On ne peut que saluer l’honnêteté du groupe, tout d’abord les artistes ont une envie, plutôt que de la réfréner, ils la suivent et délaissent l’électricité, les gros sons mais pas l’énergie. Aussi, ils mettent directement les pendules à l’heure acoustique. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Et là réside toute la puissance de l’album.
Les premières mesures de I Know Them ne laissent planer aucun doute, les distorsions sont au vestiaire. Mais lorsque le chanteur Zoltan Farkas se met à hurler, on a presque l’impression que l’électricité ne s’avère point nécessaire. Il faut dire aussi que la batterie de Robert Jaksa n’a pas opté pour la légèreté, mais pour la puissance. Avec la puissance du chant, cette rythmique assassine permet à chaque plage de passer au second plan la dimension acoustique, le mid tempo malsain I’M In Hate en est une excellente illustration.
Alors évidemment, les interventions de guitares de Michael Rank, elles, n’échappent pas à leur mise en évidence par un son aseptisé. Mais au détour du Be Free, on sent que le groupe ne peut s’empêcher de se lâcher à fond la caisse. Les refrains déboulent avec d’autant plus de fureur qu’ils baignent dans un environnement de ballade commerciale bien gentille. Cette dichotomie s’avère extrêmement virulente, une véhémence dans le propos encore soulignée par les hurlements du chanteur. L’effet est garanti.
Nouvelle plongée dans un univers à priori sous calmants, Redemption comme les plages précédentes sert le tiède et le très chaud, même si les interventions de la six-cordes restent bien sages et dénuées de toute fioriture metallique. Lancinant, le titre donne l’impression d’avoir été composé pour sonner de cette façon. Un grosse claque. S’ensuit un petit voyage au pays de l’Oncle Sam avec une reprise de LYNYRD SKYNYRD, le Simple Man propose alors une autre facette de la voix du chanteur et un changement finalement pas aussi radical qu’on pourrait le penser. Le bottleneck fait de ci de là quelques interventions aussi efficaces que discrètes.
Le pli étant pris, le chant se pose de la même façon sur la plage suivante To Smoulder assurant la continuité avec une guitare aux sonorités un rien orientales par moments. Ce qui suit semble dans la même veine, mais c’est pour mieux nous prendre en traître avec des sons et rythmique rock’n’roll puisqu’ il s’agit d’une reprise du Folsom Prison Blues de Johnny Cash. Une pincée d’humour n’a jamais fait de mal à personne.
Le quatuor nous ressert le couvert avec un Again de circonstance qui forme un duo particulièrement gentil avec le Through Your Eyes, un titre qui s’inscrit dans la veine des ballades commerciales. Une pincée d’électricité pour un solo sympathique et on repart pour un final tout en douceur. Un Fate qui reprend la même formule avant qu EKTOMORF nous balance un Stigmatized transfiguré mais toujours énergique avec un duo basse (Zsabolcs Murvai) batterie au mieux de sa forme. Et comme on ne change pas une formule qui cagne, le groupe conserve l’uppercut qui va nous achever pour la fin. Radical, son Who Can I Trust remplit son office et cloture l’album en toute beauté.
Toujours accompagnés par leur ingénieur du son Tue Madsen, le groupe s’est donc fait plaisir. Sans aucun doute, cet album pourra dérouter les fans, voir en décevoir certains mais il ne pourra pas les laisser indifférents avant une autre galette qui reprendra certainement le chemin torturés d’un Metal bien électrique. Peu emballés à l’idée d’une galette trop sage, comme si on avait peur de pouvoir appeler le groupe Ektomorphine, finalement au bout du compte, on est conquis.
Mr Spok