Il y des nouvelles qui vous tombent dessus telle un bombe atomique que l’Etoile Noire de Star Wars à côté, c’est du pipi de chat. José, le chanteur de MAGO DE OZ tirait sa révérence et mettait les voiles. Nous étions orphelins, décapités, dépités, atterrés et enterrés, le monde s’écroulait sous nos orteils et une éclipse de magnitude 20 sur l’échelle de Richter nous plongeait pour l’éternité dans l’obscurité d’une dépression sans fond. Bref, c’était pas la joie. Mais la résignation, c’est pas le modus vivendi de nos joyeux ibères, et la bande toujours emmenée par Txus di Fellatio, a trouvé la perle rare en la personne du chanteur Javi Domínguez “Zeta”.
Dès les premières secondes de El Libre de las Sombras deux constats s’imposent. Le premier : le groupe n’a rien changé à ce qui fait son succès. Mélodie folk en diable, guitares royales, rythmique entraînante et le chant toujours identique. Car oui, voilà la deuxième conclusion : on a du mal à croire qu’il s’agit d’un autre chanteur tellement les intonations, le timbre de voix et la façon dont le chant se pose sur la musique avec les montées de puissantes vers les aigus et ces bifurcations légèrement rauques. On se dit qu’il y a erreur et que c’est pas le bon album, qu’on a déniché un inédit. Mais que nenni, c’est bien la nouvelle galette de la bande. Là, on parle que du chant, le reste s’avère tout aussi fabuleux, les instruments folks, flûte et violon qui nous titillent les tympans, les guitares qui s’envolent en solo, la mélodie qui appelle à la fête. Jeu set et match avant même que la plage soit terminée, le groupe a réussi son pari. Oui il y a une vie après osé et on en pleurerait presque de joie tellement ça fait du bien.
On retombe dans le classique des drilles avec Xanandra. Chanson à boire avec H2OZ (pour ceux qui se souviennent de leur cours de chimie le jeu de mot est clair quand même, faut pas traduire). Le violon ouvre la danse et c’est parti. Basse, batterie, guitares, flute, tous s’en donnent à cœur joie. Le groupe est de retour et fête l’évènement avec tous ses fans. Impossible de rester de marbre face à un tel déchaînement d’énergie et de bonne humeur. D’autant plus que les instruments sont à nouveaux royaux. Incroyable comment le groupe arrive à laisser autant de sons s’exprimer chacun dans son espace sans bouffer les autres, et le tout en moins de quatre minutes. On n’est qu’à deux titres et on a déjà pris une paire de baffles, si j’ose dire.
Le titre que les banques adorent avec son triple ‘a’. Les fans de Metal eux se réjouissent aussi : grosse rythmique bien carré, guitares à l’avant plan, solo de flûte pour lancer le défoulement des six-cordes. Un titre bien carré très efficace. Et puis hop, un solide virage avec l’introduction un peu pop new-wave des années ’80 de Sácale Brillo a una Pena. Les guitares sont présentes mais pas au-dessus des claviers. L’énergie ne fait pas défaut, mais le titre s’avère franchement inattendu et nous surprend en bien car si le groupe rajoute encore du jamais vu, il n’en oublie pas moins de faire prendre la sauce avec une bonne dose de sel énergétique, d’épices distorsion et de chant fermentant.
Et on change de continent avec l’orientalisant Satanael. Rythmique carrée et puissante, chant toujours aussi énergique. La mélodie orientale s’impose et puis sans crier « ¡Atención!», la bande pousse le volume et la vitesse à fond, on change d’univers, ça shoote dans tous les sens, basse, batterie, guitares et chant nous embarquent dans une fusée Metal qui nous ramène ensuite vers les sonorités folks habituelles. Vous pensez être au bout de vos surprises et voilà que les drilles prennent un nouveau virage vers un rayon plus proches des comptines enfantines avant de revenir au Metal carré agrémenté de flute qui cède la place à un dernier riff oriental. On est déjà KO debout et on n’est même pas à la moitié de l’album.
Un gros riff qui sent bon les années ’80 avec une nappe de clavier du même acabit. On ne peut s’empêcher de penser aux premiers albums de la bande et aux vétérans que sont les BARON ROJO tellement le titre joue la carte classique. No Pares (de Oir Rock’n’Roll) nous offre un autre virage lors de son premier break où le clavier s’avère dominant jusqu’à ce qu’il ouvre la voie au solo des guitares mais reprend la main peu après. Le clavier se voit rejoint par des vocalises féminines avant de nous resservir le riff du départ. A nouveau le groupe étale la facilité insolente avec laquelle il mélange les recettes éculées pour mieux nous surprendre.
Un intermède totalement folk sous forme de duo batterie cornemuse A Marcha Das Meigas qui calme nos ardeurs. L’idéal pour nous amener à la ballade acoustique Quiero Morirme en Ti sans provoquer un arrêt cardiaque. Le morceau mou syndical ou contractuel, l’interprétation variera selon l’humeur du metalleux. A nouveau le paysage est connu mais plaisant, avec une légère montée de fièvre pour introduire le solo aux deux tiers et un atterrissage en douceur pour terminer.
Les choses sérieuses reprennent avec moult « wo o o » et un riff bien sec pour Sigue La Luz royalement carré et sans fioritures. Efficace assurément, mais pas franchement transcendant. Le « wo o o » possède des relents de « Heaven Can Wait » un peu trop marqués pour faire participer le public en Live. Nos amis ibères nous ont habitué à mieux. Mention bien uniquement.
A croire que les musiciens veulent se faire pardonner, puisqu’avec El Mercado de las Brujas, ils nous offrent la totale : instruments folks à l’honneur, guitares magiques, rythmique démoniaque, voix royale, flute magnifique. La sauce prend immédiatement. Et encore, le solo reste à venir, à croire que les guitaristes se sont assis sur un poêle à charbon tellement ça chauffe. Un petit intermède de violon avant que les six cordes reprennent le dessus. A nouveau une pause folk du meilleur aloi avec l’instrumental modéré Celtian qui fait penser à du JETHRO TULL par la façon dont sonne la flûte, mais fondamentalement, l’empreinte MAGO est toujours présente malgré une électricité totalement en retrait et une batterie légère toute en finesse.
Introduction de tambours pour accompagner un chant féminin. Mais Brujas a tôt fait de lancer quelques riffs virulents le temps d’une pause électrique. Le titre joue ainsi les montagnes russes au démarrage. Pour finalement prendre sa vitesse de croisière lorsque toute la bande se joint au combat. Le seul absent c’est le chanteur Javi Domínguez “Zeta” mais ça ne change rien à l’affaire, les guitares se déchaînent à nouveau de façon grandioses. Et ce jusqu’à un final un rien humoristique inattendu.
Le piano ouvre la voie pour la céder à la flûte. Voici la pièce de résistance, la plage titulaire qui clôture cette galette. L’introduction calme de Hechizos, Pócimas y Brujería a tôt fait de céder la place à un riff nerveux. Efficace, le titre bénéficie encore une fois des interventions majestueuses (et tueuses d’ailleurs) des gratteurs de service.
Bref, soyons honnête, il n’y a rien de franchement neuf sous le soleil. Voilà ce que se diront les mauvais esprits. Les fans eux seront aux anges rassurés par la bonne santé du groupe et des guitaristes particulièrement inspirés lors des soli. Et pour ceux qui n’ont jamais entendu parler de MAGO DE OZ, cet album représente finalement une excellente opportunité pour les découvrir tant la qualité est au rendez-vous sur la majorité des plages. Un excellent album de plus au palmarès déjà largement fourni des Espagnols. C’est tout, mais c’est déjà franchement pas mal. Car combien de groupes lassent au bout du troisième album ? Ici les musiciens prouvent qu’ils ont encore de l’inspiration et que la qualité s’avère toujours aussi présente que la qualité.
Mr Spok