Zachary Stevens a officié en tant que chanteur de SAVATAGE de 1992 à 2000. Puis il a décidé de voler de ses propres ailes, en conservant d’excellents contacts avec ses anciens acolytes qui l’ont soutenu dans son projet au point de composer pour CIRCLE II CIRCLE, et c’est ainsi qu’on retrouve les signatures du chanteur Jon Oliva et du guitariste Christopher Caffery sur le premier album WATCHING IN SILENCE. Une décennie c’est souvent le moment de faire le bilan d’une aventure, le brave chanteur ne déroge pas à la règle et nous offre 32 titres remastérisés parmi lesquels outre les classiques, des titres bonus extraits des pressages Japonais et des inédits.
La fonction d’un best of est de servir de raccourci pour ceux qui ne connaissent pas le groupe sous toutes ses coutures. Les fans de SAVATAGE reconnaîtront directement ce timbre de voix, puissante et chaleureuse et les compositions qui portent la griffe de Jon Oliva. Pour les autres, cette galette royale représente une excellente opportunité de découvrir cet univers de Metal débordant d’énergie, très symphonique mais pas trop et jamais gonflant (comme le prog peut l’être). D’un titre à l’autre All That Remains ou Who Am I To Be, la voix se module sur différents modes. Et le mode peut même devenir plus rapide et plus agressif comme c’est le cas sur Consequence Of Power.
Aussi à l’aise dans le mid-tempo énergique qui se déchaîne finalement, tel Watching In Sillence, qu’en équilibre parfaitement stable dans le registre du rapide qui s’offre quelques respirations Dead Of Dawn. Passant allègrement d’un registre électrifié ou à une version acoustique, avec les deux versions de Into The Wind, le groupe montre qu’il est à l’aise dans toutes les situations, l’introduction par le sitar du titre étant déjà une invitation au voyage.
Ne dédaignant pas les envolées de riffs agressifs Out Of Nowhere, Revelations, le chanteur veille à s’entoure de musiciens redoutables dans l’exécutions de leur tâche et de leur soli. Le recours au piano fait également partie de la panoplie des compositions comme le prouve le mid-tempo énergique et électrique Blood Of An Angel. Pour Heal You, le piano est les guitares se complètent lors de l’introduction. Pour la suite, ce sont à nouveaux les six-cordes qui se paient la part du lion, tout comme sur Open Season.
Variant les plaisir, du mélancolique Echoes au brûlot qui alterne les accalmies et les explosions tels Out Of Reach et Redemption , sans négliger les ballades qui terminent en apothéose Forgiven, ou les chœurs en canon d’ Every Last Thing. Outre le chant, les guitares sont également royales et forment avec le chanteur un duo époustouflant de maîtrise. Il va de soi que les morceaux se structurent pour laisser le chant à l’avant plant lorsque le maître de cérémonie prend la parole, mais cela ne veut pas dire que les autres artistes sont considérés comme quantité négligeable. Que du contraire, chacun peut s’exprimer.
La grande force de ce best-of est de relancer l’intérêt à chaque plage. L’agencement est tel que les titres, se démarquent les uns des autres, même s’ils bénéficient souvent des mêmes alternances passage feutré et déchaînement comme Sentenced ou la simili ballade The Middle Of Nowhere. Le piano vient contrebalancer la virulence du riff pour Take Back Yesterday, gimmick classique mais bien efficace. Les titres s’avèrent souvent à tiroirs avec plus d’un tour derrière leur porte, sauf quand le groupe décide de démarrer sur les chapeaux de roues et de conserver le pied à fond sur le champignon Soul Breaker. Le Darkness Rising est du même tonneau, mais le chanteur trafique sa voix sur le premier couplet.
Grosse surprise avec le Jazzy Shadows où le groupe surprend où on ne l’attendait pas, mais pas de panique, le titre regorge de riffs et de martèlement énergiques sur les fûts. Les guitares redeviennent Metal et royales pour Symptoms Of Fate, Stay et Sturng Out. Un brin de « Live » pour faire bonne mesure avec Watching In Silence et Evermore, une ballade acoustique Burden Of Truth (acousticaly Enhanced). Une nouvelle mise en exergue des chœurs avec Against The World. Le groupe parcours dont l’intégralité de son spectre musical avec une classe non négligeable.
Le seul reproche qu’on pourrait lui admonester, c’est l’abondance des titres, d’une traite, ça fait un rien lourd, surtout qu’on ne parvient pas vraiment à distinguer les évolutions qui seraient survenues d’un album à l’autre. Sans compter que le recours assez systématique aux ralentissements-accélérations, s’avère à la longue un rien pesant, pour autant qu’on s’enfile des deux CD en boucle l’un derrière l’autre. Mais quelle voix, quelle présence des guitares. Rien que du bonheur et pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, une excellente opportunité pour le découvrir.
Une fabuleuse compilation donc, mais au bout du compte, on souhaite surtout la reformation de SAVATAGE avec Zach au chant, Jon au chant et clavier, les deux gratteurs Chris Caffery et Al Pitrelli, le bassiste Johnny Lee Middleton et Jeff Plate à la batterie. Mais ceci est une autre histoire.
Mr Spok