Le chanteur américain Toby Hitchcock (aucun lien de parenté avec Alfred) s’est fait connaître lorsqu’il fut sélectionné par le leader de SURVIVOR (Eye Of The Tiger, c’est eux !!) pour tenir le poste de front-man du groupe PRIDE OF LIONS. Il en a donc profité pour, outre se faire la voix, se faire aussi un nom dans le milieu du AOR. Tant et si bien que lorsque PRIDE OF LIONS a pris des vacances bien méritées, il s’est accoquiné avec le compositeur producteur multi instrumentiste suédois Erik Martensson pour se lancer dans une aventure solo.
Une introduction toute en finesse avant que n’éclate la furie dévastatrice et électrique de This Is The Moment. Lors des couplets, les instruments se font discrets, ceci pour mieux exploser par la suite. Le titre joue parfaitement sur la dichotomie entre l’énergie dévastatrice et le climat tempéré. Le tout pour un solo qui n’en fait pas trop et laisse la place au clavier avant un long pont qui vient relancer le refrain. Une belle mise en appétit pour ouvrir l’album.
Attaque bien sèche des cordes par un riff solide, Strong Enough porte bien son nom. La voix vient ses greffer sur la mélodie, agrémentée d’un clavier pas trop envahissant pour introduire un refrain commercial du plus bel effet. A nouveau le solo se veut oxygéné, les notes ne s’étouffent pas, et clair. Efficacité avant tout. Pour entamer How To Stop, c’est une mélodie éthérée qui ouvre le bal, avant de se transformer en riff incisif où la voix, royale de Toby Hitchcock est mise en évidence tandis qu’en arrière plan, la guitare se déchaîne. Et puis tout ce beau monde éclate pour le refrain, le titre a pris son envol. Solo, couplets, refrains, la messe est dite, jeu set et match, c’est dans la poche.
Changement de ton avec la ballade Let Go. Les instruments sont branchés sur l’électrique mais adoptent un rythme de sénateur pour permettre à un chant lent de prendre possession des hanches de votre copine (heu, on s’égare, là). Tout au plus, le vocaliste hausse le ton lors des refrains. Réfrénée aussi longtemps, la guitare se laisse aller lors du solo, court mais passionnant, avant de céder la place au chant et au clavier jusqu’à ce que couplet et refrain s’enchaînent encore une fois avant la fin du titre. La pièce qui suit, One Day I’ll Stop Loving You, continue dans la même veine mais avec un refrain beaucoup plus énergique, qui ressort comme une violente poussée d’adrénaline entre chaque couplet.
Distorsion et riff, batterie et chant énergique ouvrent un I Should Have Said mélancolique mais énergique. De judicieuses et nombreuses interventions de la guitare viennent agrémenter la rythmique carrée et solide de ce titre résolument commercial, mais particulièrement vitaminé (et c’est pas de l’EPO). Le solo est annoncé par un déferlement de woo woo woo, c’est une nuée de sauterelles qui se ballade sur la six-cordes pendant un, court, moment magique, avant que le refrain ne reviennent à l’avant plan. Et lorsqu’il s’achève, c’est à nouveau la guitare qui est à l’honneur pour clôturer ce titre dynamite. Plus commercial et moins incisif, If It’s To Be (It’s Up To Me) n’en remplit pas moins son office grâce à une voix énergique agrémentée de chouettes interventions de la guitare et du clavier. La charpente basse-batterie offrant de solides fondations à chaque mise en évidence du chant. Le solo laisse Erik Martensson se défouler en roue libre comme lors d’une descente d’un col alpin. Et après la série de woo woo woo habituelle, c’est la six-cordes qui s’offre la joie de fermer le morceau. Décidé de continuer à battre le fer tant qu’il est chaud, le Just Say Goodbye qui suit réutilise la même recette en appuyant légèrement plus sur la mélodie du clavier. La guitare reprend bien évidemment ses droits lors du solo, et ce pour notre plus grand plaisir (mais pas celui des voisins). On pourrait croire que le duo va se réfugier dans la ballade sirupeuse pour laisser nos neurones se reposer après tant d’émotions fortes, mais que nenni messire, ils persistent et signent avec Summer Nights In Cabo, un titre qui a du chien (je sais c’est facile, j’ai pas pu résister). Son introduction en trompe l’oreille nous fait croire au slow, mais l’énergie envahit rapidement l’espace sonore. Encore une fois, le guitariste se défoule lors du solo qui s’éternise comme s’il s’agissait d’un instrumental. Grosse claque dès l’entrée en la matière de Tear Down The Barricades, les guitares sont à l’honneur, et il n’est pas question de riffs mous pour le troisième âge. Des couplets au refrain, l’énergie ne fait jamais défaut. On perd rapidement le contrôle de sa tête et de ses jambes qui suivent la chanson, une guitare royale hurle du début à la fin, explose en extase lors du solo. Bref, rudement efficace, prière de ne pas dépasser la dose prescrite par votre médecin traitant.
Les musiciens impulsent un léger fléchissement pour A Different Drum, mais un titre avec le mot ‘drum’ ne peut, décemment, pas se décliner à la mode mollassonne. L’énergie est toujours présente mais la plage souffre quelque peu de la comparaison avec les deux précédentes. Généralement, quand on termine par la plage titulaire, c’est pour mettre les points sur les ‘i’, définir le cœur de l’album, persister et signer. Bref, on a affaire à un sans faute, Mercury’s Down remplit son office et nous laisse la tête pleine de riffs, les jambes courbaturées et un sourire béat sur les lèvres. Du tout bon, le refrain invite à la participation, la guitare au headbanging et quand c’est fini, on en redemande.
En clair, dans le genre du rock FM, AOR, hard commercial (ne pas biffer les mentions utiles), cette galette représente quand même ce qui se fait de mieux. Les instruments sont là pour souligner la voix du gaillard, mais ne font pas que de la simple figuration. Les compositions, même si elles restent cantonnées dans le même canevas, s’avèrent efficaces et entrainantes. Bref, le chef coq connaît la recette et sait l’appliquer à merveille. A déguster sans modération.
Mr Spok