Non il n’y a pas que des buveurs de vodka jamais rassasiés et des plombiers en Pologne. La preuve avec ce groupe fondé en 2003 par la chanteuse Marta Gabriel qui outre le chant joue également de la guitare (et n’hésite pas à bifurquer vers la quatre cordes ou le piano, excusez du peu). Valse des musiciens et démos enregistrées en quantité avant de voir les efforts couronnés d’une première galette en 2007 THE CURSE OF THE CRYSTAL VIPER. Un parcours classique du combattant Metal donc. Suit un EP THE LAST AXEMAN en 2008 pour ouvrir la voie du deuxième opus en 2009 qui s’intitule clairement METAL NATION, suivi d’un live, d’une compilation et d’une troisième galette LEGENDS en 2010.
Et voici le petit dernier avec un line-up qui s’établit comme suit : la chanteuse, qui prend aussi la guitare rythmique, tandis que le six-cordiste principal répond au nom de Andy Wave (ce qui est plus tendance que son véritable patronyme : Lukasz Halczuch), le batteur répond au doux nom de Golem (ce qui fait plus Metal que : Tomasz Danczak, même si dans nos contrées, on a l’habitude de dire que l’affaire est Danczak). Et la basse est prise en charge par Michal Badocha qui ne prend pas de fausse identité.
Dès les premières secondes, c’est un riff classique mais oh combien efficace qui s’impose, secondé par une batterie vrombissante et ce avant que la chaleureuse voix de la belle ne vienne titiller nos oreilles. Et voilà dès les premières secondes de Witch’s Mark, le ton est donné et sait dans quel registre le groupe évolue : un Metal puissant avec voix féminine qui ne rechigne pas à se faire virulente. D’antant plus qu’un groupe qui rentre dans le lard directement, ça en jette plus que ceux à qui il faut une demi-heure pour lancer leur album. On ne peut s’empêcher de penser à Leather Leone, la première chanteuse de CHASTAIN, d’autant plus que le Metal des Polonais évolue dans le même registre : acéré et survolté. Bon, la comparaison s’arrête là car au niveau gratte, ils n’atteignent pas le niveau du brave David T. Chastain mais la puissance du titre suffit largement pour ne pas nous faire souffrir de cette différence. Un titre chargé d’ouvrir le bal et de donner une furieuse envie d’écouter la suite. Mission accomplie.
Introduit Une superbe introduction lance la plage titulaire. Qui profite de sa longueur plus conséquente pour varier les ambiances (tel un MAIDEN des premières heures et du Fantôme de l’Opéra pour vous donner une idée) et accueille en son sein le chanteur des britanniques de HELL, David Bower, pour l’occasion. De la belle ouvrage qui surprend, judicieusement placé après des directs ravageurs. Variations de tempo, guitares effrénées ou tempérées. Ambiance envoutante, un savoir-faire étalé sur sept minutes.par des pleurs de bébé Child Of The Flame poursuit dans la même voie, ralentissant légèrement le tempo. La puissance du titre se retrouve également dans le partage des voix, gros chœurs masculins qui répondent à la hargne, cependant mélodique, de la chanteuse. Ce titre permet aussi de constater à quel point l’inspiration des musiciens plonge ses racines dans les années ’80. Un petit air de Speed Metal ricain par-ci, de riff maidenien par-là. En outre, le solo ressort nettement mieux que sur la première plage. La bande relance la déferlante de riff et de coups sur les caisses pour It’s Your Omen. Pas original pour un sous mais efficace et l’interlude d’un petit riff à légère tendance folk n’est pas pour déplaire non plus. A nouveau, le solo insiste là où ça fait du bien. Le groupe a pris sa vitesse de croisière, la machine est lancée plus moyen de l’arrêter.
Terreur et horreur à l’intro de Medicus Animarum. Le tempo se veut lancinant avec des riffs bien lourds, un rien tendance BLACK SABBATH et la voix toujours aussi virulente et puissante de la demoiselle. Ce brulot à tendance classique se voit gratifié d’un solo magnifique. Rien de bien neuf, mais le titre s’avère franchement efficace. Et une porte s’ouvre en grinçant sur The Spell Of Death qui accélère considérablement la vitesse. A défaut d’être inventif, le riff est sympathique en diable et fait mouche. Tout comme le morceau qui montre à quel point le groupe est à l’aise dans bien des registres. Encore une fois, le solo permet à la chanson de tirer son épingle du jeu.
La vitesse d’exécution reste dans le sommet du compteur pour un Hope Is Gone, Here’s A New Law. La plage s’avère captivante et ressort bien mieux que la précédente. Le groupe rallonge quelque peu la durée moyenne pour Fire Be My Gates et à nouveau, la sauce prend parfaitement. De l’introduction à la conclusion, la plage captive.
Grosse claque avec cette reprise de VADER (qui, pour ceux qui débarquent d’une autre planète que Metal, est aussi un groupe polonais) qu’est Tyrani Piekiel. Le petit problème soulevé par ce titre est qu’il se démarque tellement des autres que ça déforce quelque peu les compositions « maison ». L’exercice de l’hommage sur galette est bel et bien semé d’embûches. Et on clôture par une plage bonus Ghosts Of Sherwood où la voix se fait bien plus lyrique qu’énervée sur un tempo bien modéré avec des guitares assez en retrait. Bref, un vrai bonus, et par le rajout d’un titre qui ressemblerait comme deux gouttes d’eaux à ceux qu’on a déjà dégustés. Non, ici le groupe en profite pour dévoiler une autre facette de ses capacités. Et finalement, c’est une excellente façon de terminer l’album.
Résolument ancré dans les années ’80, CRYSTAL VIPER a le chic pour composer des titres bien carrés qui portent résolument leur cachet classique, avec des riffs qui font mouche. L’exercice pourrait lasser si chaque chanson n’était pas gratifiée d’un solo de facture plus qu’honnête. Et il est clair que sans l’énergique voix de la chanteuse, le groupe serait certainement moins digne d’intérêt. Bref, mis à part aussi le recours trop systématique à des bruitages pour lancer chaque plage, on ne s’ennuie pas, l’album évitant de s’éterniser inutilement. Donc, l’efficacité s’avère le fil rouge de l’album même si l’originalité fait quand même défaut.
Mr Spok