Et voilà le fabuleux artiste de retour avec un nouvel album. Il faut croire qu’il y a une malédiction qui flotte au sommet de sa tête chevelue, vu qu’il a encore été frappé par la tragédie du décès de son guitariste Matt LaPorte en avril 2011. Aujourd’hui, le hurleur, guitariste, claviériste, bassiste, compositeur et on en oublie, sort le premier album à son nom. Comme il a pris en charge la totalité ou presque (il ne joue de la batterie que sur trois titres, excusez du peu) des instruments, la signature s’avère logique.
C’est la plage titulaire qui ouvre les hostilités avec un style au parfum des années ’70 mais qui s’avère rempli de guitares dynamiques et de claviers magiques. La surprise vient du fait qu’il s’agit presque en intégralité d’un instrumental avec le titre comme seul refrain, mais décliné sur un mode TRANS SIBERIAN ORCHESTRA. Puis on retrouve enfin de timbre de voix unique sur Soul Chaser, plage envoutante à l’ambiance un rien « maidenienne » par le riff. Impossible de résister au charme du chant et de l’ensemble. On a du mal à s’imaginer que c’est une seule personne qui s’occupe de tout, au rayon intervention de guitares, c’est assez hallucinant. Les claviers aussi ont une place prépondérante. Et sans coup férir, il enchaîne avec un court mais efficace Ten Years. Bref, pour les fans de SAVATAGE, c’est un peu Noël avant l’heure tant on retrouve avec bonheur cette voix si caractéristique et ces compositions magiques.
Mais il n’est pas ici question d’un simple calque du passé glorieux. L’artiste arrive encore à nous surprendre avec une guitare rythmique un rien funky sur Father Time. Les claviers nous plongent à nouveau dans les années ’70, et avec ce son funk, on se croirait au cinéma en train de regarder Shaft (le vrai, pas le remake pourri). Sans compter le solo, long, clair et agréable soutenu par une rythmique carrée.
Posséder une voix Metal comme celle de Jon Oliva transforme ce qui serait une ballade dégoulinante en plage un rien malsaine, la preuve en six minutes avec I Know. On retrouve les marques Metal pures et dures avec Big Brother où le gaillard laisse tous les instruments se déchaîner. Les guitares sont bien évidement à l’honneur avec des riffs saignants et un solo à rallonge ; le genre de plage qui trouverait sans problème sa place sur l’album de DOCTOR BUTCHER ou sur n’importe quelle galette de SAVATAGE.
La suite s’intitule au choix : Armageddon, Stalker, The Witch, Can’t Get Away. Rien qu’à lire les titres on a déjà envie de les savourer note par note, solo par solo. Alors évidemment, difficile de nier le passé et clairement le chanteur n’a pas l’intention de faire table rase de ses précédentes créations. Au contraire, il y puise son inspiration, mais avec une fraîcheur incontestable. A se demander comment il fait pour arriver à se renouveler à partir des mêmes recettes.
Bon, la fin d’Armaggedon fait un peu trop bordel de bruitages pour ne pas lasser, un peu, ça va, à la longue, ça lasse. Autre bizarrerie, le titre Soldier qui tient plus de la ballade qu’autre chose et consiste en une parenthèse étonnante. Alors que Stalker nous offre notre dose d’énergie et de riff, de voix rageuse et d’intervention judicieuse du clavier. Et difficile de ne pas accrocher à The Witch qui démarre au piano pour bifurquer vers la six-cordes et nous offrir un chant effréné qui sied si bien à ce type de plages.
Longue tribulation musicale où on retrouve pêle-mêle un peu de tout, dont l’influence des BEATLES, période Sgt Peppers, Can’t Get Away surprend plus que positivement et n’oublie jamais de laisser la guitare seule à l’avant plant par de longs moments. Tandis que les claviers font penser à ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA. Bref, un voyage dans le passé certes, mais avec la touche OLIVA et des riffs bien contemporains.
Quant au bonus The Thruth, gentille petite ballade, on oublie bien vite cette faute de goût, tant qu’à donner du rab, autant donner un morceau qui a du corps, du répondant, qui fouette l’air dans les cheveux.
En clair, l’artiste va à l’essentiel, multipliant les plaisirs mais gardant rageusement la guitare au milieu du village, laissant judicieusement le clavier prendre le relais à son tour, le tout dans un équilibre parfait au sien de chaque plage. Et vous rajoutez à ça une voix unique. A l’écoute de cette superbe galette, la seule chose qu’on se demande, c’est que sera la suite. Le retour de JON OLIVA’s PAIN ou de SAVATAGE. On peut rêver, mais en attendant, surtout, on a une pièce d’orfèvrerie à se glisser sous les tympans.
Mr Spok