Plus connu en tant que guitariste du groupe progressif VENTURIA, le prodigue de la musique qu’est CHARLY SAHONA a décidé d’ajouter un autre projet à son arc d’instruments. En effet, le gaillard a commencé le piano à l’âge de cinq ans, a continué l’étude de la musique classique pendant douze ans. C’est dire si l’artiste s’y connaît au rayon musique. Mais son groupe ne lui suffisant plus, il avait encore envie d’élargir son horizon, et après deux albums avec VENTURIA, il se lance fin 2008 dans une aventure solitaire, enfin pas tout à fait solitaire parce que si le virtuose se charge des guitares, claviers et chants, il a quand même fait appel au batteur THOMAS JAMES-POTREL et au bassiste DIEGO RAPPACHIETTI. Le résultat de ce périple est aujourd’hui disponible dans nos bacs.
Alors évidemment, au rayon virtuose multi-instrument, il faut reconnaître qu’on nage en pleine pléthore et que parfois, on se dit, mine de rien, ‘encore un, je passe mon chemin’, d’autant plus que le titre de l’album fait un peu dans une tendance ‘masturbation intellectuelle pour critique en mal d’arguments’, je n’y reviendrai donc pas. Cependant, cette fois-ci, il y a un petit plus. Tout d’abord le chant qu’il assume lui-même et sa voix s’avère franchement sympathique. Ce qui nous évitera très certainement les multiples changements de chanteurs dans le futur. Ensuite, le fait que le compositeur-interprète, table plus sur un Metal franchement direct plutôt que techniquement virtuose sur chaque note.
Ainsi Releived qui ouvre les hostilités nous offre un riff bien carré sur lequel la voix vient se poser. Un titre particulièrement efficace et sobre. Le côté technique est bien présent et se remarque sur certaines accélérations, mais sans jouer le tape-à-l’œil. Comme entrée en matière, CHARLY SAHONA évite d’en jeter plein la vue et c’est tant mieux.
Conscient que la répétition est la matrice de l’ennui, Away From Our Sins se fait beaucoup plus psychédélique, comme si le compositeur avait participé aux expérimentations de substances psychotropes diverses. Ce titre est un véritable ovni sonore, la voix aussi est modulée, des sonorités électroniques viennent se mêler au riff lancinant qui envahit l’espace, et un superbe solo vient quand même nous rappeler qu’il s’agit de Metal. Alors oui, ce type de plage nécessite un maximum d’ouverture d’esprit pour susciter l’adhésion, mais elle ne manque pas de charme ni d’originalité.
Avec Forgotten Past, on nage en plein Metal Prog, voire même un peu commercial par la façon dont le chant vient se poser au côté des riffs pendant les couplets. La mélodie un rien mélancolique qui accompagne la guitare crée un subtil effet qui permet au titre de multiplier les ambiances au fur et à mesure de sa progression et ce avant que ne déboule, sans crier gare, le solo de guitare. Encore une fois, un travail réfléchi mais pas du tout prétentieux.
Retour à un style plus direct avec Raise The Shadow, titre qui, même s’il multiplie les couches sonores, n’en reste néanmoins pas franchement plus Metal que Prog. Ce dont on ne se plaindra pas. Ce qui ne veut pas dire qu’il se repose sur ses lauriers, écoutez le solo qui déboule en plein milieu du titre, à couper le souffle. Et, pour faire bien, le solo de gratte cède la place à un piano, on se croirait presque dans du Southern rock. L’artiste nous surprend encore et toujours là on s’y attend le moins.
On poursuit dans le même registre avec River Of Lies, morceau envoutant qui part en digressions Prog lorsque le chant s’arrête. Bref, le talentueux musicien cache bien son jeu et le titre se transforme en montagne russe de riff par la suite alors qu’on ne pense évoluer en terrain connu. Le gaillard sait nous piéger traitreusement et nous offrir une dose considérable de surprises étonnantes sur chaque titre, changeant d’orientation au moment où on s’y attend le moins. Grandiose.
Le tempo se ralentit considérablement pour nous permettre de souffler avec la ballade Living In A Dream Is Not Right. Titre particulièrement captivant, à l’ambiance qu’on pourrait interpréter soit comme étant mélancolique ou malsaine selon son état d’esprit. Donc, un titre qui se démarque radicalement de la plage précédente et qui, encore une fois, nous livre un superbe solo de guitare.
Au niveau des multiples ambiances, on pense souvent au mythique album Sergent Pepper’s Lonely Heart’s Club Band des BEATLES qui était aussi un chef d’œuvre de diversité et It will Fly Away ne vient pas contredire cette comparaison. Mid tempo sans être une ballade, les montées d’énergie sont tempérées mais efficaces et l’auditeur se laisser bercer par la mélodie.
Et l’album se termine sur un gros riff bien rock, avec All That Can’t Be Said qui explore encore une autre facette de la planète Metal, passé un départ classique, le riff se fait plus lourd tandis que le chant se fait discret presque murmure. Et puis c’est à nouveau le piano qui vient nous faire un petit tour de piste discret mais efficace. Pour ensuite laisser les autres instruments et la voix, qui a oublié sa ‘discrétion’ du début, se déchaîner avant l’éternel solo qui tel une autoroute américaine semble ne jamais se terminer.
Fondamentalement, la critique d’un album de ce genre s’avère un excellent exercice de style pour le journaleux puisqu’il faut à chaque fois trouver d’autres superlatifs et expressions imagées destinées à décrire les richesses qui le parsèment. Un album assez diversifié, dont les titres ne se perdent heureusement pas en divagations multiples et inutiles. Une galette pas trop longue qui pourrait plaire à un grand nombre, même à ceux qui n’apprécient pas trop le Prog. Une franche réussite donc.
Mr Spok