L’histoire de DIABULUS IN MUSICA s’avère indissociable de notre plat pays. En effet, en 2010, le groupe espagnol se produit pour la première fois au METAL FEMAL VOICES FEST. Déjà la bande des cinq a placé la barre très haut vu que SECRETS son premier album, la même année, bénéficie de la production de Sascha Paeth et Ad Sluijter (EPICA) , c’est dire si leur entrée se fait directement dans la cours des grands. De plus leur prestation enflamme tant et si bien le festival, qu’en 2011, ils remettent le couvert mais en tête d’affiche cette-fois. En 2012, ils nous balancent leur deuxième galette.
Introduction proche du folk, A Journey's End s’avère bien gentil avant que le titre ne bifurque et prenne une ampleur symphonique à la John Williams avec un petit clin d’œil au côté industriel de la musique de Terminator, et oui tout ça dans une seule plage, courte de surcroit. Passé cette mise en appétit assez classe, le groupe rentre dans le vif du sujet avec Ex Nihilo et la parenté avec EPICA se veut flagrante. Que ce soit au niveau de la nappe de clavier ou des chœurs de style opéra, avec cette rythmique rapide. Mais attention, ce n’est jamais un vulgaire plagiat. Une mélodie orientale fait office de break avant de lancer le chant. Et c’est un timbre très doux qui s’impose, contrastant énormément avec l’énergie de l’ensemble. Même si la voix claire de la gente demoiselle Zuberoa Aznárez se voit contrebalancée par les grognements de ses comparses, l’aspect symphonique s’avère toujours bien présent, et les hurlements se font assez discrets, laissant la majorité des voix à la chanteuse et aux chœurs. Lorsque les voix gutturales tiennent le devant de la scène, elles cèdent la place aux chœurs qui ensuite rendent la main à la chanteuse. En une seule plage, les trois types de chants s’illustrent sans se manger, comme véritable entrée en la matière, un titre franchement fabuleux.
Formule quasi identique pour Sceneries of Hope, bien qu’on sente cette fois un peu l’influence de NIGHTWISH, le chant ne partant cependant pas dans des contrées aussi élevées en altitude. Toujours aussi symphonique, la mélodie se veut très consensuelle, voir trop commerciale. Le titre passe sa qualification de justesse. Heureusement, les choses s’améliorent sur Blaizing A Trail au riff imaginatif, à la rythmique nerveuse et pour cette fois-ci, les voix agressives prennent la proéminence sur une bonne partie du titre, nous plongeant dans un autre univers.
Un petit interlude inutile avec Call from a Rising Memory, tant qu’à faire eu égard à la durée du titre, était-ce nécessaire de le conserver ? On passe alors à Hidden Reality qui nous la joue plus gothique, avec les claviers de Gorka Elso bien prépondérants, que speed et où la voix grimpe dans les registres. Notez que les voix agressives brillent par leur absence, des chœurs quasi religieux accompagnent la fabuleuse section rythmique de Alejandro "Alex" Sanz (basse) et Xabier Jareño (batterie). Les claviers nous jouent une petite mélodie tendance Folk pour élargir l’univers sonore.
Rythme martial très carré pour Shadow Of The Throne qui marque le retour du chant agressif du guitariste hurleur Adrián M. Vallejo qui a plus que les six cordes de sa guitare à son arc. Le tempo se ralentit, la voix gutturale partage l’espace avec des chœurs masculins clairs. Un break acoustique où le chant se fait humain un court instant avant que ça ne reparte. Un morceau un peu étrange, pas tellement passionnant, et marqué surtout par l’absence de la chanteuse.
Cette dernière refait surface pour lancer le Allegory of Faith, Innocence and Future sur une douce mélodie acoustique avant que les voix de brutes ne reviennent au-devant de la scène avec leur chant agressif, accompagnés d’une nappe de clavier discrète. Pour la suite, la voix claire et la mélodie au clavier reprennent la préséance pour la céder tour à tour au chant agressif, puis aux chœurs avant que la voix claire ne les rejoigne.
Douce mélodie de clavier en introduction et c’est parti pour la ballade de service Sentenced to Life. Les voix masculines évitent les borborygmes sulfureux, la nappe de claviers se fait hyper discrète pour laisser les deux voix se différencier et se rejoindre. Passé cet intermède, avec Oihuka Bihotzetik, le groupe nous re-balance ce qu’il sait faire de mieux : grosse rythmique, voix agressive, chœurs mélodiques, voix de la belle qui monte qui monte, nappe de clavier. En clair, on se réveille et ça fait du bien.
Grosse pièce symphonique, No Time for Repentance (lamentatio) commence presque comme du HANS ZIMMER avant de lâcher les chiens. La batterie cogne, la basse martèle, la chant guttural s’en donne à cœur joie. Puis, sans ralentir le rythme, la mélodie au clavier accompagne le chant féminin. Il y a alors un jeu d’échange entre les deux voix. La guitare adopte même une frénésie toute black metalienne. Le tempo se ralenti pour finalement retrouver le ton de l’introduction. Le groupe sort le grand jeu et ça s’entend, de même qu’on ne peut éviter la référence au fameux groupe hollandais emmenée par Simone.
Quand on termine par la plage titulaire de l’album, on s’attend à une monstruosité, pas à une ballade. C’est dire si la déception est à hauteur de l’expectation. C’est gentil, frais, mais une accalmie du genre suffit sur un album.
Evidemment dans le genre bien balisé du « Metal gothique symphonique mâtiné de hurlements sauvages pour contrebalancer le timbre agréable de la chanteuse » (ouf), on a déjà rencontrés de grosses, de très grosses pointures. Sans jamais démériter, force est de reconnaître que si le groupe espagnol a parfaitement assimilé les ficelles du genre, il peine un peu à se trouver une originalité propre. Au rayon énergie, la musique gagnerait non seulement en ampleur, mais également en pêche, avec une seconde guitare, comme dans EPICA en fait. Heureusement pour DIABOLUS IN MUSICA, ses prestations scéniques s’avèrent plus convaincantes que ses galettes. Un excellent album donc, mais en définitive, on reste sur sa faim, tellement à s’attendait à une vraie tuerie.
Mr Spok