Et revoilà nos Finlandais de STRATOVARIUS, alors qu’il n’y a dans le groupe plus personne issu des premières moutures, cela n’empêche pas les musiciens de continuer de l’avant. Et dès Abandon, on sait qu’ils n’ont pas déposé les armes, que les déboires avec l’ex-maître du groupe est de l’histoire ancienne. Alors évidemment, on sent bien qu’il manque un petit quelque chose d’assez typique qu’on ne trouver que chez Timo Tolki, mais si certains pourraient regretter que la filiation fasse défaut, on ne peut reprocher au groupe d’avoir voulu cloner son passé. Rayon riff, rythmique, vitesse d’exécution, énergie, envie de secouer les cheveux et le reste, cette première plage remplit son office haut la main.
On change d’univers avec une mélodie où le clavier est proéminent et des breaks de tendances prog. Mais le groupe évite de tomber dans le casse-pied et l’énergie ne fait jamais défaut, Unbreakable porte bien son nom. Et sans faiblir, la bande se lance dans un Stand My Ground qui se démarque à nouveau de la plage précédente par son ambiance. Mais les riffs, les coups de caisses, les martellements de basse s’avèrent toujours aussi efficaces et rageurs. Le refrain se veut plus commercial, mais on ne tombe jamais dans la guimauve, le côté incisif de la guitare vient régulièrement nous le rappeler. Refusant de baisser la tension, c’est une rythmique rapide qui s’élance pour soutenir le riff vindicatif de Halcyon Day qui part également en roue libre et nous surprend encore, avec de-ci, de-là un petit détour électronique heureusement jamais pesant. Un quatuor de plages et malgré une unité de son, chacune tire son épingle du jeu de façon différente.
Les musiciens tiennent la forme, le batteurRolf Pilve et son complice bassiste Lauri Porra viennent judicieusement soutenir le chant toujours aussi royal de Timo Kotipelto tandis que le clavier de Jens Johansson s’avère toujours aussi judicieux dans le soutient des mélodies. Et puis le gratteur de service Matias Kupiainen ne souffre aucunement de la réputation de son prédécesseur. Ce qui nous conduit à Fantasy où, passé l’introduction, tous les instruments s’avèrent en retrait pour laisser la voix au premier plan. Passé le premier couplet, tous rejoignent le chanteur pour un titre à tendance nettement commerciale comme STRATOVARIUS a réussi à en composer par le passé, toujours efficace et jamais puant, à nouveau, c’est le K.O assuré, dans ce registre précis bien évidemment.
Longue introduction de chants éthérés avant que la guitare ne riffe rageusement pour lancer un chant énergique. Out Of The Fog part ainsi en trombe jusqu’à la fin et on ne souffle que légèrement après l’époustouflant solo de gratte. Une grosse claque et la plus longue plage de l’album. Sans faiblir, mais en ralentissant le tempo, le groupe nous balance un titre plus tempéré mais toujours débordant d’énergie Castles In The Air. Guitare royale, voix magistrale et six minutes d’énergie qui se terminent par un atterrissage en douceur.
Intro au clavier, vite rejoint par une guitare qu’on dirait en manque de rage, classiquement on laisse la voix toute seule pour quelques mesures et puis tout le monde rentre dans la danse. Ces Dragons ne manquent pas de souffle et c’est du souffre enflammé du début à la fin, quatre minutes au compte, mais c’est de l’incisif. Rebelote avec One Must Fall qui laisse la rage de la guitare se partager l’avant plan avec la voix et les chœurs, puis avec les claviers. Une légère respiration tendance jazzy au clavier avant de repartir de plus belle.
Et voilà la ballade de service avec If The Story Is Over. Le groupe a eu le chic de n’en glisser qu’une et une seule. L’artillerie légère, c’est une ballade hein, finit par faire parler la poudre et donner du relief à un genre préformaté. Bon, on ne sort jamais des sentiers battus, mais la plage passe plutôt bien et on ne sent pas le besoin, bien souvent irrésistible de passer à la suite, on reste jusqu’à la dernière seconde.
Bref, de quoi souffler avant la pièce maîtresse de la galette, la plage titulaire. Le riff ressemble presque déjà à un solo tellement il s’avère sec, nerveux, incisif. La section rythmique s’est donnée le mot pour faire bouger jambes et cheveux à l’insu de votre plein gré. Et quand ça s’arrête, on en reprendrait bien une dose tiens.
STRATOVARIUS, ou comment arriver à se passer d’un prodigue de la guitare et de poursuivre une voie royale. Ce NEMESIS s’avère une véritable leçon de persévérance et encore plus efficace que son prédécesseur. Une galette qui devrait intéresser autant les anciens fans que les nouveaux. Sans jamais renier son passé, le groupe se tourne résolument vers l’avenir, une claque que franchement on n’attendait pas aussi magistrale et où aucun titre n’est à jeter.
Mr Spok