Trente ans et toutes ses dents, voilà ce qui vous dit le Grand Requin du Rock’n’Roll. Alors évidemment, il faut pouvoir oublier que le groupe a connu moult changements de line-up et que de la toute première mouture, il ne reste plus que le guitariste Mark Kendal. Et pour fêter trente balais, tous les excès sont permis. Bref un concert avec une set-list soigneusement choisie pour l’occasion.
Entrée efficace avec un rythmique simplissime et un riff entraînant, Desert Moon ouvre les hostilités, passé l’introduction, le titre passe à la vitesse supérieure. Au rayon voix, Terry Ilous nous offre un mélange des intonations de Jack Russel et celles de Bon Scott, ce qui peut choquer plus que surprendre. Les deux guitares Mark Kendal et son comparse Michael Lardie s’avère en forme olympique. Un titre et déjà une grande claque. On remet le couvert avec un Lady Red Light légèrement moins survolté, car nettement plus commercial, mais l’efficacité reste de mise et les cheveux ne peuvent s’empêcher de secouer la tête.
Le groupe reprend alors les ANGEL CITY, groupe australien de la génération d’AC/DC (ils enregistraient dans le même studio et partageait le même producteur) injustement méconnu et qui avait le chic pour trouver des riffs simples mais à l’efficacité redoutable. Par rapport à d’autres titres plus nerveux des Australiens, ce Face The Day joue sur l’ambiance et fait monter la sauce lentement. Mais la filiation est extraordinaire, pour ceux qui ne connaissent pas les ANGEL CITY, ce morceau-ci s’intègre tellement à la musique de GREAT WHITE qu’on ne se rendrait pas compte qu’il ne provient pas de leur plume.
La construction de la plage avec ses montées d’énergie et ses accalmies permet aussi de se rendre compte du travail de la section rythmique Scott Snyder à la basse et Audie Desbrow à la batterie. Sans fioritures, les deux gaillards assument magnifiquement permettant aux guitares et à la voix de ressortir pleinement aux moments forts de cette longue plage. Le chanteur s’adresse au public pour introduire le bluesy House Of Broken Love, titre ralentissant le rythme, mais ne lésinant jamais sur l’énergie où le feeling. Ils enchaînent d’ailleurs avec une romantique ballade Save Your Love.
Retour du rock gratiné de blues, ou du blues mâtiné de rock avec Mista Bone. A nouveau, le groupe rallonge la durée de la plage et la guitare nous rince les oreilles pendant plus de huit minutes, quand ce n’est pas la voix qui nous séduit. Soufflant. Dans le même registre, ils nous balancent un The Big Goodbye enflammé, très classique et carré mais d’une efficacité hallucinante. Et mine de rien, passé la moitié de l’album, on ne remarque même plus que ce n’est plus le chanteur des origines, tellement Terry Ilous nous prend par les sentiments.
Avant de clôturer par un trio de titres hyper longs, les ricains nous balancent un court mais costaud Back To The Rhythm. Encore une fois les guitares hurlantes partagent le devant de la scène avec le chant survolté. Et puis c’est parti pour vingt-sept minutes réparties presque de façon égales sur trois plages : Rock Me. Et le rappel composé de Can’t Shake It et Once Bitten Twice Shy. Le groupe tire sa révérence sur deux plages phares, ses plus grands succès. Tout ce qui a déjà été dit pour ce qui précède s’applique tout autant le long de ces trois titres étirés presque à l’infini pour le plus grand bonheur des fans. On peut toutefois rajouter un petit clin d’œil à AC/DC avec un passage au Thunderstruck. Ces plages dopées permettent aussi au public de donner de la voix.
Du bonheur, voilà c’est qu’est un Live de GREAT WHITE. Pas de chichi, mais du rock efficace à 100 %. Trente ans et toutes ses dents le grand requin blanc.
Mr Spok