Depuis leur formation en 1979, les Metaleux de TROUBLE nagent dans la mouvance BLACK SABBATH avec une préférence marquée pour des textes à références religieuses. Mais comme bien d’autres, malgré un succès d’estime, il n’ont donc connu qu’une gloire, éphémère et limitée, avec au menu séparation, retour après des années d’absence et nouveaux albums après reformation, valses de chanteurs, ça c’est pour faire court et laisser plus de place à la critique du dernier album.
Le groupe s’est souvent caractérisé par un rythme assez lent qui doit faire fuir les adorateurs de Speed, Symphonique et autre Thrasherie Metal. Ils auraient tort. La plage qui ouvre THE DISTORTION FIELD, When The Sky Comes Down commence en trompe l’oreille, lentement, pour mieux passer à la vitesse supérieure et moduler le tempo afin de subtilement souligner les accélérations qui mettent en exergue la voix rugueuse et énergique de Kyle Thomas (qui fait souvent penser à John Bush d’ANTHRAX et ARMORED SAINT d’ailleurs), ou de lancer un solo clair et inspiré.
Difficile de rater la filiation avec la bande à OZZY et TONY IOMMI quand une chanson s’intitule Paranoid Conspiracy. A nouveau les guitares de Bruce Franklin et Rick Wartell s’avèrent particulièrement inspirées. Car mine de rien, malgré les nombreux tâcherons qui ont vainement tenté de ranimer la flamme du Samedi Noir, aucun n’a jamais réussi aussi bien que TROUBLE. Le groupe arrive à aligner les plages captivantes avec une facilité qui frise l’insolence. Le son particulièrement clair fait ressortir les instruments et la voix, ce qui rend les titres parfaitement efficaces. Ainsi le The Broken Have Spoken et son mid-tempo musclé. Où les guitares se partagent la proéminence avec un chant puissant et envoutant.
Le rythme se fait un rien plus nerveux pour un Skin Or Swim aussi captivant que les plages précédentes. Une introduction acoustique pour One Life qui bifurque alors vers l’électricité en conservant cette lenteur destinée à mettre l’énergie en exergue, et laisse le tempo parti en vrille pour le solo. La ballade Have I Told You remplit son office, bénéficiant d’une superbe mélodie à la guitare. Hors de question de rester trop longtemps dans un univers aseptisé, le groupe, en plein forme, relance la machine avec fureur pour la suite Hunters Of Doom, Glass Of Lies et son ralentissement étendu en fin de plage, Butterflies qui enchaîne sur un rythme lent et lourd et Suckers qui nous replonge dans un déluge de riffs, de vrombissements de batterie et de chant percutant.
Ambiance plus psychédélique avec la wha-wha sur The Greying Child Of Autumn, mais une déferlante moins déjanté et nettement plus carrée nous change l’atmosphère avec qu’on ne replonge en plein trip qui se poursuit sur le très court instrumental Bleeding Alone avant une dernière incursion en pays du Samedi Noir pour un long et lent Your Reflection, une plage en trop car cette fois-ci la sauce ne prend pas vraiment. Dommage, d’autant plus qu’on n’est pas arnaqué sur la durée avec les douze autres titres.
Le temps qui passe n’a pas rouillé le Metal de TROUBLE, grâce à un chant fabuleux, l’album reste passionnant du début à la fin. Une des grandes qualités du groupe résidait dans la voix de son premier chanteur Eric Wagner, force est de reconnaître que son remplaçant n’a rien à lui envier Mais ce n’est pas que la voix, les compositions aussi tiennent la route et évident de déclencher des bâillements, comme c’est si souvent le cas dans ce registre. Les deux maîtres des cérémonies six-cordiennes s’avèrent toujours aussi doués pour avoir le riff qui accroche et les soli qui captivent. Ce huitième album du groupe prouve de façon éclatante que les combo respire la santé. Un must pour les fans, et pour les amateurs du genre qui ne le sont pas encore.
Mr Spok