Mine de rien, STRYPER est un des plus grands groupes, si pas le plus grand, de Metal Chrétien, en terme de succès commercial. Ce qui nous change quand même radicalement l’ambiance par rapport à des groupes plus « traditionnels » dans le sens Metallique du terme, tels que SLAYER ou VENOM, pour reprendre des noms de la même décennie. Alors bien évidemment, on peut se gausser non seulement de leur parti pris du genre « le Seigneur est mon berger et avec lui je ne manque de rien » mais aussi de leur ancien look « Maya l’Abeille » qu’ils arboraient fièrement dans les années ’80, une succession des lignes noires et jaunes d’une grâce certaine, et qu’ils rappellent maintenant discrètement avec leur cravate. Oublions aussi qu’ils lançaient des exemplaires de la bible dans la foule lors de leurs concerts. Prendre cinq cent grammes de paroles divines sur le coin de la figure, ça c’est le bras armé de Dieu.
Sans doute en avaient-ils assez d’avoir pris leur retraite, ils étaient hors service depuis les années ‘90, et les voilà donc qui sortent, non pas du bois, mais du monastère. Et, plutôt que de rédiger un nouveau testament, le quatuor nous livre sa bible à lui, en nous livrant 14 titres réenregistrés, agrémentant cette réédition des tables de la loi de deux nouveaux hymnes. Histoire de revisiter son histoire et de prendre un avant-goût du futur.
Et mine de rien, un mixage moderne vient donner une nouvelle vie aux riffs de Loud’N’ Clear. Direct, efficace, disposant d’une voix chaleureuse (celle du chanteur guitariste Michael Sweet) à laquelle répondent les chœurs des autres musiciens, d’un rythme enlevé, d’un break basse-batterie, où s’illustrent Tim Gaines (basse) et Robert Sweet (batterie et frère du chanteur) pour lancer un solo clair et particulièrement efficace. Le Loving You qui suit s’inscrit bien évidemment dans la même veine, de Heavy Rock commercial, rempli de « woo oo oo ». Mais la rythmique carrée et le solo nous rappellent qu’on bien dans notre genre de prédilection et que c’est pas de la musique Low Cost.
Impossible de passer à côté de leur hymne qu’est Soldiers Under Command et même si on n’approuve pas forcément le message, force est de reconnaître que la plage tient la route dans ce registre-là. D’ailleurs le duo des guitaristes s’en donne à cœur joie sur chaque titre Michael Sweet et épaulé par Oz Fox, comme ils le prouvent sur Make Me Wanna Sing, court mais particulièrement efficace.
Le groupe montre qu’il est aussi à l’aise avec la ballade sirupeuse qui bénéficie d’une légère montée d’adrénaline. Déjà entendu des millions de fois, First Love est dans le genre propre et sans bavure.
Dans le style carré efficace au riff nerveux The Rock That Makes Me Roll contient sa dose d’énergie et d’électricité. Restant dans le même registre, le Reach Out nous balance un direct assassin dans les gencives et laisse la part belle aux chœurs de messe. Sans changer de formule, on passe à Surrender qui nous offre un solo dément ciel (non, ce n’est pas une faute d’orthographe, faudrait pas oublier qu’il s’agit de Metal Chrétien aussi).
Dans le genre lourd et plus lent, The Hell With The Devil permet au chanteur de monter dans les aigus de temps à autre. Tandis que Calling You prend une direction nettement plus commerciale, dans le genre guimauve teintée d’une légère pincée d’énergie dans un riff bien sec. Heureusement que le Free qui suit se veut plus sec et agrémenté d’un solo hallucinant. Et puis il y a The Way qui démarre a toute allure, qui ne faiblit pas et qui bénéficie d’un chant royal.
Moins énervé, le Sing Along Song laisse une place majeure aux « woo ooo ooo ooo right now » pour inviter à donner de la voix, histoire de ne pas faire mentir le titre. Et puis petit dernier avant les nouveautés, More Than A Men¸ maintient l’intérêt avant que déboule un très efficace Bleeding From Inside Out. Et voilà, on constate que le groupe n’a pas changé d’église, les riffs sont égaux à eux-même, difficile de déceler les années qui ont filé entre les anciens et les nouveaux morceaux. Et l’album se clôture par un Blackened qui s’il n’arrive pas à faire oublier la tuerie du même nom de METALLICA, nous offre une solide dose de riffs, de martellements de futs, d’énergie et de voix séduisantes.
Ainsi donc, les riffs sont acérés et bénéficient d’un mixage moderne, tant et si bien qu’on ne devine pas qu’il s’agit en majorité de “vieux” machins. La rythmique sans fioriture se veut efficace d’un bout à l’autre, le chant se veut séduisant avec plein de chœurs et d’invitation à participer à la messe. Malgré son côté franchement commercial, le groupe n’a pas trop insisté sur les ballades, mais bien sur des titres qui déménagent un max. et les nouveautés augurent d’un futur assez costaud. Non, ils ne sont pas encore prêts pour la maison de repos. Reste à voir s’ils arriveront à rameuter les anciennes foules et à en convertir de nouvelles.
Dans le genre, une compilation fabuleuse de titres qui déménagent.
Mr Spok