D’emblée, soyons clair : la sortie d’un nouvel album d’Avantasia ne doit plus être considérée comme un événement pour les seuls adorateurs d’Edguy ou plus simplement de Tobias Sammet ! Et ils sont nombreux ! En effet, Avantasia a depuis longtemps dépassé le simple statut de Side Project du cher Tobias. Au contraire même, non content d’avoir fait de cette aventure son projet principal (et d’avoir donc laissé de côté Edguy), notre Teuton métaleux préféré des années 2000 a réussi à faire d’Avantasia un immense succès commercial (et d’estime) ! Rendez-vous compte, l’ensemble des albums parus sous cette appellation se sont écoulés à plus de trois millions d’exemplaires ! C’est absolument énorme au vu du contexte économique de l’industrie du disque ! Mais comme souvent dans ces cas-là, il n’y a pas trop de hasard : la qualité transpire tout le long de chacune de ces réalisations. Et ce n’est pas la dernière en date qui viendra contredire ces propos.
Pour l’occasion, Tobias Sammet s’est offert un orchestre symphonique. Mais le fan de métal averti est bien conscient que métal et orchestration symphonique ne font pas forcément bon ménage ! Je ne citerai pas de noms mais nombreux sont les exemples où de tels types de collaborations se sont avérées n’être que des prétextes pour…… utiliser un orchestre symphonique. Une première question légitime que l’on peut donc se poser est la suivante : Est-ce que Sammet a su utiliser cette collaboration à bon escient ?
Sur la plage d’ouverture, Spectres, le début de l’intro fait penser aux albums solos de Luca Turilli de par la présence de claviers un peu « cosmiques ». L’influence d’Ayreon ne sera d’ailleurs jamais bien loin ! Une fois cette intro inhabituelle passée, on se dit à l’écoute du refrain que nous avons peut-être à faire au plus Edguyen des albums d’Avantasia. Mais cette supposition s’effondre assez vite et nous laisse quelque peu (agréablement) surpris à l’écoute d’ambiances qui renouent avec un style qu’Arjen Lucassen affectionne. Au-delà de toute référence, une première constatation s’impose à nous. Le « style Sammet » est immédiatement reconnaissable. Et c’est déjà un grand mérite pour un projet qui se veut la collaboration de multiples musiciens ! Mais ce qui est surtout frappant ici, c’est que TS arrive à réinventer le « style Avantasia ». Un peu comme un groupe à part entière qui évoluerait au fil des albums.
Toutefois, les réminiscences d’Edguy sont encore fort présentes dans cette réalisation. Et pas forcément d’albums plus récents du célèbre quartet. En effet, The Savage Poetry pourrait être cité et notamment au travers de la plage (presque) titulaire de l’opus : The Great Mystery qui fait étrangement penser à The Sands Of Time. L’autre extrait qui nous renvoie à l’époque The Savage Poetry s’intitule Black Orchid. Le style est tout en progression. Pas une progression dans l’esprit rock progressif mais plutôt un crescendo symphonique. Et tant qu’on évoque Edguy, Theater Of Salvation peut également se targuer d’avoir en quelque sorte « enfanté » d’un The Cross And You qu’on croirait tout droit sorti de l’album aux tons rouge et or.
L’album reste extrêmement varié et le Power Speed Metal possède un excellent ambassadeur dans cette galette : Dweller In A Dream redonnera du « boost » qui viendra encore enrichir la palette musicale de l’ensemble.
Afin de rester fidèle à la philosophie musicale de ce projet (et à celle de son créateur), je citerai les invités les plus illustres en vrac (sans leur associer les morceaux où ils apparaissent).
Car Avantasia se veut un Opéra Rock certes, mais qui possède une identité (un peu comme si ses membres changeaient en partie sans en modifier l’âme). Identité fortement inculquée par Sammet mais qui arrive à chaque aventure d’Avantasia à nous donner l’impression d’une réalisation collective mais également extrêmement cohérente. Et qui garde cette identité au fil des albums tout en évoluant. Les références à certaines époques d’Edguy ne sont pas un hasard tant un tel projet, s’il est réalisé dans une approche Opera Rock, a besoin de liant. Dire que Tobias Sammet serait ce liant serait un raccourci facile. Non, tout simplement la magie opère entre tous ces musiciens qui participent à ce projet comme s’il était pour chacun d’eux leur « Day Job ».
Citons donc parmi les nombreux invités Joe Lynn Turner (Malmsteen), Michaël Kiske (Helloween), Arjen Lucassen (Ayreon), Biff Byford (Saxon), Eric Martin (Mr Big), Ronnie Atkins (Pretty Maids) et bien sûr Tobias Sammet.
Les orchestrations sont magnifiques et bien utilisées et sont au service de la musique (et pas le contraire). Les invités (chanteurs et musiciens) peuvent s’exprimer dans des morceaux qui leurs conviennent parfaitement. Et leurs apports respectifs font de Sammet un magnifique directeur de casting.
Qu’on se le dise : Avantasia possède une âme, qui varie, évolue et se bonifie au fil des réalisations. Sammet va-t-il mettre en suspend ce projet comme on a pu l’entendre ici ou là ?
En tous les cas, The Mystery Of Time laissera l’auditeur sur un sentiment de plénitude musicale. Et le fan d’Avantasia avec le sentiment que ce superbe monstre musical possède en lui la force de continuer à nous surprendre !
Nous, en tous les cas, on le souhaite ardemment !
Ignacio