“Il faut battre le fer tant qu’il est chaud” semble être la devise des Danois de IRON FIRE. Avec la régularité d’un forgeron qui frappe sur l’enclume, les quatre musiciens ne peuvent s’empêcher d’écrire et d’enregistrer comme si leur vie en dépendait. Et deux ans après le très bon METALMORPHOSIZED, ils remettent le couvert et nous convient à un autre voyage.
Petit détour par le rayon introduction inutile avec The Dark Beyond. Pourquoi cette inutilité ?? Alors que la plage qui suit s’appelle justement Enter Oblivion OJ-666 ? La première chose qui frappe par rapport à l’album précédent, c’est une présence plus marquée des claviers. Les voix gutturales sont en retrait, uniquement pour des interventions épisodiques. Le chant varie moins, le solo démarre lentement et termine sur un sprint très court. Un titre qui ne convainc guère. Le Taken qui succède met malheureusement trop de temps à démarrer, la voix semble par moment passée au travers d’un vocodeur. Le titre part un peu dans tous les sens, le groupe optant pour un virage en direction de l’Indus, les claviers étant prépondérants. Pas très emballant tout ça.
Avec Slaughter Of Souls, les Danois nous replongent dans le courant auquel ils nous avaient habitués. Si les riffs s’affichent nerveux, la rythmique carrée semble avoir définitivement abandonné les doubles pédales sur la grosse caisse. On verse un peu dans le gothique par la mélodie du clavier, on joue sur la dichotomie entre voix claire et voix death. Le solo dissipe nos doutes, le morceau, bien que s’éloignant radicalement de ce qu’on avait écouté sur les albums précédent, tient finalement la route même s’il a tendance à naviguer entre différents registres.
Le même constat se pose sur Leviathan, le groupe a changé d’optique, délaissant le Power Metal pur pour inclure dans sa musique des éléments gothiques, death et indus. En règle générale, la vitesse d’exécution se veut plus modérée. Et toujours un impeccable solo trop court cependant. De façon générale les titres s’avèrent plus longs que sur l’album précédent, mais moins directs également. Le Final Odyssey qui suit n’a plus grand chose à voir avec le Power Metal que le groupe nous offrait dans le passé. On passe.
Réveil efficace avec Ten Years In Space. Les Danois retrouvent enfin leurs marques. La nappe de claviers baigne tout le morceau, mais les autres instruments ont la priorité. Cet agréable interlude ne dure malheureusement pas, les côtés gothiques et technos reprennent la main sur un Voyage Of The Damned particulièrement gonflant. On passe à nouveau. La suite laisse toujours les claviers à l’avant plan, With Different Eyes prend son temps pour rentrer dans le vif du sujet mais ne convainc pas vraiment, on a l’impression que le groupe a beaucoup écouté EPICA, mais au moins le chanteur lui n’a pas tenté de changer de sexe et de voix. Pour une fois, le solo semble particulièrement inspiré et un court instant, le titre atteint les sommets. Mais cela ne dure guère.
Une excellente illustration du malaise général que suscite cet album se retrouve dans Dreams Of The Dead Moon, il y a des moments où on attend que le titre explose, et il n’en est rien. Et quand enfin, l’énergie déborde, à nouveau lors d’un fabuleux solo, c’est un peu trop tard et par la suite, le titre connaît d’autres malheureuses baisses de régime. Le même commentaire s’applique à Verge To Collide.
Le démarrage de Realm Of Madness se fait en trombe et cette plage ci tient la route, sans débouler à toute vitesse, le rythme soutenu maintient l’intérêt et le break avant le solo ne gêne pas le moindre du monde. Le solo se veut tempérer, les notes ressortent clairement dans la première partie pour accélérer pour un dernier baroud d’honneur avant un refrain qui se répète jusqu’à la fin. Le Warmaster Of Chaos qui suit casse quelque peu l’ambiance, réitérant les défauts déjà évoqués sur les autres plages.
Grosse surprise donc que cet album radicalement différent de ce à quoi le groupe nous avait habitué. Une surprise donc, mais pas vraiment une bonne. Le problème ne réside pas tant dans la volonté des musiciens de se remettre en cause et d’explorer de nouveaux horizons que dans une lassitude profonde dans laquelle nous plonge cet album. Mis à part des soli assez fabuleux par moments, on s’ennuie ferme et les titres se succèdent comme autant de coups dans l’eau. Le feu semble s’être éteint, comme si le groupe en tournant le dos au Power Metal avait perdu son âme. Prendre une autre direction, soit, mais un changement de nom aurait peut-être été judicieux face à un tel virage. Une grosse déception donc pour les amateurs de l’ancienne version du groupe. Ce disque pourrait néanmoins plaire à un autre public.
Mr Spok