Pour bien s’imprégner de l’ambiance de l’album, il convient de lire cette critique lentement, mot par mot, en articulant soigneusement chaque syllabe à haute et intelligible voix, sans oublier d’insister sur les pauses après les virgules et les points.
Fondé en 2004 par le guitariste Christian Hector (MIDNATTSOL), le groupe allemand tire son nom du roman de Melville, Moby Dick, et du célèbre capitaine obstiné par la baleine blanche. Qui a dit que les métaleux étaient des incultes ? Définissant le style comme du funeral doom metal, le genre qui laisse les zygomatiques de marbre, c’est pas le festival du rire de Rochefort quoi. Ce troisième album s’inspire d’un roman d’Edgard Allan Poe : The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket (“Les Aventures d’Arthur Gordon Pym” en VF).
Alors évidemment, il s’agit ici d’un concept album, avec de très longs morceaux, six plages pour plus de soixante minutes. Donc la première plage Further South met trois minutes avant de lancer le chant sur une guitare acoustique, l’optique minimaliste est de rigueur, avec une batterie à peine active et un chant aussi lent que l’ambiance lente. Mais plus tard, on arrête de rire, c’est un chant guttural qui se lance sur des riffs bien plus lourd et une guitare lancinante, la rythmique n’accélère pas mais cogne bien plus dur. Passé cet intermède, on revient à la mélodie du départ pour finir sur une note plus énergique.
Démarrage à l’identique pour Aeons Elapse, mais cette fois-ci la voix claire puis agressive et le déchaînement des décibels rentrent bien plus vite dans le jeu. Mais le groupe s’évertue à respecter les ultra limitations de vitesse et il ne faut s’attendre à aucun excès en la matière. La guitare acoustique prend des accents un rien orientaux. La plage, comme la précédente s’achève sur un riff lent et lancinant étiré quasiment à l’infini. Deliverance démarre directement à l’électrique avec un piano qui accompagne la guitare. Un riff bien lourd vient s’adjoindre au chant, puis les instruments du départ disparaissent pour laisser la place à un chant gras. A mis parcourt, la « voix » s’estompe, laissant la guitare répéter un riff assomant pour introduire un autre riff plus agréable.
Antarctica The Polymorphess démarre en acoustique comme la première plage pour ensuite bifurquer vers l’électricité. On retrouve encore et toujours les mêmes caractéristiques : un rythme de sénateur paraplégique, une grosse voix alternant avec un timbre clair. Une batterie puissante mais fort lente et discrète, ici, c’est une cloche qui rajoute un petit quelque chose (comme le piano sur la plage précédente). Notez qu’avec près de douze minutes au compteur, on peut abandonner la plage pendant quelques instants, quand on revient, on n’a pas vraiment l’impression d’avoir raté quoi que ce soit.
Sans se renier le moins du monde, le groupe enchaîne avec un Fathoms Deep Blue et achève sa galette sur The Giant. Cette dernière démarre immédiatement en mode électrique, mais c’est bien là la seule différence de taille avec les cinq autres titres de l’album.
C’est lourd, c’est lent, c’est long, et répétitif à l’excès. Nul doute qu’il y a un certain public pour ce type d’ambiance et qu’on ne peut reprocher au groupe de jouer la musique qu’ils ressentent au fond de leurs tripes. Mais personnellement, ce genre d’œuvre me laisse plutôt froid (du genre Zéro absolu) et ne passe qu’en arrière-plan et une seule fois. A la rigueur, cela peut servir pour accompagner la lecture du journal et le café du matin avec le mal de tête carabiné post guindaille. Mais à part ça, je passe. Ha oui, il paraît que le roman The Narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket ne s’est pas bien vendu, qu’en sera-t-il de cet album qui s’en inspire ?
Mr Spock