En préparant cette chronique sur le 23ème album de Mattsson, je savais que ce dernier (comme à son habitude) allait nous proposer tout sauf un énième album du genre « Guitar Heros »
Le guitariste compositeur nous a au fil des albums habitués à un style très éclectique. Rendez-vous compte : 23 albums déjà et autant d’expérimentations. Albums sortis sous son propre nom ou celui de groupes : Book Of Reflections, Vision, Condition Red ou encore Astral Groove.
Un spectre musical très large donc qui est sans doute représenté à l’échelle 1/23ème dans son tout dernier opus : Epicentre. Terme qui rappelons-le se définit par le point à la surface de la terre où un séisme est le plus intense. Manière pour le musicien d’exprimer que cet album est sans doute le plus intense de sa riche discographie. Spectre qui va du néoclassique à la Malmsteen (un peu plus exotique quand même) à l’Opéra Rock avec son lot de multiples voix comme il se doit en passant par le progressif teinté de « Jazz Fusion » ou encore les albums instrumentaux. Styles et albums qui ont ceci en commun de très rarement nous laisser apprécier la voix du virtuose (considéré par certains fans comme le meilleur guitariste du monde). Voix que le guitariste (et donc chanteur) nous dévoile en long et en large sur cette galette.
Wait For The Sunrise nous permet de bien vérifier que le principal protagoniste de cet album sera bien sûr encore cette fois-ci le jeu de guitare. Mais à la différence de ce que l’on peut trouver sur d’autres réalisations du genre, ce jeu est ici tout autant un moyen qu’une fin. Et c’est justement dans un souci d’efficacité que notre gratteux suédois nous informe que tout va bien dans le monde des riffs accrocheurs. Déjà une coloration « Jazz Fusion » se laisse découvrir à nos oreilles.
Nous évoquions l’éclectisme du multi-instrumentiste et ce n’est pas la seconde plage qui va venir contredire ces propos. A New Devil nous propose une alternance entre passages calmes et d’autres nettement plus couillus. Passages calmes qui ne sont pas sans rappeler la Country Music. Et sections plus agressives qui nous rappelle (tiens tiens coïncidence ?) d’autres références musicales du pays de l’Oncle Sam : Joe Satriani ou encore Dave Mustaine.
Une guitare folk quelque peu distordue qui n’est pas sans rappeler des ambiances à la Wanted Dead Or Alive de Bon Jovi joué à la sauce Flamenco : vous écoutez Cinnemon. On vous disait que les ambiances étaient multiples.
Land Of Dreams nous propose des ambiances orientalisantes que l’on retrouve dans l’album Dream Child .Tiens tiens, nous connaissons à présent la faiblesse de Mattsson pour l’Orient. Ben oui : l’Orient et sa luxuriance ! Euh, Guitar Heros Luxuriant à ses heures : cela vous fait penser à qui ? A Steve Vai pardi ! C’est cette tonalité que Melting Down nous propose.
Les deux plages suivantes reviennent à un style plus classique et mélodiquement posé comparable à ce que John Petrucci (Dream Theater) peut nous proposer. Guitare classieuse MAIS avec le chant (lui aussi plus posé) de Mattsson.
Notre virtuose est éclectique : nous n’en avons à cette hauteur du disque plus aucun doute.
L’influence de Sabbath s’invite également à la fête ! Tommy Iommi sort de ce corps ! No Way No Surrender est un témoignage sans équivoque de l’influence qu’a pu exercer le quatuor britannique sur Mattsson. Et ce n’est pas le morceau suivant qui va nous contredire. Même si l’intro est encore ici teintée d’ambiance orientales, Mattsson nous dévoile son côté « Funky ». Vous avez dit « Funky » ? Oui Monsieur ! A l’image du Sabbath d’Ozzy. Ce n’est pas un hasard si c’est Brad Wilk (Rage Against The Machine) que l’on retrouvait derrière les fûts pour l’album des retrouvailles de Sabbath : 13 !
So Far Away laisse la part belle à des atmosphères plus calmes où qui permettent à LEM de poser sa voix …. et sa guitare.
Nous arrivons alors à l’Epicentre de ce tremblement de terre musical : Freedom Fighters. Le multi-instrumentaliste le considère comme étant le morceau le plus intense de l’album. Intense : nous on est d’accord ! Marty Friedman ne renierait d’ailleurs pas ce morceau !
Bref, vous l’aurez compris, cet album est varié. Et si l’on en croit les propos de Mattsson lui-même, il se devait de l’être ! En effet, le Suédois y a mis tout son cœur (et donc toutes ses influences). Alors évidemment on pourra dire que ça part un peu dans tous les sens mais le fil rouge de cet album qui peut paraître un peu désarticulé est la recherche de la mélodie. Contexte idéal pour ce guitariste virtuose pour pouvoir s’exprimer vocalement. Je dirais même plus, il réussit l’exploit de nous livrer un album hétéroclite tout en étant à la fois cohérent. Petit bémol, on a parfois l’impression que sa voix est un peu exogène par rapport au reste, mais si l’on comprend que l’influence « Jazz Fusion « n’est jamais bien loin, cela devient une qualité.
Classieux !
Ignacio