LORDI fait dans le grand guignol à la KISS. Le tout accompagné d’un hard rock assez classique et d’une certaine prédilection pour des jeux de mots réjouissants et efficaces, du genre THE AROCKALYPSE. Sa victoire à l’Eurovision de la chanson en a dégoûté certains et réjouis d’autres. Mine de rien, leur réussite à cette grande messe de la chanson consensuelle sucrée et dégoulinante de mièvrerie ne doit rien au hasard. Ils sortaient tout simplement du lot. Mais derrière ces masques se cachent des musiciens qui ont connu la galère de toute formation. Pensez donc, formé en 1992, ils ont bataillé fermé pendant dix ans avant de voir leurs efforts couronnés par un contrat avec une maison de disques. Le groupe qui s’est présenté devant l’Europe ce soir-là, avait la rage au ventre, la pêche et un look qui tue. Et ces caractéristiques, les cinq musiciens les ont toujours possédées. Aujourd’hui, ils nous livrent avec THE BEAST OR NOT THE BEAST (merci Shakespeare) leur sixième album, produit par un vétéran des années ’80 (et pas n’importe lequel) Michael Wagener (ACCEPT entre autres).
Du très méchant pour ouvrir le bal We’re Not Bad For Children, We’re Worse. Ce qui, comme introduction a le mérite d’être clair. Et ça shoote dans tous les coins, riffs gras et lourd, voix du seigneur LORDI, puissante et virulente, refrain chantant. Un formule efficace qu’on va souvent retrouver d’ailleurs. Introduction légère qui laisse bien vite la place à un riff carré et lourd. Les chœurs soulignent à nouveau le côté participatif des titres pour scander le I Luve Ugly de la plage. La guitare de Amen s’envole dans un solo avant le dernier couplet. Paradoxalement, c’est un son électronique qui ouvre The Riff mais les instruments classiques ne restent pas sagement en arrière-plan, ils explosent tout autant. Et ça cogne ainsi jusqu’au bout.
Changement de tempo pour le Something Wicked This Way Comes, c’est du bien brut d’ambiance lourde et lente. Du genre idéal pour laisser le spectacle prendre possession des spectateurs lors d’un concert. A nouveau, le guitariste se laisse aller dans un solo aussi envoutant que la plage. Pour cette ambiance, le groupe vient de nous livrer son titre le plus long.
Retournant à la formule du carré costaud et efficace, le quintette emballe un I’Am The Best qui déménage tout autant que le reste. Dans le genre cauchemar tout éveillé, Horrorfiction s’avère une pièce d’orfèvrerie tant elle regorge d’ambiance malsaine, mais aussi de riffs costaud, de chant emballant, le tout en moins de quatre minutes. Encore une fois, on ne peut s’empêcher de penser aux allemands d’ACCEPT période BALLS TO THE WALL et METAL HEART, impression confirmée sur le Happy New Fear qui suit. Il y a plus qu’une ressemblance, l’influence des années ’80 sur les musiciens sans aucun doute mais aussi certainement celle du producteur.
Difficile aussi de passer à côté de la référence au maître de l’horreur et de l’ambiance morbide qu’est ALICE COOPER, il y a un air de WELCOME TO MY NIGHTMARE dans l’introduction de Schizo Doll. Et la suite fait dans le bon hard rock carré costaud, Candy For the Cannibal. Bonjour gentillesse, la plage Sincerely With Love s’ouvre sur un « Fuck You Asshole », ce qui a de quoi réjouir les amateurs du politiquement incorrect, parole philosophique qui sera d’ailleurs reprise plusieurs fois, histoire que si on comprend pas du premier coup, le doute ne soit plus permis.
Alors évidemment, pour l’originalité, on repassera, mais pour l’efficacité, impossible de passer à côté. Chaque titre de cet album va à l’essentiel, vu la durée des plages, on ne s’en étonnera pas, et redonne du sens à la définition du rock comme musique à la fois rebelle, mais aussi directe. Ils ne font pas trente-six milles digressions progressives avant de rentrer dans le lard. C’est du saignant, du lourd, du gros rouge qui tâche, âmes progressives, s’abstenir. Et surtout aussi, c’est du hard rock taillé pour la scène et le public.
Bon, si on fait abstention du dernier titre, SCG6 :Otus Butcher Clinic, succession de bruits pas très utiles, ni même agréable, on peut également reprocher à cette galette d’être un peu courte. Mais ceci permet d’écouter l’album deux-trois fois d’affilée sans se lasser. Dans le genre, une épatante réussite.
Mr Spok