Le guitariste Samuel Arkan de VIRUS IV nous revient avec un autre projet : EPYSODE. Officiant dans le Metal Prog, cet album nous conte les aventures d’un inspecteur qui enquête sur une série de meurtres étranges. Pour illustrer vocalement ce récit, on retrouve plein de beau monde Kelly Carpenter (BEYOND TWILIGHT), Odleif Stensland (COMMUNIC), Rick Altzi (AT VANCE, THUNDERSTONE), Magali Luyten et Liselotte Hegt (AYREON). Sans oublier les autres instruments : à la basse Kristoffer Gildenlöw et batterie Leo Margarit (tous deux de PAIN OF SALVATION), à la lead guitare Christophe Godin (MORGLBL TRIO), et aux claviers Julien Spreutels (ETHERNITY).
Pour permettre à chacun de suivre le récit, chaque voix illustre un personnage différent et l’album nous propose même un « générique » pour savoir quel artiste interprète quel rôle et une énumération des interventions pour suivre qui exprime quoi. Ce qui transforme quelque peu l’album en roman. En clair, on n’est pas en présence d’un « simple » album. Comme tout concept qui se respecte, nous avons droit à une introduction assez explicite. Du bruitage et des voix. Ensuite l’album s’ouvre réellement sur une voix féminine accompagnée de piano pour Silences Of Dawn. Ce gentil départ verse alors dans la déferlante : riff, grosse rythmique, cortège de voix et de chœurs énergiques, on vient enfin de rentrer dans le vif du sujet avec un First Blood saignant à souhait. Changement de tempo, mais sans ralentissement assommant, le jeu avec les multiples timbres de voix fait merveille et relance la machine à chaque fois. La plage titulaire Obsession démarre en trombes infernales avec une double pédale qui martyrise la grosse caisse. Le chant féminin se veut plus agressif. A nouveau les voix masculines, bien qu’en retrait, rajoutent une dimension supplémentaire. C’est un peu du n’importe quoi qui ouvre Invisible Nation, heureusement dès que la rythmique rentre dans la danse, ça devient sérieux. Le groupe privilégie l’efficacité à la démonstration inutile, si les constructions restent un complexes, leur subtilité ne va pas jusqu’à les rendre indigestes et barbantes. Car le maître mot reste : Metal.
Une douce mélodie au clavier introduit Gemini Syndrome, bientôt agrémentée d’une voix très légère, à mi parcourt, c’est une voix masculine qui vient prendre le relais. Par la suite, les deux vont se répondre et se mêler. Première ballade, la plage possède un charme certain grâce à la mélodie au piano et à l’ampleur des voix. Pour faciliter la transition, l’intro du Fallen’s Portrait se fait en douceur, mais l’électricité vient rapidement envahir l’espace sonore. Guitare, clavier, batterie, basse, voix masculine, on est reparti en des contrées bien plus énergiques. La vitesse de la voix joue en contraste par rapport à une rythmique bien rapide. Pour la dernière partie, le tempo s’accélère pour terminer sur un environnement bien plus puissant qu’au début.
Lancée par une intervention de la guitare à tendance virtuose Season Of Redemption laisse ensuite la place à une belle cavalcade de riffs et de rythmique. Toujours avec finesse les interventions de la guitare se font à la fois subtiles et acérées. Le chant oscillant encore une fois entre différents registres. A ce moment-ci de l’album, on a déjà une idée précise de la démarche du musicien, et le reste ne nous décevra pas, conservant les mêmes recettes de composition.
Car évidemment, après avoir démontré son savoir-faire, il s’agit de l’étaler. Plongez donc dans la Season Of Redemption. Faite un trip en Orient Metallique avec The Other Side titre qui démarre avec un riff bien agréable avant de bifurquer dans un autre univers et d’à nouveau jouer sur les différentes couleurs des voix. Reprenez une dose de vitamines avec Shadow Lord rapide, court, efficace et direct. Sans faiblir, on reste dans la déferlante énergique de One Chance et Divine Whispers. Tandis que March Of The Ghosts nous donne des frissons et que Last Sunset nous offre un atterrissage en douceur mais pas une guimauve molle heureusement.
Tout au plus reprochera-t-on à l’album d’avoir une longueur un rien excessive, comme souvent dans le Prog et de manquer d’un ou deux titres phares qui se démarquent réellement du lot. Ceci dit, contrairement à bon nombre d’œuvres qui se revendiquent du Prog, on ne s’ennuie jamais car l’énergie semble être le maître mot devant les constructions alambiquées à tire-larigot qui finissent par lasser. Même si les structures, bien que privilégiant la vitesse d’exécution et le punch, conservent cet aspect assez élaboré à même de réjouir les fans de Prog. Un album qui navigue habillement entre deux eaux. Ha oui, et c’est belge en plus, raison supplémentaire de se réjouir.
Mr Spok