Et voilà déjà le 8ème album studio pour cette infatigable voix du Metal. La seule nouveauté flagrante, consiste en l’arrivée de nouveaux musiciens tous deux issus du groupe WIG WAM : le guitariste Trond Holter et le bassiste Bernt Jansen. D’emblée, musicalement, on sent une hargne nouvelle, une énergie réinventée. Attention, ce n’est pas une révolution, le gaillard n’a pas changé son fusil d’épaule, mais l’adjonction de ce sang frais fait du bien. Le premier titre Overload et son solo qui s’étire, montre bien que le chanteur laisse plus qu’un peu d’espace aux autres musiciens.
La bande confirme avec le riff, et son air de déjà entendu quelque part, de Cancer Demon. Ils tiennent bon le cap du Metal qui déménage. Il faut dire que le timbre de voix du gaillard ne s’avère pas spécialement calibré pour les bleuettes. Et les duos des guitaristes, Trond Holter et Jimmy Iversen s’en donne à cœur joie. Un enthousiasme qui ne faiblit pas sur la plage titulaire. Traveller fait des merveilles dans les cheveux, la tête et les jambes. De facture classique, voir même classieuse mais jamais pédante, le titre déménage comme une équipe d’armoires à glace. Gros riff, voix royale, rythmique d’enfer, doigts en roue libre sur les manches. Plus qu’un titre, une leçon de savoir-vivre Metal.
Difficile de ne pas penser au groupe de Dee Snider, le WIDOW MAKER qu’il avait créé après le split de TWISTED SISTER. Sur ce Widow Maker-ci, c’est la double pédale du batteur Willy Bendiksen qui martèle le tempo ultra rapide, alors que le chant adopte un rythme plus modéré. Ce contraste à deux dimensions sonores fait merveille puisqu’il faut encore y ajouter les guitares tantôt discrètes tantôt à l’avant plan, mais toujours judicieuses.
Pour la suite, le quintette illustre sans effort mais avec moult qualités les registres incontournables suivants que sont « le mid-tempo envoutant » avec Make Your Engine Scream ; « le riff rageur enflammé et les guitares indomptables » avec Legend Man ; la « montée d’adrénaline au tournant » de Carry The Black ; le « riff rock carré style année ‘70 » de Rev On ; le « délire swinguant » de Monsoon ; et le « royal à la sauce flamme du dragon » de The Man Who Was King. Bien que pour ce dernier, avec un tel titre on aurait souhaité une déferlante plus rapide que cette pleine puissance au tempo modéré.
Onze titres et cinquante minutes magnifiés par une voix d’exception au mieux de sa forme. Des guitaristes nourris à l’intraveineuse Gibson-Fender-Ibanez (et encore, il doit en manquer). Alors que je m’attendais à commencer cette critique par un assez blasé « encore un album de Jorn », celui-ci vient de démontrer que oui, après autant de galettes studio et live, il est encore possible de surprendre. Nul doute l’arrivé de sang frais a joué un rôle non négligeable dans cette réussite. On ne s’en plaindra pas. Pas une révolution dans la carrière du gaillard, mais une grosse claque entre les oreilles, ça fait toujours du bien.
Mr Spok