Dario Mollo et Tony Martin se sont réunis le jour où le guitariste italien a eu besoin d’un chanteur pour donner corps à ses compositions. Cette union a vu le jour à la fin des années 90’s. Le chanteur a rédigé les paroles et a établi les lignes de chants sur les compositions de son acolyte. Le premier album du duo est sorti en 1999, rapidement suivi par une deuxième collaboration en 2002.
Mollo a depuis lors été royalement occupé avec VOODOO HILL un projet aux côtés de Glenn Hughes. Il a tourné avec Graham Bonnet et Don Airey. Puis sans Don Airey devenu membre permanent de DEEP PURPLE. En 2008 le guitariste a participé au groupe NOIZE MACHINE avant de se remettre au travail avec Tony Martin pour cette nouvelle galette.
L’introduction de Wicked World fait un peu peur, mais le riff qui suit dissipe nos doutes et appréhensions. Un court passage de basse solitaire, puis le chant se pose de façon incisive sur un riff lancinant. Les chœurs se déchaînent lors du refrain tandis que Martin laisse sa voix s’envoler. Puis c’est au tour du gratteur de se démener comme un diable hors de sa boîte pour un solo de toute beauté. Le refrain nous accompagne pour un final explosif avec un soupçon d’électronique.
L’électronique alterne avec les riffs dans un Cirque du Freak où on retrouve les intonations de Martin telles qu’il les utilisait dans BLACK SABBATH. Force est de reconnaître que ce déferlement de sons électronique nous refroidit quand même et ne sied guère au reste. Un morceau en demi-teinte qui gagnerait à se voir amputer d’une bonne part des délires électroniques totalement incongrus et franchement déplaisants. Car le solo qui suit, lui, dissipe nos doutes. Le duo enchaîne alors avec un mid-tempo gentil mais un peu mou du genou, Oh My Soul n’arrive pas vraiment à convaincre totalement, le titre met un peu de temps à faire ressortir son énergie, mais ne sort le grand jeu que lors du solo de guitare très sympathique.
Le One Of The Few qui prend la relève s’inscrit dans une veine plus commerciale mais pas trop cotonneuse. Dans le genre, sympathique mais guère convainquant car dénué de la moindre parcelle d’originalité mis à part le solo bien enlevé (mais royalement trop court). Seule la fin parvient à nous réveiller un peu. On passe. Le Still In Love With You, le mid-tempo qui suit, relève singulièrement le niveau. Voix puissant, batterie vrombissant, guitare acérée, solo magistral. La totale en quelque sorte. Le duo montrant qu’il peut passer du pire au meilleur d’un titre à l’autre.
Une guitare au son de rasoir nous envahit les tympans. Le brave Tony Martin a l’occasion de se laisser aller, sur des riffs bien lourd à tendance rock bluesy. On ne peut s’empêcher de penser à BADLANDS (groupe dans lequel officiait la regretté chanteur RAY GILLEN¸ le gratteur JACK E. LEE, ex-OZZY). S’il n’y a qu’un titre à retenir de cet album c’est bien ce Can’t Stay Here endiablé et magistral. Le groupe persiste dans la même veine avec Wardance qui reprend presque la même recette mais sur un tempo différent, plus lourd et plus nerveux. Une leçon magistrale agrémentée d’un solo époustouflant. Une longue plage magnifique.
Battant le fer tant qu’il est chaud, les musicos nous embarquent dans un très ‘def leppardien’ Don’t Know What It Is About You. Plein de chœurs et d’interventions sympathiques des guitares, mais franchement commercial aussi. Sympathique comme son modèle et donc royalement sympathique. Sans plus. Les chœurs trop aseptisés peuvent déplaire aux brutes qui n’apprécient pas trop la guimauve. Néanmoins, le solo, lui, vaut largement une oreille attentive. Le surplus d’énergie contenue se déverse sans crier gare dans un Blind Fury au juste patronyme. Carré et efficace, on remarque cependant que Martin ne se déchaîne pas autant qu’il le pourrait, sa voix étant moins marquée, on aurait préféré qu’il prenne un ton plus proche de ce qu’il faisait quand il officiait chez dans la bande à IOMMI.. Heureusement que la guitariste, lui, ne souffre d’aucune timidité, le solo lui permet de s’exprimer dans tous les sens, et c’est du bonheur.
On termine en ballade avec Violet Moon. Rien de neuf sous les guitares, pour les amateurs uniquement au début. Puis après trois minutes, le groupe se déchaîne et laisser parler la poudre. La guitare part en roue libre dans un solo tempéré mais judicieux dans ce type de plage, accompagnée par une rythmique bien puissante et carrée. Un titre au final bien plus sympathique que ses premières mesures ne le laissaient présager.
Sans vouloir faire de lamentable jeu de mots, on peut trouver son bonheur dans ce troisième album du duo Mollo Martin, mais il faut y aller … parcimonieusement et prendre les quelques plages qui se démarquent du lot. Le guitariste et la chanteur ont du talent, c’est certain, mais il manque un petit quelque chose qui permettrait vraiment à leur album de sortir du lot.
Mr Spok