Fondé à la fin des années ’70 chez nos voisins Hollandais, PICTURE a rapidement fait son nid au sein du monde Metal, profitant de l’engouement de la vague qui venait de l’Angleterre. On ne va pas revenir sur l’histoire, simplement, le groupe avait déjà à l’époque le syndrome de la série B, mais au moins, ils arrivaient facilement à aligner une galette par an. Ce qui était un peu la norme à l’époque pour tous les groupes qui voulaient percer. Efficace mais sans grande originalité et manquant d’un signe vraiment distinctif (style chanteur à la UDO ou KING DIAMOND), le groupe finit par jeter l’éponge. Mais en laissant des souvenirs à pas mal de jeunes chevelus amoureux de musique qui défoule, parmi ceux-ci les futurs HAMMERFALL qui reprendront leur souvenirs de jeunesse. Et les cinq lascars de se réunir en 2008 poussé par une seconde jeunesse, de sortir un album Live puis une nouvelle galette. Aujourd’hui, ils remettent le couvert pour un album tout frais intitulé WARHORSE.
Soyons honnête, PICTURE a toujours été un groupe correct. Jamais l’énergie ne leur a fait défaut et au fil des plages, on sent bien que les cinq musiciens possèdent le feu sacré qui ne s’éteint pas malgré les années. Les futs en prennent plein la peau, les guitares sentent leurs cordes vibrer et le chanteur de se démener comme un petit diable. Du carré, net, propre et sans bavure.
Rayon titres, l’originalité est aux abonnés absents et le quintette de nous embarquer dans un trip Heroïc Fantasy, la pochette donne le ton quand même. Après un Battle Plan qui ouvre les hostilités, c’est le jet d’ombre de Shadow Of The Damned qui prend le relais. Malgré le Rejected, le CD reste dans le lecteur pour nous conduire aux confins de l’enfer avec Edge Of Hell. Néanmoins, sur quatre plages, pas une seule à jeter aux orties. La recette s’avère un brin systématique, mais l’ensemble tient la route. Le groupe se plonge alors dans un mid tempo agressif The King Is Loosing His Crown. La dose d’énergie déployée, si elle ne renverse pas des montagnes, parvient à maintenir la pression (comme une bonne bière quoi) et on se laisse séduire. En général, les solos s’avèrent assez sympathiques malgré leur faiblesse au niveau originalité et phrasés.
Le jeu se calme avec la ballade Think I Lost My Way. Bien sympathique mais la mise en évidence de la voix permet au titre de tenir la route. Et sa place après un mid-tempo s’avère judicieuse, évitant ainsi une brusque baisse de tension. Ce qui permet à l’album de repartir de plus belle sur un Killer In My Sight qui s’ouvre tel un déluge de notes dignes des virtuoses de la six-cordes. Le groupe replonge avec bonheur dans l’énergie. Et les interventions des guitaristes nous dévoilent une nouvelle facette de leurs talents. Une des plages les plus réussies. S’ensuit le très carré My Kinda Woman où le groupe sort du trip tolkien pour plonger dans le « sex & rock’n’roll ». Plus nerveux, The Price I Pay éructe une voix vengeresse, soutenue par un riff bien lourd, des chœurs plus modérés et des interventions subtiles des guitares qui ont un léger air de DEF LEPPARD.
La bande appuie alors sur l’accélérateur pour un War Horse totalement frénétique, ce qui justifie son choix en tant que plage titulaire, l’énergie déborde de partout. Les instruments s’en donnent à cœur joie pour une plage somme toute terriblement efficace mais à la touche trop franchement classique. Le groupe embraie alors sur une autre atmosphère avec We’re Not Alone, qui élargit un peu l’univers musical du groupe, avant d’appuyer à nouveau sur le champignon pour un Stand My Ground nourri au speed. L’album se clôture sur un très conventionnel Eternal Dark MMXI toujours aussi efficace avec cavalcade guerrière martelée par la rythmique.
Donc série B un jour série B toujours pourrait être le maître mot du groupe. A aucun moment, les musiciens ne déméritent et on peut leur reconnaître qu’ils ont la foi qui soulèvent les montagnes tellement ils ont mis du cœur à l’ouvrage, en outre, ils ne s’avèrent guère radins, treize plages dont aucune à jeter. Mais un album de PICTURE, c’est un peu comme du fast food, vite consommé, vite oublié. Cet opus ne risque donc de n’intéresser que les fans tandis que les autres n’y prêteront guère d’attention. On ne pourra pas les blâmer.
Mr Spok