Cocaine Cowboys, sorti aussi en single, aborde le sujet d’une substance planante et de ses vices dénoncés par nos musicos. Riff Gras et ambiance southern se mêlent pour un résultat détonnant. La voix du crêteux est juste magnifique sur ce titre : le côté rocailleux est bien mis en avant par cette lourdeur du riff. Le petit solo en plein track avant un moment de répis est vraiment sympa.
Après un voyage dans une ambiance western, retrouvons les influences punky du groupe, pour prêcher l’Anarchie à grand coup de sono à fond. Anarchy est un titre qui aurait pu faire partie de l’album précédent, tant il est dans le même style. C’est ainsi qu’avec 2min57 de track efficace nous faisons marche arrière dans la discographie des sleazeux, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Notons déjà la présence des cœurs de part et d’autre des morceaux qui donne très très bien et qui seront exploités le long de The Savage Playground.
California, également sorti en single est un retour au calme après avoir hurlé à l’anarchie. Plus posé, ce titre est très mélodique et bien construit. Les chœurs omniprésents sont vraiment un plus et on peut dire que Crashdïet innove, tout en gardant l’esprit de ses débuts. Que de bonheur. L’appel-réponse du solo de gratte avec la partie basse, succédé de deux chants différents –bien maîtrisés- de Simon puis repris par le chœur pour terminer le titre, c’était vraiment une excellente idée.
Dans un tout autre registre, Lickin’ Dog est la chanson un peu simple de l’album, mais le message des paroles y passe bien. La note jazzy au piano en fin de track et les quelques bruitages donnent plus de corps au titre au son plus commercial. Jusque là l’agencement des titres au cœur de l’album est bien pensé : on y perçoit bien la variété au sein de l’opus.
C’est maintenant dans un tout autre registre et tempo que s’exécute Circus. Il s’agit là certainement du HIT de l’album car tous les ingrédients y sont réunis : riffs efficaces, refrain entêtant, chœurs et peps.
Après l’écoute de ces quelques titres, on peut déjà en conclure que cet album va élargir le registre du band. On se demande de quoi sera fait le prochain album ; s’il va rester dans cette lignée de variété et d’innovations.
Au tour de Sin City, qui n’a aucun lien avec le film de Frank Miller et Robert Rodriguez, même s’il aborde également une ville où le vice et le péché sont omniprésents. Les bruitages de machines à sous font penser à Las Vegas où les hommes dépensent leur cash à en perdre toute moralité. Ainsi les paroles : « You're just the carpet, but think you own the town, you think that you live the American dream…>> me semblent assez explicites. Le band dénonce ici cette société qui ne sait pas se consacrer aux choses simples de la vie, mais qui a besoin de toujours plus d’artifices pour se satisfaire.
Got A Reason et Drinking Without You sont deux bons titres, sans plus. Les refrains y sont accrocheurs, les compos bien pensées. Deux titres sympas. Snakes in Paradise, quant à lui, me semble plus réfléchi : dès le début, le sifflement du serpent nous met dans l’ambiance. Les chants sont lancinants et chuchottent, tels des serpents. Des claviers imitant le violon viennent rythmer le poids des paroles du refrain « There are snakes in Paradise » et clotûrer le titre en crescendo, ce qui donne un côté dramatique au titre.
Damaged Kid reprend la suite des titres par du tempo rapide et des riffs bien placés. Du Crashdïet efficace, suivi par Excited, rythmé par une pendule. Titre relativement plat, il assure une très bonne transition avant la perle que sera Garden of Babylon. Et oui, l’album se clôture déjà avec un morceau qui se démarque des autres par sa longueur et son riff hispanisant. Encore un mélange hasardeux, mais qui réussi au band. Les grattes orientales contrebalancent la rage vocale désespérée du crêteux. Une véritable pièce maîtresse du groupe !
En gros, The Savage Playground est un album peut-être un peu moins pêchu que les autres, mais quelle recherche musicale et quels mélanges...On ne s’ennuie pas à un seul moment et on reste en haleine, aux aguets pour entendre la suite. Personnellement, j’ai découvert Crashdïet il y a peu et j’ai assez facilement adhéré au style. Mais là, à l’écoute de cette diversité, je suis conquise. J’attends de voir la suite...
Jool's