Quand Stefan Schmidt, le leader de VAN CANTO (le Metal A Capella,) décide de rendre hommage au Metal et à la musique classique, ça donne ceci. Tout d’abord veiller à son équipement, rayon cordes vocales, tout est en ordre, et une gratte à sept cordes pour la rythmique. Et puis il faut s’entourer de pointures à la rythmique pour éviter de verser dans la guimauve et voilà l’ami Jörg Michale à la batterie. Et on pense à se faire seconder par un Sebastian Scharf et un bassiste David Vogt, ce qui au final donne un nombre de cordes assez conséquent pour la suite. Pour le nom, on mélange HEAVY et AVATAR, le tour est joué.
Plus qu’un simple copie, Replica illustre Johan Sebastien Bach et définit immédiatement le style du groupe. De facture classique bien évidemment, mais sans jamais oublier qu’il s’agit de Metal, les musiciens qui entourent le chanteur ne font pas de figuration, la batterie cogne, la basse martèle et la guitare riffe. Ouverture à la basse pour Abracadabra bientôt rejointe par la batterie et une guitare fort discrète. Lorsque le gros riff prend la chanson d’assaut, c’est un char qui avance. Malgré ce titre à priori incongru, la plage déménage aidée par un chant bien agressif mais pas dégelasse. Et cette bombe de faire appel à Paganini de façon bien judicieuse pour le solo.
Back to Bach (le Johan Sebastien précité) avec All My Kingdoms qui sonne bien totalement comme du Metal Teuton hyper classique rempli de chœurs, de riffs, agrémenté d’une solide rythmique. Très conventionnel dans sa facture, le titre peine à dégager une personnalité propre et ne récolte qu’une mention « bien ». Heureusement le quatuor pousse l’accélérateur pour Elysium At Dawn avec toujours cette rythmique assassine, un refrain commercial pour souffler quelque peu avant que le déferlement de notes reprenne de plus belle pour un nouveau couplet. Puis suit un solo tendance court et hyper speed, qu’on aurait apprécié d’avantage s’il avait été plus long.
Sans faiblir, le Long Way Home fait immanquablement penser à l’album noir de METALLICA principalement par la façon dont la voix se pose sur la mélodie. Par contre, là où le titre arrive à tirer son épingle du jeu, c’est lors de l’incorporation de L’Arlésienne de Bizet dans le solo. Le Born To Fly confirme à nouveau l’adoration du chanteur pour Johan Sebastien Bach. Un petit break et un excellent solo se lance à l’assaut de nos tympans. La plage n’apporte rien de plus, et surtout toujours ce chant qui fait penser à Hetfield. Et à la longue, ça devient un peu trop flagrant.
Petit détour lourdingue à la BLACK SABBATH pour lancer Luna ! Luna ! le guitariste se déchaîne d’une façon qu’on aurait aimé entendre plus régulièrement. Introduction au piano pour The Look Above, le morceau de résistance de l’album, après un lent démarrage, la plage explose enfin après près de deux minutes, mais là, c’est vraiment le déferlement de riffs et de rythmes monstrueux, avec un piano toujours présent mais tout aussi discret qu’efficace. On y retrouve la grandiloquence d’un HELLOWEEN, le côté mélodique d’un ANGRA et une guitare virtuose pour nous balancer du Ludwig Van Beethoven. Le piano et la guitare s’engouffrent dans un break qui calme le jeu, la plage, à ses deux tiers, offre un court moment de respiration puis replonge dans l’énergique en conservant cependant un tempo lent. Et puis, on relance la machine à fond pour le final, remplis de chœurs.
L’album s’achève sur To The Metal qui affiche clairement la parenté avec METALLICA. Le problème, c’est que le morceau s’étire dans une introduction assez molle. Et optant pour l’acoustique, voire l’absence d’instruments autres que la voix, c’est clairement un coup dans l’eau et une faute de goût. En clair, on jette.
Alors, oui, ce n’est pas la première fois qu’un musicien de Metal incorpore de la musique classique dans les riffs et les vrombissements de basse-batterie. Qu’on pense au concert pour groupe avec orchestre philarmonique de DEEP PURPLE dans les années ’70 déjà, ou à d’autres titres agrémentés de passages clairement tirés de chefs d’œuvres classiques. Ainsi le Hall Of the Montain King issu du Peer Gynt de GRIEG, qu’on retrouve chez HELLOWEEN, sur leur premier album avec la plage Gorgar et bien évidement chez SAVATAGE sur l’album et la plage du même nom, dans les années ‘80. Bref, rayon nouveauté, c’est pas vraiment ça et on pourrait remplir plusieurs pages rien qu’avec les nombreuses utilisations de classiques du classique dans le Metal.
Au moins peut-on reconnaître que Stefan Schmidt a bien assimilé les leçons de ses prédécesseurs et ne se retient pas au niveau des chœurs. Toutefois, même si l’exercice s’avère plaisant, le manque d’originalité des compositions, œuvrant dans un registre déjà royalement exploré par d’autres, pourra en refroidir certains. Finalement d’enthousiaste au début, on passe par une phase de lassitude et on n’en ressort que moyennement convaincu.
Mr Spok