Pas très connu en nos plates contrées, HELKER fait partie de la crème de la crème des groupes de Heavy Metal argentins. Formé à Buenos Aires par le guitariste Mariano Rios et le bassiste Christian Abarca, le groupe recrute rapidement un deuxième six-cordes Leo Aristu et un batteur Hernan Coronel et le chanteur Diego Valdez, considéré comme un des plus grands en Argentine. Ayant déjà deux albums en langue espagnole à son actif : RESISTIR (2008) et A.D.N (2010), le groupe passe à l’Anglais pour sa troisième galette. Produit par l’homme qui ne dort jamais, à savoir le bassiste MATT SINNER (de SINNER et PRIMAL FEAR). D’ailleurs les titres ont été composés par le groupe, assisté de la plume du brave Matt et de l’ingénieur du son Achim Kholer, fidèle comparse du bassiste.
Alors évidemment, quand on commence à écouter l’album, on ne sent pas trop une éventuelle source d’inspiration latine dans les riffs de Modern Roman Circus mais on sent bien plutôt l’influence du Metal allemand. Quant à la voix de Diego Valdez, elle sonne beaucoup comme celle de Nils Patrik Johansson (ASTRAL DOORS) et possède donc un petit quelque chose du regretté Ronnie James DIO. A part ça, la plage défile à toute allure du début à la fin et c’est une bombe.
Le gros avantage d’un timbre de voix pareil, c’est qu’il ajoute une énergie supplémentaire là où beaucoup ont trop tendance à monter dans les aigus et à déforcer la puissance des titres. A nouveau, c’est la déferlante de riffs agressifs et de rythmiques assassines sur Just Be Yourself. Au rayon solo de guitare, c’est propre et sans bavure. Sans changer de formule mais en ralentissant le tempo, le quintette passe à No Chance To Be Reborn, sur ce rythme modéré impossible de passer à côté de la comparaison avec DIO, que le chanteur rappelle fortement à chaque couplet, modulant sa voix différemment lors des refrains. Et le tout est magnifié par un solo flamboyant.
Petite accalmie acoustique pour lancer Begging For Forgiveness. Lorsque l’énergie déploie ses ailes, le titre s’enrichit de la présence de Tim ‘Ripper’ Owens (ex-JUDAS PRIEST) et Ralf Scheepers (PRIMAL FEAR) lors des refrains. Effectivement, un producteur qui connait du monde, c’est toujours un atout indéniable. A nouveau le tempo plus modéré mais pas lent sied parfaitement à l’ambiance énergique de la plage qui prend un virage plus rapide sur la fin.
Pas question de faire la sieste, Wake Up possède un riff malsain propre à réveiller la belle au métal dormant, agrémenté d’une rythmique bien carrée, du genre qui donne vie aux jambes et aux cheveux. Comme souvent sur cet album, malgré une durée assez courte, la plage regorge d’intensité. Tout comme le The End Of The Journey qui accélère le tempo.
Gros changement d’orientation avec Ghosts From The Past qui se la joue plus mélancolique, mais qui ne verse jamais dans la guimauve. La voix surprend à nouveau dans un registre que le chanteur n’avait pas encore utilisé. Tant et si bien que la rupture s’avère assez conséquente, mais l’énergie reste le leitmotiv et on se retrouve tout autant séduit par cette plage que par les autres. Et le solo qui déboule à fond la caisse. Pour laisser la plage s’achever sur un nouveau refrain plein d’énergie.
Retour au riff carré qui laisse de l’espace à la voix. Le partage de l’espace sonore est équitable, tous rentrent dans la danse lors du refrain. Still Alive joue avec bonheur avec la simplicité et l’efficacité, pour mieux laisser le solo de guitare débouler dans tous les sens. Histoire de montrer qu’ils sont à l’aise dans tous les registres, Flying opte pour la ballade électrifiée avec chœurs remplis de « woo oo oo ».
Gros riff trashy en diable pour lancer Inside Of Me, on sent que l’interlude calme est terminé, le groupe a refait le plein de dynamite, ce qui malheureusement déforce le plus conventionnel et commercial Dreams qui suit, une inversion de ces deux titres aurait été préférable pour terminer sur une claque. Mais malgré cette légère faute d’agencement, le titre reste agréable.
La principale qualité de cet album consiste aussi en son problème majeur, enregistré en Allemagne, il porte par moments plus la griffe de son producteur et de son ingénieur du son que la personnalité du groupe en lui-même. Sans compter le timbre particulier de la voix qui évite difficilement la comparaison. Ceci étant dit, l’efficacité est garantie du début à la fin, sans faiblir un seul instant. Ils évitent aussi de composer plus qu’il n’en faut, les onze plages s’étirant sur quarante-six minutes. Le genre d’album qui bonifie à chaque écoute et s’avère donc une franche réussite.
Mr Spok