Dream Theater allait-il survivre au départ de son membre fondateur, compositeur et batteur du groupe : Mike Portnoy ? Apparemment Mike « Patator » Portnoy aurait voulu rejoindre Avenged Sevenfold. Ces derniers lui auraient fait miroiter la possibilité de devenir un membre à part entière du groupe pour se raviser peu de temps après. En attendant John Petrucci et consorts auraient été vexés par l’intérêt que portait Portnoy pour d’autres formations et auraient donc refusé à MP de réintégrer Dream Theater. Quelle histoire !
Et bien force est de constater que non seulement le groupe a survécu mais il se porte mieux que jamais ! Merci pour eux ! Et ce cher Mike Portnoy qu’on adore ? Et bien il est en train d’écrire une page de sa carrière peut-être aussi belle que celle de Dream Theater ! Il officie en effet full time au sein de The Winery Dogs. Groupe qu’il a fondé avec le légendaire bassiste Billy Sheehan et le chanteur guitariste Ritchie Kotzen (Mötley Crue). Leur premier album est un énorme succès et la formation possède déjà un « nom » à l’échelle internationale. Bref ils cartonnent les bougres.
Donc puisque tout le monde va bien, parlons un peu de la dernière réalisation de « Your Majesty » (nom du fan club français officiel de Dream Theater, et que par extension certains fan utilisent pour les dénommer).
Mike Mangini, lui aussi batteur de niveau exceptionnel qui pour la petite histoire enseigne à la célèbre Berklee Musical School, inculque un style clairement moins musclé que son prédécesseur. Mais certainement plus varié ! Je sais, c’est aventureux de supposer qu’un batteur puisse surpasser Portnoy ! Et ce n’est pas ce que je dis ! Simplement Portnoy voulait certainement donner à Dream Theater un côté plus métal. Et je trouve qu’avec Mangini, plus de finesse peut ressortir des morceaux. Ce dernier est extrêmement talentueux et peut si besoin est également endosser les habits de « frappeur fou ».
Mike Mangini était déjà derrière les fûts pour l’album précédent mais n’avait pas pu trop influer sur les compositions car l’album était déjà écrit lorsqu’il rejoignit le groupe.
On sent d’ailleurs que pour l’album éponyme qui fait l’objet de cette chronique, le jeu de Mangini fait partie intégrante des morceaux et des compositions. Et donc comme déjà écrit plus haut, il influence inévitablement le « nouveau Dream Theater ».
Mais DT reste DT ; Et peut-être la raison pour laquelle cet album est éponyme serait un moyen pour le groupe de dire : « Dream Theater a dépassé la somme de ses membres, pour devenir un style, une identité, une musique qui existe d’elle-même, qu’on respecte ».
Ce qui est fou lorsqu’on écoute cette dernière réalisation, c’est qu’on se dit : « Ben oui bien sûr c’est Dream Theater tels qu’on les a toujours connus ». Et ce malgré les changements de line-up (et surtout le dernier !)
L’ouverture de l’album est intitulée False Awakening Suite et se subdivise (comme souvent dans les albums un tant soit peu progressifs ou symphoniques) en trois parties. Ici je dirais que la couleur est annoncée très tôt : mais quelle est-elle : l’absence de Portnoy ne remet évidemment pas en cause les superbes pages que DT a écrites avec ce dernier ! Plus encore : Le style plus théâtral qu’a apporté Jordan Rudess est bien là. Et c’est d’ailleurs la principale influence sur cette plage.
Suit le single imparable The Enemy Inside qui est la photographie actuelle de ce qu’est Dream Theater à l’heure actuelle : plus mélodique et certainement offrant plus de marge aux quatre membres assurant la continuité. Et tout cela s’avère être « un jeu à somme positive » dans la mesure où Mangini trouve autant de place que ses illustres collègues au sein de cette redoutable mécanique progressive.
The Looking Glass est certainement le morceau qui reflète la plus grande place prise par John Petrucci (guitares et principal compositeur). Et une chose est sûre : les deux leaders historiques du groupe étaient Portnoy et Petrucci. Le départ de l’un a forcément fait de l’autre le leader incontestable du groupe. Ce morceau possède un riff de Petrucci qui est lumineux. Pour les fans, du même acabit que celui figurant sur Innocence Faded (album Awake).
Enigma Machine est un instrumental qui démontre (comme s’il en était encore besoin) que non seulement les cinq sont de sacrés virtuoses, mais jouent ensembles avec une coordination qui ferait pâlir d’envie les Championnes du Monde de natation synchronisée. Ces cinq-là vont donc forcément parcourir un passionnant chemin ensembles. Et The Bigger Picture en est un parfait témoignage ! Les claviers de Rudess se conjuguent à merveille avec un mid tempo de Mangini. Le chant de Labrie est tout en sensibilité. Le piano joue un rôle important dans ce morceau apaisé et très dramatique. Et puisque le maître Rudess est en verve, pourquoi ne pas prolonger le plaisir avec Behind The Veil ? Morceau sans concessions tout en gardant cette patte majestueuse (grâce à Rudess notamment).Complexité et « catchiness » se combinent encore ici magnifiquement. Alone For The Ride nous prend alors aux tripes. Guitares acoustiques, mélodies vocales magnifiques et guitares électriques qui sont là pour surligner les émotions palpables. Superbe ! Le véritable protagoniste est ici James Labrie. Et puis, comme souvent, DT clôture l’album par une composition qui dépasse les vingt minutes. Même le titre est long : c’est dire ! Illumination Theory : Paradoxe de la Lumière Noire/ Live, Die, Kill/ the E. Alors, est-ce que la musique qui se cache derrière ce titre tient la comparaison avec les A Change of Seasons ou autre Octavarium ? Et comment ! DT est décidément devenu maître dans cet exercice qui est si propre à son ADN musical.
A l’issue de cet album éponyme on peut affirmer sans prendre trop de risques que DT a trouvé un équilibre qui dure maintenant depuis déjà bien longtemps. Et ce pour notre plus grand plaisir !
Ignacio